Attentat au Kenya : sur Twitter, #JesuisKenyan et #147notjustanumber, des hommages aux victimes
Après le massacre de 147 personnes dans une université du pays, dont 142 étudiants, en majorité chrétiens, l'indignation et la compassion s'expriment autour de ces deux hashtags.
Ils étaient jeunes, presque tous étudiants, très majoritairement chrétiens. Un commando islamiste shebab a massacrés au moins 148 personnes, jeudi 2 avril, le jeudi de Pâques, dans une université de l'est du Kenya. Quatre hommes armés se sont introduits à l'aube sur le campus de Garissa, semant la terreur et abattant tous les non-musulmans qu'ils croisaient sur leur route.
Le pape, à l'occasion du dimanche de Pâques, s'en est pris avec virulence, comme le souligne France 24, à la "furie jihadiste", à la "brutalité insensée" du massacre au Kenya, mais aussi au "silence complice" de la communauté internationale.
De nombreux internautes dénoncent, dans la même veine, le relais insuffisant dans les médias, et rendent hommage aux victimes sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter autour de deux hashtags #jesuisKenyan et #147notjustanumber (147 n'est pas qu'un nombre, façon de rappeler que les 147 victimes, en fait 148 et peut-être plus, l'attaque ayant fait de nombreux blessés, avaient un nom, un visage, une histoire).
"On n'est pas tous Kenyan", déplore Alain Mabanckou
Beaucoup d'internautes se livrent à une comparaison cruelle entre l'émotion soulevée par les attentats parisiens de janvier, qui ont fait 17 morts, et un relatif silence médiatique autour du massacre de Garissa et ses victimes. Combien de fois, sur Twitter, le hashtag #JeSuisCharlie a-t-il été utilisé. Et #JeSuisKenyan ? Réponse de la journaliste Laura Wojcik.
Deuil virtuel à la carte: #JeSuisCharlie —>+ de 5 millions de fois en 3 jours #JeSuisKenyan —>10 000 fois en 1 jour via @Karim_El_Hadj
— Laura Wojcik (@LauraWoj1) 5 Avril 2015
A la froideur algébrique, l'écrivain franco-congolais Alain Mabanckou préfère le cri d'indignation.
We all were #JeSuisCharlie. Why not now #JeSuisKenyan ? On était Charlie. On n'est pas tous Kényan. #StandUpForKenya pic.twitter.com/6lQwx0Ipqz
— Alain Mabanckou (@amabanckou) 5 Avril 2015
"Tu casses une statue, toute la planète réagit"
Le caricaturiste algérien Ali Dilem raille en deux coups de crayon l'intérêt occidental porté aux statues détruites par l'Etat islamique en Irak, disproportionné, selon lui, par rapport à celui suscité par la destruction de vies humaines en Afrique.
Carnage dans une université au Kenya pic.twitter.com/YkrLD0LkdV
— Ali Dilem (@DilemAli) 4 Avril 2015
Guère de chances également, constate la journaliste Clara-Doïna Schmelck, que des chefs d'Etat affluent, comme cela avait été le cas lors de la marche du 11 janvier à Paris ou le dimanche 29 mars à Tunis, après la tuerie au musée du Bardo (qui a fait 22 morts) :
Apres l'attaque, solidaires du Kenya, des personnalités du monde entier se sont rassemblées à #Garissa. Euh, ben non en fait. #JeSuisKenyan
— Clara-Doïna Schmelck (@ClaraSchmelck) 4 Avril 2015
"Nous les nommerons un par un"
D'autres préfèrent insister sur la dimension humaine. Cent-quarante-sept ? Autant de vies brisées et de familles endeuillées. Le hashtag #147notjustanumber a été lancé par la juriste Ory Okolloh, considérée par Time comme une des "cent personnes les plus influentes au monde".
Directrice des investissements de la Fondation Omidyar (du nom du fondateur d'eBay) basée à Johannesbourg (Afrique du Sud), cette Kenyane diplômée de Harvard aide entrepreneurs et citoyens, en Afrique, à fonder et développer leur entreprise. "Le silence, écrit-elle sur le réseau social en anglais, ne doit plus être notre langue nationale. Nous les nommerons un par un."
Silence will no longer be our national language. We will name them one by one. #147notjustanumber
— Ory Okolloh Mwangi (@kenyanpundit) 5 Avril 201
D'autres lui ont fait écho.
Une flopée de vies détruite allant des étudiants à leurs parents ss oublier leurs camarades,amies #147notjustanumber pic.twitter.com/Hu7heHyYCL
— Ursulia Domingo (@suliaDom) 6 Avril 2015
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.