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Cinq raisons qui font des Québécois de bien meilleurs francophones que les Français

"Vive le Québec libre !" s'exclamait le général de Gaulle le 24 juillet 1967. Quarante-huit ans après, les habitants de la Belle Province se revendiquent toujours francophones.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Drapeau québécois flottant sur le ministère des Finances, à Québec (Québec, Canada). (KEN GILLESPIE / GETTY)

Souvenez-vous, c'était le 24 juillet 1967. En visite sur place, le général de Gaulle s'exclamait "Vive le Québec libre !" En réponse, les Québécois promettaient : "notre Etat français, nous l'aurons." Quarante-huit ans après, des mouvements réclament encore l'indépendance, et une grande partie de la population revendique son appartenance francophone.

A l'occasion de cet anniversaire, francetv info démontre en cinq points que les Québécois sont de bien meilleurs francophones que les Français. 

Ils ont un parti qui a fait de la langue de Molière la pierre angulaire de son programme

Le Parti québécois, qui forme l'opposition officielle avec 30 sièges sur 125 à l'Assemblée nationale du Québec, prône l'indépendance de la province... et défend plus que tout l'usage du français. "Le Québec souverain sera un pays francophone, libre de légiférer comme il l'entend pour garantir la prédominance du français partout sur son territoire, libre d'appliquer une politique conforme à ses intérêts et dotée de tous les instruments de l'Etat aptes à assurer la vitalité et le rayonnement de sa culture et de son histoire nationale", affirme le site du parti.

Fondé par René Lévesque, porteur de l'indépendance, le parti a plusieurs fois frôlé son objectif ultime lors de référendums pour l'indépendance. Malgré ses précédents échecs, le Parti québécois se fixe toujours pour objectif de "réaliser la souveraineté du Québec à la suite d’une consultation de la population par référendum, tenu au moment jugé approprié par le gouvernement".

Ils traduisent tout, tout, tout...

Au Québec, un "mail" est un "courriel", "faire du shopping" devient "faire du magasinage" et un "chewing-gum" restera de la "gomme à mâcher". Les exemples sont nombreux.

Les titres de films américains changent souvent en traversant la frontière. Oui, au Québec, le célèbre film de Tarantino est titré "Fiction pulpeuse". Et, oui, les dessins animés "Cars" y sont renommés "Les Bagnoles". On citera aussi "Inglorious basterds" devenu "Le Commando des bâtards", ou "Toy Story" transformé en "Histoire de jouets". Tout, ils traduisent vraiment tout...

Titre québécois de "Moi, moche et méchant", sorti en salles en 2013.  (UNIVERSAL PICTURES, ILLUMINATION ENTERTAINMENT)

Ils étudient en français jusqu'au bac

"L’enseignement est en langue française pour la grande majorité des Québécois en primaire. La possibilité d'étudier en anglais existe, mais est encadrée par la loi. L’objectif principal reste que les jeunes apprennent le français et vivent le français", explique Jean-François Normand, de la Délégation générale du Québec en France. Les enseignements se font en français, et ce jusqu'à la fin du secondaire, équivalent du baccalauréat. L'anglais vient seulement en option ou pour ceux dont c'est la langue maternelle. 

Ils ont une Charte de la langue française 

"Le français est la langue officielle du Québec", c'est ce qu'affirme la Charte, signée en 1977. Elle impose l'usage du français dans cette région, dans un Canada dont la langue majoritaire est l'anglais. L'affichage public doit être en français ou au moins bilingue. Les étiquettes des produits sont également concernées : "Toute inscription sur un produit, sur son contenant ou sur son emballage, sur un document ou objet accompagnant ce produit, y compris le mode d'emploi et les certificats de garantie, doit être rédigée en français. Cette règle s'applique également aux menus et aux cartes des vins", expose ce document. 

Ils importent beaucoup de programmes français

"Les liens sont très forts en matière culturelle, notamment dans tout ce qui relève de la chanson, de la scène, du cinéma", décrit Jean-François Normand. Le Canada en général est un grand importateur de programmes audiovisuels français. En 2013, il a dépensé huit milliards d'euros pour la diffusion de productions françaises. Un chiffre en hausse constante depuis 2007. Les coproductions s'accumulent également, faisant du Canada le cinquième pays préféré des Français pour les coopérations cinématographiques, comme le montre une étude réalisée par le CNC réalisée en 2014. 

Mais le français décline... 

Pourtant, pour certains, l'usage de la langue française décline depuis plusieurs années. Ainsi, le 6 juillet dernier, un regroupement a eu lieu contre ce qu'ils appellent "la bilinguisation" progressive du gouvernement québécois, selon Radio-Canada. D'après le recensement 2011 de l'Institut de la statistique au Québec (document en PDF), 78,1% de la population québécoise a pour langue maternelle le français, contre 79,6% en 2006. "Chez les jeunes, on voit un attrait pour la langue anglaise, mais c'est le cas partout et, au Québec, c’est assez légitime. L’univers nord-américain est essentiellement anglophone. Mais on trouve tout de même moins de glissements vers l’anglais qu’en France par exemple. Dans l’expression publique et dans les médias par exemple, c’est très surveillé", explique Jean-François Normand.

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