L'étoile rouge de la bière Heineken menacée d'interdiction en Hongrie
Les députés hongrois planchent sur un texte interdisant l'utilisation commerciale des croix gammées, de l'étoile rouge et de la faucille et du marteau. Le brasseur néerlandais semble le principal visé, après un appel au boycott déjà formulé par l'extrême droite hongroise en février.
La Hongrie digère mal le logo de la marque de bière Heineken. Les députés du Jobbik, parti du Premier ministre Viktor Orban, ont présenté une proposition de loi en vue d'interdire l'utilisation commerciale de symboles comme la swastika, la faucille et le marteau ou l'étoile rouge, "pour des raisons d'ordre et d'obligation morale". Le Parlement a débuté l'examen du texte lundi 20 mars. Il prévoit des peines allant jusqu'à six millions d'euros d'amende et deux ans de prison.
Heineken a adopté l'étoile rouge dans les années 1930. Ce logo est censé représenter un symbole des brasseurs sur les différentes étapes du brassage. Mais il était aussi un symbole majeur du communisme soviétique. Après la seconde guerre mondiale, la marque a choisi une étoile blanche avec un liseré rouge de plus en plus épais, avant de revenir au rouge intégral, en 1991. Contacté par Reuters, un porte-parole de la marque a refusé de commenter la proposition de loi hongroise.
En cause, un différend commercial en Roumanie ?
La semaine dernière, le vice-Premier ministre Zsolt Szemjen a indiqué que le logo de Heineken était "évidemment de nature politique". Mais une autre raison a peut-être poussé les députés hongrois à agir. Heineken, en effet, a engagé un bras de fer juridique contre une marque de bière locale très populaire en Transylvanie, la Csiki. Le brasseur néerlandais a récemment obtenu de la justice que ce nom soit interdit, car il ressemble trop à la marque Ciuc, vendue par Heineken en Roumanie depuis 2003.
Mais la Transylvanie est scrutée de près par le Jobbik, car des centaines de milliers de Hongrois sont installés dans cette région. En février, le chef de cabinet du Premier ministre s'est rallié à un appel au boycott des produits Heineken. A l'époque, la directrice générale du brasseur néerlandais, Jose Matthijsse, avait estimé que le boycott n'était "pas la bonne façon" de résoudre ce litige et qu'il pouvait même menacer des emplois en Hongrie. Difficile, dans ce contexte, de ne pas lire la proposition de loi comme une réponse du gouvernement de Viktor Orban.
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