Cet article date de plus de dix ans.

Etats-Unis : après l'agonie d'un condamné à mort, l'Oklahoma suspend les exécutions pendant six mois

Cette décision a été prise par la cour pénale d'appel de cet Etat dans lequel un condamné à mort a été exécuté dans d'apparentes souffrances le 29 avril.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La chambre d'exécution de la prison de Huntsville, au Texas (Etats-Unis), le 27 mai 2008. (PAT SULLIVAN / AP / SIPA)

Conséquence d'une exécution ratée qui avait provoqué, le 29 avril, une longue agonie du condamné : la cour pénale d'appel de l'Oklahoma a ordonné jeudi 8 mai l'arrêt des exécutions pendant six mois dans cet Etat du sud des Etats-Unis. 

Dans son arrêt, la cour donne raison à un condamné à mort, Charles Warner. Il devait être lui aussi exécuté le 29 avril, deux heures après Clayton Lockett, mort au terme d'une agonie de plus de 40 minutes. La cour fixe la date du 13 novembre pour l'exécution de Charles Warner. Aucune autre exécution n'est programmée dans l'Oklahoma. La justice accède aussi aux vœux de cet Etat, qui avait dit accepter un arrêt de six mois des exécutions, le temps de permettre une enquête.

Un "arrêt indéfini injustifié"

Dans un document judiciaire déposé jeudi devant cette cour d'appel, Seth Branham, ministre adjoint de la Justice, prévenait que "l'Etat ne s'opposerait pas au report de 180 jours" de l'exécution de Charles Warner. Il jugeait cependant un "arrêt indéfini injustifié", contrairement à ce qu'avait prôné son directeur des prisons, au lendemain de l'exécution controversée. La cour ordonne aussi à l'Oklahoma de "la tenir informée sur l'évolution de l'enquête indépendante et sur tout ajustement du protocole" d'exécution.

"Personne ne veut une autre exécution prolongée et ratée", ont réagi les avocats de Charles Warner, exigeant que "l'extrême secret entourant l'injection létale qui a conduit à l'agonie de M. Lockett soit remplacée par la transparence pour s'assurer que les exécutions soient conduites légalement et humainement".

Clayton Lockett avait succombé à une crise cardiaque 43 minutes après l'injection d'un nouveau cocktail létal, contre une dizaine de minutes habituellement, suscitant une vive controverse. Le président Barack Obama, qui se dit partisan de la peine de mort pour les "crimes haineux", avait qualifié cette exécution de "profondément dérangeante", ordonnant une révision complète des procédures d'exécution dans le pays.

La gouverneure met en avant les crimes de Lockett

La gouverneure de l'Oklahoma, Mary Fallin, a toutefois défendu une "exécution légale", rappelant combien le crime reconnu par Clayton Lockett avait été odieux. L'élue républicaine a admis que "le processus de mort par injection létale avait pris trop de temps", et ordonné une enquête et une révision de la procédure. Mais, estimant qu'on oubliait de parler des victimes, elle a expliqué dans le détail que Lockett avait été condamné à mort pour l'enlèvement avec violences de trois personnes dans le cadre d'un cambriolage, le viol d'une jeune femme et le meurtre d'une autre, enterrée vivante.

Charles Warner a été pour sa part condamné à mort pour le viol et le meurtre de la fillette de 11 mois de sa compagne. Son exécution avait été initialement reportée de quinze jours après la confusion qui a entouré celle de Lockett.

Le directeur des prisons, Robert Patton, avait recommandé l'arrêt de toutes les exécutions pour une durée indéterminée. Il prônait "une révision complète du protocole" qui consistait alors en l'injection de trois produits encore jamais testés, et plaidait pour "une formation poussée" des personnels pratiquant les exécutions. Car, selon les autorités pénitentiaires, c'est l'"échec de l'intraveineuse" posée sur la veine fémorale qui est apparemment à l'origine de la longue agonie de Lockett.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.