Inondations meurtrières : les élus et Météo France pointés du doigt
Les fortes pluies qui ont touché le sud-est de la France ont fait 17 personnes dans la nuit de samedi à dimanche.
Les inondations dans les Alpes-Maritimes ont fait au moins 17 morts et quatre disparus, dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 octobre. Dans la région, 10 000 foyers sont toujours privés d'électricité et de nombreuses routes restent coupées, sans compter des dégâts considérables.
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Face à ce drame, certains élus comme Eric Ciotti (Les Républicains) pointent du doigt Météo France, reprochant à l'organisme d'avoir sous-évalué ce phénomène climatique. D'autres, comme Cécile Duflot (EELV), dénoncent l'urbanisation à outrance dans la région.
Météo France a-t-il failli dans ses prévisions ?
Le Var et les Alpes-Maritimes, les deux départements du sud-est de la France touchés par les intempéries, avaient été placés par Météo France en vigilance orange, dix heures avant les pluies diluviennes de samedi. Mais l'ampleur des précipitations n'avait pas été prévue. Au lieu de 40 à 60 mm de pluie par heure attendu, il est tombé, samedi 3 octobre, 108 mm à Nice, 128 mm à Antibes, 178 mm à Mandelieu-la-Napoule et 195 mm à Cannes, soit l'équivalent (l'équivalent de deux mois de précipitations).
Pour les météorologues, il n'était pas possible de prévoir l'intensité de ces précipitations, même si le Sud-Est subit des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes. Météo France n'a pu ainsi que constater ce record et les dégâts, comme le montre cette vidéo de France 3.
Intempéries dans le Sud-Est : la catastrophe aurait-elle pu être évitée ?
"Certains pays se sont dotés d'un système d'alerte des populations en temps réel, mais ce dispositif n'existe pas en France", relève toutefois Le Parisien.
Quelle est la part de responsabilité des maires ?
A l'image de l'écologiste Cécile Duflot, certains élus et associations ont pointé du doigt la responsabilité des élus de la région. "Le courrier des maires et des élus locaux" rappellent que les "maires jouent un rôle fondamental dans la prévention des inondations", notamment en ce qui concerne l'urbanisation des territoires.
"La densité humaine [dans le Sud-Est] atteint 300 - et parfois bien plus - au kilomètres carrés contre une moyenne de 100 pour le reste du territoire, rappelle le journaliste spécialiste de l'écologie Claude-Marie Vadrot dans Politis. La responsabilité des élus revêt plusieurs formes : le tracé de nouvelles routes, la construction de parking, la dispersion des zones d’habitats, la mise en place d’un urbanisme commercial délirant ou la canalisation des petits fleuves côtiers dont la force destructrice est ainsi décuplée en cas de pluies violentes ou d’orages exceptionnels. Ce qui renforce les dégâts dans les zones les plus basses."
Le Figaro note ainsi que les rives de la Siagne, une des rivières qui a débordé samedi, était autrefois bordée "d'oseraies, de prairies et de peupliers", qui savaient "éponger les excès" de ce "torrent alpin" se déversant vers la mer, où l'espace est fortement urbanisé.
"Ce qui aggrave les choses, depuis quelques années, c'est l'urbanisation qui ne laisse plus aucune terre non artificialisée, assure Christine Voiron-Canicio, professeure de géographie à l'Université de Nice au Figaro. Il ne peut donc plus y avoir d'infiltration naturelle. Rendez-vous compte : dans le plan local d'urbanisme d'Antibes, la notion de 'zone agricole' n'existe même plus". Des zones qui permettaient auparavant de retenir l'eau qui a dévalé en aval et débordé à Cannes ou Mandelieu.
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