: Vidéo 13h15. Tibhirine : "On l'a fait... On les a eus... On les a tués..."
Qui a enlevé et tué les sept moines du monastère de Tibhirine, en Algérie, au printemps 1996 ? Est-ce le Groupe islamique armé (GIA), qui a revendiqué le kidnapping et l'assassinat ? Les services secrets algériens sont-ils impliqués ? Extrait de "13h15 le dimanche" du 17 avril.
Un ancien membre des services secrets algériens (DRS), vivant aujourd'hui sous la protection de la police anglaise, affirme avoir été en contact direct avec les organisateurs de l'enlèvement des sept moines de Tibhirine en Algérie au printemps 1996. "La décision finale d'enlever les moines a été prise vers le 16… 17 mars, affirme Karim Moulai, et l'ordre est venu directement de la direction du DRS."
Le soir du kidnapping des moines, des militaires infiltrés de ce service seraient partis discrètement de la caserne de Blida, proche de Tibhirine, pour rejoindre les islamistes du GIA, dirigé par Djamel Zitouni, qui a revendiqué plus tard le rapt et l'exécution des frères. "Les vrais islamistes du groupe ne savaient pas qu'ils étaient infiltrés et que leur chef Djamel Zitouni rendait des comptes directement au chef du contre-espionnage, explique Karim Moulai. Il n'a jamais été un islamiste, jamais ! Il était en mission."
"Un gros problème auquel personne ne s'attendait…"
En France, c'est la guerre des services, et de leur côté, des personnalités comme Charles Pasqua activent leurs réseaux en Algérie… L'affaire sort dans la presse et le Premier ministre Alain Juppé désavoue l'opération. "Les Algériens ont su qu'on avait traité en direct avec les terroristes en passant derrière eux. C'était la chose qu'il ne fallait absolument pas faire", raconte Raymond Nart, ancien directeur adjoint de la DST. Des hommes de la DGSE sont envoyés en Algérie pour établir le contact avec le GIA. Ils auraient donc pu découvrir que Zitouni était un agent du DRS : "C'est ça qui a provoqué un gros problème auquel personne ne s'attendait…" selon l'ancien agent.
Dans l'impasse, les généraux algériens auraient décidé, selon lui, d'envoyer un commando tuer les moines. "Un collègue très proche m'a dit qu'il partait en mission à Blida pour deux jours. En revenant, il m'a tout raconté et m'a dit : 'Voilà, on a fini le travail… On l'a fait… On les a eus… On les a tués'…" Cette version a toujours été niée du côté des services algériens. "S'ils avaient eu un rôle dans l'enlèvement et l'exécution des moines par Zitouni, vous n'auriez jamais retrouvé leurs têtes. Ils auraient disparu corps et biens. Si cela avait été une manipulation quelconque, vous n'auriez rien retrouvé", conteste pour sa part Raymond Nart…
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