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COP21 : ce qu'il faut savoir sur le brouillon de l'accord de Paris

Une première ébauche du texte de l'accord climat a été remis, samedi, à Laurent Fabius. Elle servira de base aux ministres, qui négocieront dès lundi. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des visiteurs passent devant l'entrée du centre de conférences accueillant la COP21, le 3 décembre 2015, au Bourget.  (LOIC VENANCE / AFP)

C'est une étape-clé qu'ont franchie les négociateurs, réunis au Bourget. Ils ont remis, samedi 5 décembre, une ébauche de l'accord mondial censé limiter le réchauffement climatique. Le texte a été transmis à la présidence française de la COP21, après son adoption par les représentants de 195 pays. 

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Un texte plus court et mieux structuré

Le projet d'accord climat s'étale sur 21 pages, "une longueur raisonnable" pour Carole Mathieu, chercheuse au centre énergie de l'Institut française des relations internationales (Ifri). "On avait peur d'aboutir à un texte indigeste au bout de la première semaine", explique-t-elle à francetv info.

Au final, le texte a été beaucoup raccourci puisqu'à l'ouverture des négociations, il faisait encore 55 pages. Ce brouillon est accompagné de deux sections, dont une note sur les options possibles vouée à disparaître la semaine prochaine. 

Principale avancée : le texte a désormais "une structure quasi-figée". "Les éléments se mettent en place" et "c'est un pas énorme", souligne Carole Mathieu. Ainsi, le brouillon "reconnaît certains sujets qui étaient, jusque là, considérés comme nuisibles par certains pays" et apparaissaient avec la mention "no text". Ainsi, l'accord devrait finalement parler de la question des "pertes et dommages" liés au changement climatique. Certains Etats se sont assouplis. 

Un texte qui ne tranche pas les questions-clés

S'il est raccourci, le texte des négociateurs contient tout de même 939 crochets, c'est-à-dire autant de phrases ou expressions sur lesquelles les négociateurs ne sont pas parvenus à tomber d'accord. 

Sur le fond, il reste donc encore beaucoup de choix, comme le montre ce tweet éloquent.

Aucune décision n'est actée sur des questions-clés, comme l'objectif à long terme de limitation du réchauffement (1,5°C ou 2°C), le mécanisme de révision des contributions ou le financement. 

Ce dernier point, crucial, reste "un des points les plus controversés" de ces négociations car "il ranime la fracture Nord-Sud". "D'ailleurs, c'est la partie la moins lisible du brouillon. Elle s'étale sur plus de 2 pages", relève Carole Mathieu. "On voit qu'il n'y a pas de compréhension commune et qu'il reste beaucoup de chemin à faire", analyse la chercheuse. 

Un texte qui demandera du travail aux ministres

L'ébauche de l'accord sera transmise aux ministres des 195 pays, qui vont reprendre la main, lundi, dans les tractations. Et ils auront du pain sur la planche. C'est eux qui devront ainsi opérer les choix s'ils veulent aboutir à l'adoption d'un pacte universel. Bref, "écrire la suite", comme le résume Laurence Tubiana, la négociatrice en chef de la France. 

"Pendant la première semaine, tout le monde à intérêt à attendre, en espérant que ce soit quelqu'un d'autre qui fasse le compromis", explique Carole Mathieu. Un petit jeu de poker menteur traditionnel dans les négociations climatiques. Pour la semaine prochaine, le Réseau Action Climat appelle les pays "à abattre leurs cartes maintenant". Car tout est encore possible, le pire comme le meilleur, selon les ONG. 

Pour Carole Mathieu, l'ambiance de cette conférence peut jouer. "Aucune partie n'a envie d'être tenue pour responsable de l'échec. On sent une disposition à faire avancer le collectif et ça a une grande valeur", insiste-t-elle. Une longue semaine de discussions et d'alliances politiques commence donc lundi. 

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