"Ban Ki-moon a fait ce qu'il a pu" à la tête de l'ONU

Philippe Moreau-Defarges, politologue et chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), dresse le bilan de Ban Ki-moon à la tête de l'ONU pendant dix ans. Le Portugais, Antonio Guterres, devrait le remplacer le 1er janvier prochain, au poste de secrétaire général des Nations Unis. Selon Philippe Moreau-Defarges, "Ban Ki-moon a fait ce qu'il a pu", en fonction d'une marge de manœuvre limitée à ce poste.

franceinfo : Ban Ki-moon a-t-il déçu à la tête de l'ONU ?

Philippe Moreau-Defarges : Ban Ki-moon présente un bilan tout à fait honorable. S'il y a eu des secrétaires généraux beaucoup plus flamboyants comme Kofi Annan, Ban Ki-moon, lui, n'a pas beaucoup de charisme. Mais il a fait du très bon travail. Il a essayé de réorganiser l'ONU, de l'ouvrir davantage aux femmes. Il a aussi tiré la sonnette d'alarme comme il le pouvait. Le secrétaire général est un simple exécutant. Si le Conseil de sécurité ne veut rien faire, il ne peut rien faire.

Certains diplomates se sont lamentés du manque d'initiative de Ban Ki-moon, notamment sur le Syrie. Vous n'y voyez pas un échec ?

La Syrie est un échec des grandes puissances. Qu'on le veuille ou non, même si Bachar Al-Assad est un personnage épouvantable, il est incontournable parce qu'il est soutenu par la Russie et par l'Iran. Ban Ki-moon n'y est pour rien. Ce sont les grandes puissances qui doivent assumer leurs responsabilités. C'est tellement facile de dire que Ban Ki-moon aurait pu faire mieux. Il a fait ce qu'il a pu.

Le successeur de Ban Ki-Moon sera-t-il aussi impuissant ?

La nomination d'Antonio Guterres est une très bonne nouvelle pour les Européens. Cela dit, il ne pourra pas faire beaucoup plus que Ban Ki-moon. Il aura peut-être davantage de charisme, il parlera peut être plus fort. Mais à la fin des négociations, il ne fera pas beaucoup plus. Cette idée qu'un individu peut changer le cours du monde est une illusion.