Allemagne : cinq questions sur les dizaines d'agressions sexuelles commises à Cologne la nuit du Nouvel An
"Plus d'un millier de personnes" seraient impliquées dans une centaine d'agressions survenues le soir du réveillon, selon le ministère allemand de la Justice.
Des dizaines d'agressions sexuelles ont été commises à Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne, dans la nuit du 31 décembre."Plus d'un millier de personnes" seraient impliquées, selon le ministère allemand de la Justice. L'affaire suscite une vive émotion outre-Rhin. Francetv info répond à cinq questions sur cette vague de violences.
Que s'est-il passé à Cologne ?
Jeudi 31 décembre au soir, alors que les festivités du Nouvel An battent leur plein, dans le centre de Cologne, sur une grande place très fréquentée, plusieurs groupes de 20 à 30 jeunes, visiblement ivres, agressent des femmes autour de la cathédrale et de la gare centrale.
Les victimes affirment que les suspects les ont à chaque fois encerclées afin de les agresser sexuellement et de leur voler leurs effets personnels, précise l'agence de presse allemande DPA (en anglais).
Au total, "plus d'un millier de personnes" auraient commis des agressions ou aidé les agresseurs, selon le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas.
Mardi 5 janvier, la police avait déjà enregistré 90 plaintes, concernant des faits de harcèlement, des vols, des dizaines d'agressions sexuelles et au moins un viol. Les forces de l'ordre ont, en outre, signalé une dizaine de plaintes concernant des attaques similaires à Hambourg, la même nuit.
Que sait-on des suspects ?
Cinq hommes ont été arrêtés près de la gare centrale de Cologne, vendredi 1er janvier, selon l'agence DPA. Une information qui n'a pas encore été confirmée. La police tente actuellement d'identifier les agresseurs, grâce à des images tournées par des témoins et des caméras de vidéosurveillance, rapporte la BBC (en anglais).
Certaines victimes ont décrit les suspects comme des "hommes d'apparence arabe ou nord-africaine", a précisé, lundi, le chef de la police de Cologne, Wolfgang Albers.
Pourquoi l'affaire est-elle devenue politique ?
Certains responsables politiques allemands ont immédiatement utilisé ces témoignages sur l'origine ethnique des suspects pour mettre en cause la politique d'accueil massif de réfugiés de la chancelière Angela Merkel ces derniers mois.
Le ministre de la Justice a toutefois mis en garde contre toute "instrumentalisation" de cette affaire qui intervient en plein débat sur l'afflux de migrants en Allemagne. "Il ne doit pas y avoir de suspicion généralisée, mais pas de tabou non plus", a renchéri le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière. Celui-ci veut toutefois savoir si les auteurs de ces agressions "sont arrivés récemment ou sont depuis longtemps" en Allemagne.
Pourquoi la police allemande est-elle critiquée ?
La police de Cologne est sous le feu des critiques pour ne pas être intervenue, alors qu'elle était massivement mobilisée pour cette nuit de la Saint-Sylvestre. Le ministre allemand de l'Intérieur a critiqué cette inaction, mardi soir, sur la chaîne de télévision publique ARD. "La police ne peut pas travailler de cette manière", a lâché Thomas de Maizière, qui "exige de manière urgente des éclaircissements". "Il n'est pas possible que la place soit évacuée et qu'ensuite [les agressions] aient lieu" au même endroit et que la police "attende les plaintes" des victimes pour réagir, a-t-il déploré.
La police elle-même a reconnu avoir, peu avant les agressions, fait évacuer cette place à cause de tirs dangereux de feux d'artifice. Mais elle a indiqué que les agressions avaient débuté plus tard, sans qu'elle en prenne la mesure. Le 1er janvier, elle a même publié un communiqué soulignant que la soirée s'était passée sans incidents. L'ampleur réelle des faits n'a été révélée que mardi, avec l'accumulation de plaintes de femmes.
Quelles suites vont donner les autorités ?
Le gouvernement allemand a condamné ces agressions, mardi 5 janvier. "Il s'agit d'une nouvelle forme de criminalité organisée", a estimé le ministre de la Justice, lors d'une conférence de presse. "Il va falloir qu'on réfléchisse, qu'on pense aux moyens à mettre en œuvre pour y faire face", a ajouté Heiko Maas.
Les autorités prévoient d'ores et déjà de renforcer la sécurité à l'occasion du carnaval de Cologne, où des centaines de milliers de visiteurs devraient se rendre, du 4 au 10 février. La police pourrait faire appel à des renforts venus d'autres villes allemandes et installer de nouvelles caméras de surveillance, dotées de zooms, selon la BBC. Une réunion de crise était organisée à la mairie de Cologne, mardi, pour discuter de ces mesures.
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