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Texas : ce que ne montre pas la vidéo de l'adolescente en bikini frappée par un policier

La police est intervenue, vendredi, contre des adolescents qui faisaient la fête dans une piscine résidentielle. Selon des témoins, la situation a dégénéré après une altercation causée par des insultes racistes.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Dajerria Becton à terre face au policier Eric Casebolt, le 5 juin 2015 à McKinney, Texas (Etats-Unis). (IAM HIPHOP / YOUTUBE )

Alors que les Etats-Unis sont encore marqués par les récents cas de violences policières sur des Noirs, une nouvelle vidéo a choqué le pays. Sur les images, on peut voir un policier blanc plaquer violemment au sol une adolescente noire en bikini, vendredi 5 juin à McKinney (Texas), avant de menacer avec son pistolet deux amis de la jeune femme venus à son secours. L'agent a été suspendu "en attendant les résultats de l'enquête", a annoncé dimanche le chef de la police locale. Depuis, des détails, qui en disent long sur les tensions raciales aux Etats-Unis, ont émergé sur les origines de cette scène violente.

Que faisaient ces jeunes dans le quartier ?

Les adolescents participaient à une fête, vendredi, organisée autour d'une piscine réservée aux habitants de cette zone résidentielle de McKinney, à l'occasion de la fin de l'année scolaire, a expliqué à Buzzfeed (en anglais) l'auteur de la vidéo, un Blanc âgé de 15 ans. Une image faisant la promotion de l'évènement avait circulé sur les réseaux sociaux, promettant baignade et pique-nique. 

La fête était organisée par deux jeunes habitantes d'un lotissement privé et leur mère. L'accès à la piscine était réservé aux résidents, qui pouvaient inviter deux personnes extérieures, explique une chaîne locale. Mais, selon un témoin, qui affirme avoir appelé la police, les jeunes "sautaient par-dessus les barrières" entourant la fête et "s'échangeaient des cartes d'accès". Une information confirmée par l'auteur de la vidéo, Brandon Brooks, à Buzzfeed. Lundi, le riverain en colère a placé sur les grilles entourant la piscine une pancarte pour remercier la police de McKinney "de garantir notre sécurité".

 

Face à ces affirmations, la mère des deux jeunes organisatrices assure que la règle limitant le nombre d'invités n'est jamais appliquée dans ce genre de fête : "Il y a deux poids, deux mesures", déplore-t-elle, estimant que l'on ne fait du zèle que parce que certains des adolescents invités étaient noirs. 

Pourquoi la situation a-t-elle dégénéré ?

Tatyana Rhodes, une des deux jeunes organisatrices de la fête, a expliqué, dans une vidéo publiée sur YouTube, qu'une riveraine avait lancé des insultes racistes à plusieurs de ses amis, avant de lui demander de "retourner dans son logement social".

Des propos qui montrent que "la ségrégation raciale est toujours vivante en Amérique", estime le site Vox. The Atlantic explique que la piscine résidentielle est située dans la moitié ouest de McKinney, qui est à 86% blanche, contre 49% dans l'autre moitié de la ville, où sont concentrés les logements sociaux.

Grace Stone, une jeune fille blanche de 14 ans, explique à Buzzfeed que quand elle a répondu à ces insultes avec ses amis, leur auteure est devenue violente. Sur une vidéo diffusée sur Twitter, on peut ainsi voir ce qui semble être cette première altercation durant laquelle une adolescente noire et une femme blanche d'âge moyen se tirent les cheveux avant d'être séparées par leurs amis respectifs.

Comment s'est déroulée l'intervention policière ?

Les officiers de police sont alors arrivés sur les lieux. Ils étaient douze, selon la chaîne locale WFAA. Dans un message posté dimanche sur Facebook, la police de McKinney explique avoir répondu à un appel mentionnant des troubles causés par "plusieurs jeunes qui ne vivaient pas dans la zone, n'avaient pas la permission d'être là et refusaient de partir"

"Une bagarre a éclaté entre une mère et une fille, et quand les policiers sont arrivés, tout le monde a couru, même ceux qui n'avaient rien fait", confie Brandon Brooks, qui raconte que les agents ont ordonné aux jeunes de se mettre à terre avant d'en menotter certains. "Tous les gens qui étaient mis à terre étaient noirs, mexicains, arabes. (...) C'est un peu comme si j'étais invisible", a assuré le jeune adolescent blanc.

Sur les images filmées par Brandon Brooks, on peut voir ainsi un des policiers, Eric Casebolt, manifestement très énervé, lancer des insultes et ordonner à un groupe de jeunes filles de quitter les lieux, avant de s'en prendre à l'une d'elles, Dajerria Becton, 14 ans. "Il m'a attrapée, a tordu mon bras pour le mettre dans mon dos, et m'a poussée dans l'herbe en tirant sur mes tresses", détaille l'adolescente.

Autour d'elle, ses amis tentent d'intervenir, avant qu'Eric Casebolt ne pointe son arme de service sur deux d'entre-eux, qui prennent alors la fuite en courant. L'un d'eux semble être ramené menotté par d'autres policiers, quelques minutes plus tard. La police a expliqué qu'un jeune homme avait été interpellé pour avoir "interféré" dans l'action d'un agent et tenté "d'échapper à une arrestation", sans que l'on sache s'il s'agit du jeune de la vidéo. Menottée et détenue, Dajerria Becton est relâchée dans la soirée.

Que s'est-il passé depuis l'incident ?

Après la diffusion de la vidéo, la police de McKinney a annoncé, dimanche, avoir suspendu Eric Casebolt, le temps qu'elle enquête sur les images. Lundi, des centaines de personnes ont manifesté dans cette ville du Texas, pour demander plus de justice et le renvoi du policier. Les manifestants ont défilé en criant "let's go swimming" ("allons nous baigner"), mais aussi des slogans déjà entendus à Ferguson ou Baltimore.

 

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