Mexique : groupes d'autodéfense contre les cartels de la drogue

A l'étranger encore, direction le Mexique. C'est un pays dont on parle peu mais qui dérive dans certaines régions vers un état de quasi guerre civile. La population est excédée par les trafiquants de drogue, qui imposent leur loi. L'Etat est impuissant. Les villages ont donc constitué des groupes d'autodéfense qui font la chasse aux cartels. Souvent, avec une certaine réussite.

Le sous-commandant José est de retour de mission. Sur les routes périlleuses éviter les embuscades des narcotrafiquants et donc passer dans des villages contrôlés par des groupes d'autodéfense. Preuve que l'ennemi n'est jamais loin, sa radio se met a crépiter. Echanges de tirs entre le groupe d'autodéfense et le cartel de la drogue.

On ne va pas pouvoir y aller. C'est à 2 heures d'ici.

La guerre contre les cartels les attendra. José et ses compagnons d'armes doivent rentrer chez eux, à Tepalcatepec. C'est la 1re ville à s'être soulevée. Les habitants ont pris les armes pour chasser les narcotrafiquants. Ils ont même prié le maire de la commune d'aller voir ailleurs, accusé de complicité. Racket généralisé, crimes en tout genre, pendant 10 ans, les gens ont vécu l'enfer. Cette famille en sait quelque chose. Le fils a été kidnappé il y a 2 ans sans que rien ne se passe.

Quand on est allés voir la police pour lui dire que notre fils avait été enlevé, ils ne faisaient rien. C'est très grave. On ne pouvait pas compter sur eux. La seule chose qu'ils disaient, c'était: "Payez la rançon".

Finalement, le pere d'Oscar Jr a cédé une camionnette pour faire libérer son fils. Mais sa mère a eu la peur de sa vie. Elle ne veut plus entendre parler des cartels et de leur impunité.

Ces gens-là venaient et vous torturaient. Ils kidnappaient puis jetaient On retrouvait des corps sans tête, des mains sans doigts. Ce n'était pas juste.

Le cartel du Michoacan, le voilà, sur cette vidéo. On voit l'un de ses leaders au milieu de ces hommes de main, qui se sont baptisés "chevaliers du temps". Leurs visages sont connus et leurs têtes sont mises à prix depuis longtemps. Pourtant, ils n'ont jamais cessé de faire régner la terreur dans la population, depuis le début des années 2000. Lassés d'attendre une réaction des autorités, les citoyens ont donc pris les armes pour se battre. Sur ces images, on les voit en plein affrontement contre les narcotrafiquants. Une guerre mexicaine d'un genre nouveau. Et ça marche. En quelques mois, les groupes d'autodéfense ont déjà récupéré des narcotrafiquants. Antunez était l'une des dernières communes du Michoacan à s'être libérée. On y respire un peu mieux, aujourd'hui. Les groupes d'autodéfense ont convoqué la presse locale pour marquer le coup. L'une des figures du mouvement se charge de répondre aux journalistes.

Papa Pitufo: Je salue mes compagnons qui protègent le peuple.

Il n'en a pas forcément l'allure, mais Papa Pitufo est chef de guerre. Il nous présente aujourd'hui le butin retrouvé au domicile de l'un des leaders du cartel, au goût prononcé pour les déguisements médiévaux.

Papa Pitufo: A côté de cette épée, on a trouvé un arsenal: 50 fusils d'assaut. d'autodéfense. Elles s'ajoutent aux vieux fusils apportés par la population locale en guise de soutien, mais qui ont bien besoin d'une petite remise à neuf. Une bonne partie des combattants refusent ici de montrer leur visage. Ils savent que les narcotrafiquants ne sont pas loin. Ils se terrent, invisibles.

Nous avons peur pour nous et nos familles. On reçoit des menaces. Ils sont encore là et font régner la terreur. ont conscience de s'être lancés dans une guerre de longue haleine contre le cartel de la drogue. La décision récente du gouvernement d'envoyer l'armée pour s'interposer n'entame en rien leur détermination.

Le déploiement massif de militaires a certes contribué à étouffer provisoirement le bruit des armes mais n'a en rien résolu le problème de fond. Le gouvernement demande aux milices d'autodéfense de rendre les armes, mais ces derniers refusent obstinément, tant que le cartel ne sera pas réduit à néant.

D.Pujadas: Il est 20h26.