Ce que l'on sait des deux attentats en Egypte contre des églises coptes
Au moins 44 personnes sont mortes dans ces attaques dirigées contre la communauté chrétienne d'Egypte et revendiquées par le groupe Etat islamique.
Les premières funérailles ont déjà eu lieu, dimanche 9 avril, après les deux attentats commis en Egypte contre des églises coptes. Les corps des victimes, placées dans des cercueils en bois recouverts d'une croix dorée, ont été enterrés en présence de centaines de leurs coreligionnaires. Au moins 44 personnes sont mortes à Alexandrie et Tanta dans ces attaques revendiquées par le groupe Etat islamique. Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a déclaré l'état d'urgence pour trois mois.
Que s'est-il passé ?
Dans la matinée de dimanche, une première attaque a frappé la ville de Tanta, en pleine célébration des Rameaux dans l'église Saint-Georges. Au total, 27 personnes sont mortes et 78 ont été blessées, selon le ministère de la Santé. Cette paroisse avait déjà été menacée. Le 29 mars dernier, sur Facebook, elle avait indiqué que les forces de l'ordre avaient dû enlever un "objet suspect" déposé devant l'église.
En début d'après-midi, un autre attentat a été commis à Alexandrie, la grande ville du nord du pays, par un kamikaze "équipé d'une ceinture explosive", toujours le ministère de la Santé. L'explosion a fait 17 morts – dont quatre policiers – et 48 blessés. L'assaillant a été arrêté par les policiers, mais il s'est fait exploser à l'entrée de l'église Saint-Marc, précise le ministère de l'Intérieur. Le pape copte orthodoxe Tawadros II assistait à la fête des Rameaux, mais il n'a pas été blessé.
Devant le cordon de sécurité établi par la police, des fidèles ont exprimé leur colère. "Vous fermez la rue, à quoi ça sert maintenant ? Vous auriez dû le faire avant l'explosion", a lancé une femme copte aux policiers.
Ces attaques ont-elles été revendiquées ?
Le groupe Etat islamique a revendiqué ces attentats, en assurant que les jihadistes étaient des kamikazes égyptiens équipés de ceintures explosives. Il y a quatre mois, déjà, un attentat suicide spectaculaire avait été commis contre l'église Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire, puis revendiqué par le groupe jihadiste. Vingt-neuf personnes avaient été tuées. A l'époque, le groupe jihadiste avait menacé la communauté copte d'autres attentats à venir.
Les coptes orthodoxes d'Egypte représentent 10% des 92 millions d'Egyptiens. Le groupe Etat islamique a choisi de les cibler "pour susciter une discorde entre la communauté copte et les musulmans", explique le journaliste Wassim Nasr, spécialiste des réseaux jihadistes, interrogé par franceinfo. Mais pas seulement : "La justification religieuse de l'Etat islamique est que les coptes sont des 'mécréants combattants'. Ils estiment que l'Eglise copte a soutenu le coup d'Etat et le général Al-Sissi."
Comment a réagi la communauté internationale ?
François Hollande a dénoncé un "attentat odieux", ajoutant que la France était "pleinement solidaire de l'Egypte". Le président des Etats-Unis Donald Trump a condamné l'attentat, sur Twitter, se disant "confiant dans la capacité du président [Abdel Fattah Al-Sissi] à gérer la situation comme il se doit". Et les quinze membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont qualifié de "lâches" les attentats, affirmant que "le terrorisme sous toutes ses formes constitue l'une des plus sérieuses menaces à la paix et à la sécurité internationales".
Ces attentats interviennent 19 jours avant une visite en Egypte du pape catholique François, les 28 et 29 avril. "J'exprime mes profondes condoléances à mon cher frère, sa sainteté le pape Tawadros II, à l'Eglise copte et à toute la chère nation égyptienne", a réagi le pontife argentin.
>> Egypte : le pape François maintient sa visite malgré le double attentat
Et les autorités égyptiennes ?
Dimanche soir, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a annoncé un "état d'urgence pour trois mois", lors d'une déclaration solennelle à la télévision. Selon lui, cette mesure doit "protéger" et "préserver" le pays. Avant d'être mis en place, toutefois, l'état d'urgence doit encore être approuvé par le Parlement. "Cette attaque ne fera que renforcer la détermination [des Egyptiens] pour aller de l'avant vers la sécurité, la stabilité et le développement", a également déclaré le président dans un communiqué.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.