Glyphosate : "l'objectivité" de l'Agence européenne de la sécurité alimentaire remise en cause
Des eurodéputés et des ONG mettent en cause les méthodes de l'Agence européenne pour la sécurité alimentaire pour juger du glyphosate, à la veille d'un vote sur le renouvellement de sa licence.
Alors qu'un vote sur le renouvellement de la licence du glyposate dans l'Union européenne est prévu jeudi 25 octobre, des ONG et eurodéputés remettent en cause les documents dont les 28 pays disposent pour trancher. L'Agence européenne pour la sécurité alimentaire (Efsa) se voit reprocher un manque d'indépendance vis-à-vis du fabricant d'herbicide Monsanto, ce qu'elle conteste.
En 2016, l'Agence européenne pour la sécurité alimentaire (Efsa) a rendu un rapport sur l'herbicide, concluant qu'il n'était pas cancérogène. Or, en 2015, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) l'avait classé comme "cancérogène probable". L'Efsa se voit reproché d'avoir copié-collé une étude de Mosanto. Lorsque Franziska Achterberg, membre de Greenpeace, feuillette le rapport final de l'Efsa, elle constate que "c’est exactement la même chose". Des pages entières d'une étude réalisée par le groupe américain des pesticides ont été reprises intégralement dans le rapport : "Tout un chapitre." Michèle Rivasi, eurodéputée des Verts, aboutit à la même conclusion et juge la méthode inacceptable. L'élue écologiste demande la démission "pour l’exemple" du directeur de l'Efsa.
Quand on a un directeur qui va donner un avis scientifique, ensuite proposé à 28 États membres et qu’il ne nous offre pas la garantie de l’objectivité des études qu’il a prises en compte, je trouve que c’est une faute professionnelle.
Michèle Rivasi, eurodéputée des Vertsà franceinfo
De son côté, l'Agence européenne se défend de toute pratique illégale. La procédure est normale, selon Guilhem de Seze, directeur du département d'évaluation scientifique des produits réglementés à l'Efsa. Il détaille le processus d'une évaluation scientifique qui commence par "un dossier compilé par l’industriel".
Un État membre, désigné, prépare un dossier préliminaire. Il étudie le dossier de l’industriel. Tout ce qui lui parait correct, tout ce avec quoi il est d’accord, il l’inclut.
Guilhem de Seze, chargé d'évaluation scientifique à l'Efsaà franceinfo
Les experts des 28 pays membres de l'Union européenne donnent ensuite leur avis. Puis, à la fin, les scientifiques de l'Efsa compilent les données pour faire leur propre compte-rendu, explique l'Agence. Pour autant, ces étapes codifiées ne satisfont pas Franziska Achterberg. La militante de Greenpeace estime qu'elle ne garantit pas l'indépendance. "Effectivement, ces études doivent être payées par l’industrie, mais celle-ci n'a pas à commander ces études", juge-t-elle, ajoutant préférer l'intervention d'un laboratoire qui n'aurait pas de lien avec le fabricant d’un produit chimique. L'Efsa s'est déjà expliquée en audition publique devant le Parlement européen. Toutefois, des eurodéputés veulent aller plus loin et demandent à présent une commission d'enquête sur le glyphosate.
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