La Côte d'Ivoire réclame à la France la restitution de 148 œuvres d'art
La Côte d'Ivoire demande à la France la restitution de 148 d'œuvres d'art africain, a annoncé, le 19 décembre 2018, le ministre de la Culture ivoirien, Maurice Bandaman, lors d'une conférence de presse.
"Nous avons adressé une liste de 148 objets. En 2019, tout ou une partie sera restitué", a affirmé le ministre, brandissant une liste mais sans vouloir en donner le contenu exact. Une liste qu'il a présentée un peu plus tard comme "confidentielle".
Seule révélation du ministre : le Djidji Ayokwe, célèbre tambour parleur Ebrié actuellement au musée du Quai Branly à Paris, fait partie des objets demandés. L'objet avait été "arraché, confisqué, capturé" par les colonisateurs français car sa "voix" permettait "la mobilisation du peuple Akan" contre les troupes coloniales, a rappelé Maurice Bandaman. Les réunions avec la partie française ont donné lieu à des "relations non-conflictuelles", a-t-il précisé en présence d'un représentant du service de l'action culturelle française.
Le ministre a rappelé que des dizaines de milliers d'œuvres ivoiriennes se trouvaient dans des musées à l'étranger. Il y en a ainsi plus de 4 000 au musée du Quai Branly à Paris ou au Metropolitan Museum of Art à New York, plus de 3 000 au musée Rietberg (Suisse) ou de Cleveland (Etats-Unis), a-t-il indiqué.
"Au moins 50 musées dans le monde détiennent des œuvres ivoiriennes et cette liste ne comprend pas les collections privées", a-t-il ajouté. Maurice Bandaman a cependant écarté un retour massif des pièces dans un avenir proche. "Si on avait 1 000 ou 2 000 pièces, on ne saurait où les mettre. Il faut être réaliste", a-t-il dit.
"Ecosystème pour accueillir les œuvres"
"Il faut créer un écosystème pour accueillir ces œuvres", a-t-il précisé. Il a indiqué que la Côte d'Ivoire construisait un "musée d'envergure internationale" qui verra le jour en 2022-2023, à Treichville (commune d'Abidjan), alors que 12 centres culturels comprenant des musées seront édifiés à travers le pays. En outre, un musée privé africain est en construction à Abobo (quartier d'Abidjan).
Le musée des Civilisations d'Abidjan avait été pillé lors de la grave crise post-électorale de 2011.
Le ministre souhaite toutefois que les pièces qui restent pour le moment en dehors du pays soient "valorisées", produisent des droits et "circulent".
Lors d'un discours à l'université de Ouagadougou le 28 novembre 2017, le président français Emmanuel Macron avait souhaité que "d'ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique". En novembre 2018, il a annoncé le retour au Bénin de 26 chefs d'œuvre pillés pendant la période coloniale, dont les statues royales d'Abomey, actuellement propriété du musée du Quai Branly à Paris.
Après la remise d'un rapport sur "la restitution du patrimoine africain", rédigé par les universitaires Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, Paris souhaite engager une réflexion avec les autres pays européens concernés. Principalement le Royaume-Uni, l'Allemagne et la Belgique.
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