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Quatre questions sur une possible pénurie d'électricité cette semaine

Avec la vague de froid annoncée, la consommation électrique doit atteindre un pic jeudi 19 janvier, selon les prévisions du gestionnaire du réseau de transport RTE.

Article rédigé par Anne Brigaudeau, Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Cette photo prise le 15 janvier 2017 montre le village corse de Vivario couvert de neige. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

Sortez les moufles et les écharpes ! Un froid glacial va faire frissonner la France métropolitaine dès mardi 17 janvier. Et cette vague de froid attendue pourrait pousser les Français à augmenter leur consommation de courant, au risque de compromettre l'approvisionnement national en électricité. Explication en forme de réponse à quatre interrogations :

Pourquoi un pic de consommation d'électricité ?

Les températures pourraient être de 6 à 9 degrés inférieures aux normales saisonnières, selon les prévisions relayées par le gestionnaire du réseau de transport électrique RTE.

Or, les Français ont massivement recours au chauffage électrique. En hiver, lors d'une vague de froid, le chauffage "peut représenter jusqu'à 40% de la consommation électrique en début de soirée", selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'Energie (Ademe).

Lors de périodes de grand froid, la consommation électrique des ménages français augmente considérablement, avec un pic entre 17 heures et 20 heures

Ademe 

RTE anticipe une pointe de consommation à 93,4 gigawatts (GW) mardi 17 janvier et de plus de 100 GW jeudi 19 et vendredi 20, pas très loin du record historique de février 2012 (102,1 GW). Les curieux pourront vérifier en direct la consommation effective ces jours-là sur le site Eco2mix de RTE, qui livre ces données en temps réel.

Prévision et consommation effective d'électricité pour la journée du 16 janvier 2016 sur le site Eco2mix, du gestionnaire de réseau électrique RTE. (ECO2MIX)

Pourquoi un risque de pénurie ?

La capacité de production pourrait s'avérer insuffisante. La France dispose pourtant en théorie d'un parc de production électrique de plus de 129 GW, mais plus de la moitié de cette production est assurée par ses 58 réacteurs nucléaires. Or "plusieurs réacteurs nucléaires sont actuellement à l'arrêt, la production d'électricité étant donc historiquement basse", explique Pauline Salaün, du service communication du RTE, à franceinfo. Des contrôles ont en effet été réclamés par l'Autorité de sûreté nucléaire sur au moins cinq réacteurs, représentant environ 5,5 GW, comme l'explique cette vidéo de France 2.

Deux autres réacteurs auraient dû être arrêtés pour effectuer ces mêmes contrôles mais, face au froid annoncé, l'ASN a autorisé le 12 janvier EDF à reporter de deux semaines l'arrêt de l'un des deux (Tricastin 2) et étudie la demande de report du deuxième (Civaux 1). A cela s'ajoutent des niveaux d'eau historiquement bas dans les barrages hydroélectriques et la production solaire et éolienne encore insuffisante pour prendre le relais.

Enfin, la France a fermé pour 1 200 MW de capacités de production thermique (charbon, fioul, gaz). Une situation que la CGT-Energie a dénoncé vendredi 13 janvier dans un communiqué, regrettant une "fermeture anticipée de moyens de production servant à passer les pointes".

Comment y faire face ?

Première réponse : l'importation d'électricité, dont les capacités maximales ont été augmentées de 30% (à 12,2 GW) en 2016. Chaque jour, d'ailleurs, pour obtenir de l'énergie au meilleur coût, la France importe et exporte de l'électricité avec ses voisins, comme le prouvent ces données quotidiennes fournies par  Eco2mix :

Les importations et exportations en électricité de la France, selon les données fournies par RTE pour la journée du 16 janvier 2017. (ECO2MIX)

Bémol en cette semaine hivernale: la quantité de courant que la France peut importer dépendra du courant produit ailleurs. Et notamment de l'Allemagne, également frappée par le froid.

Deuxième réponse : grands ou petits, les consommateurs seront mis à contribution. "Une première mesure exceptionnelle pourrait être mise en œuvre : l'appel au geste citoyen", explique Pauline Salaün. RTE pourrait en effet diffuser, dès mardi 17 janvier, des alertes auprès des Français pour les inciter à réduire leur consommation. "Il s'agirait de baisser la température des logements, utiliser les machines de lavage en heures creuses ou encore éteindre les appareils en veille", ajoute l'attachée presse du réseau. Le ministère de l'Intérieur a publié sur son compte Twitter les réflexes à adopter :

Autre mesure possible : l'interruption de 21 sites industriels fortement consommateurs d'électricité. "Ces industriels ont signé des contrats qui nous permettent de leur couper, en cas de besoin, l'électricité en cinq secondes et ce pendant une période de 15 minutes à deux heures", explique le RTE.

Y a-t-il un risque de coupure chez les particuliers ?

Pour l'instant, ce n'est pas le cas. Si les différentes mesures ne suffisent pas, RTE pourra réduire la tension sur le réseau sans interrompre l'alimentation en électricité. Le réseau pourrait opter pour une baisse de la tension électrique de 5% sur tout le territoire. Pas de panique, "cela ne se traduirait que par des ampoules moins lumineuses ou des plaques de cuisson plus lentes", assure Pauline Salaün.

En dernier recours, des coupures momentanées ne sont pas écartées. Il s'agirait de coupures programmées et annoncées à l'avance, d'une durée maximum de 2 heures pour les foyers concernés. Des zones pourraient ainsi être privées d'électricité à tour de rôle pendant une courte période. "Cette solution n'est pas du tout envisagée pour le moment", explique néanmoins Pauline Salaün. 

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