"On est peut-être rentrés dans un cycle d'attentats en Espagne", selon le spécialiste de la mouvance jihadiste Romain Caillet
Après la France, l'Allemagne et l'Angleterre, l'Espagne frappée par deux attaques de Daech en deux jours, pourrait subir "un cycle" de plusieurs attentats, estime Romain Caillet, historien et spécialiste de la mouvance jihadiste.
L'Espagne a été la cible de deux attentats en deux jours. Le premier à Barcelone, qui a fait 13 morts et une centaine de blessés parmi lesquels 26 Français, le second à Cambrils, qui a fait sept blessés. Après la France, l'Angleterre et l'Allemagne, l'Espagne est le quatrième pays européens touché par des attaques revendiquées par Daech. Pour Romain Caillet, historien, chercheur et consultant sur l’actualité de la mouvance jihadiste invité de franceinfo, "on est rentré encore dans un cycle d'attentats."
>> Attentats en Espagne : les dernières infos en direct
franceinfo : Pourquoi parlez-vous de cycles d'attentats ?
Romain Caillet : Il y a eu une série d'attentats en France, puis en Allemagne, puis en Angleterre. Peut-être qu'on est rentrés dans un cycle d'attentats en Espagne avec deux, trois attaques jusqu'à ce que les services espagnols comprennent la façon dont fonctionnent les réseaux et que cela devienne plus difficile de frapper sur le territoire ibérique.
On voit se répéter des scénarios d'attaques qui demandent peu de moyens. Les terroristes adaptent-ils leur manière de faire à la situation ?
Absolument. Et c'est un bon retour sur investissement pour les terroristes. Regardez les deux attentats majeurs qu'on a eu en France. Le 13 novembre 2015 a demandé de gros moyens pour les jihadistes, il y avait du personnel syrien, irakien, qui avait été envoyé sur place. Il y a eu des combattants étrangers, des moyens financiers qui ont été mis et coordonnés depuis la Syrie. L'attentat de Nice s'est fait avec pas grand-chose mais a fait autant de mort. Donc, ce type d'attaques est plus rentable, parce qu'ils nécessitent peu de moyens, mais peuvent très souvent échouer.
Les attentats visent toujours des villes symboles, cosmopolites. Ceci n'est pas dû au hasard...
Je me rappelle avoir lu un texte d'un jihadiste qui appelait à frapper, dans le contexte tunisien [au moment de l'attentat de Tunis], des villes touristiques, mais cela aurait pu être aussi en Occident. Ces villes sont fréquentées par des ressortissants de nombreux pays occidentaux. Cela permet de multiplier l'écho de ces attentats.
Daech a revendiqué pratiquement immédiatement l'attentat de Barcelone. Est-ce une forme d'opportunisme ou y a-t-il un lien effectif ?
Il ne faut pas sur-interpréter la dépêche d'agence de l'Etat islamique et leurs revendications parce qu'ils peuvent parfois se tromper. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'en arabe ils avaient utilisé un pluriel. Cela veut dire qu'ils étaient un minimum renseignés pour pouvoir le revendiquer. Ce n'est pas du tout une revendication opportuniste. Il semble qu'ils étaient au courant de ce qui allait se passer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.