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Quelles conséquences pour les Français maintenant que le Royaume-Uni a voté la sortie de l'Union européenne ?

Le Royaume-Uni a voté la sortie de l'Union européenne. Francetv info s'est penché sur les conséquences de ce Brexit sur la France. 

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une femme brandit un drapeau britannique lors d'un meeting en faveur du Brexit, le 4 juin 2016, à Londres (Royaume-Uni). (NEIL HALL / REUTERS)

Le Brexit a gagné. Vendredi 24 juin, le Royaume-Uni se réveille dans un épais brouillard après la victoire du "Leave".

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Certes, le pays sera encore membre de l'Union européenne, et ce pour plusieurs années, le temps de formaliser le divorce avec Bruxelles. Mais une période de transition va s'ouvrir, particulièrement brumeuse, promettant des décisions politiques et économiques aussi imprévisibles que lourdes de conséquences. Ce brouillard ne manquera pas de traverser la Manche. Voici donc comment la France pourrait être touchée par le départ des Britanniques de l'Union européenne.

Des conséquences économiques limitées

Une partie de l'économie française, orientée vers le Royaume-Uni, tournera au ralenti, le temps qu'un nouveau cadre de relations commerciales soit décidé entre Londres et Bruxelles. Des investissements seront suspendus voire annulés, la croissance économique sera légèrement freinée, accompagnée de faillites ponctuelles dans les PME les plus exposées.

Certains organismes avancent des prévisions plus précises. En 2019, selon une étude d'un leader de l'assurance citée par Les Echos, la France sera le cinquième pays mondial le plus touché par le Brexit. Les pertes en termes d'exportations vers le Royaume-Uni atteindront entre 2,4 et 3,2 milliards d'euros, notamment dans la chimie et l'agroalimentaire. Les investissements britanniques en France reculeront de 3,2 à 5,2 milliards d'euros.

La contribution de la France au budget européen risque d'être augmentée, pour compenser une partie du trou laissé par le Royaume-Uni. Autant d'argent qui devra être trouvé dans les caisses françaises. Dans un rapport d'information, le sénateur Albéric de Montgolfier estime cette hausse à 1,2 milliard d'euros maximum par an (+ 5,6%). Selon les scénarios, une baisse est également envisageable, jusqu'à 220 millions d'euros en moins (- 1%).

Sur une note plus optimiste, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, affirme qu'un Brexit pourrait avoir un "effet positif" sur les services financiers. Les grands groupes de la City pourraient lorgner vers la place parisienne pour garder un pied dans l'Union européenne. HSBC, la première banque britannique et européenne, a prévenu qu'elle pourrait déplacer un millier d'emplois de Londres vers Paris.

Les expatriés menacés

L'une des nombreuses incertitudes réside dans le sort des quelque 300 000 Français résidant au Royaume-Uni. Leur situation ne devrait guère évoluer le temps des négociations, mais les expatriés auront à se préparer à d'éventuelles instaurations de visas ou de permis de travail. Il est possible, en effet, que la libre circulation et la libre installation des ressortissants européens soient remises en cause, car l'immigration européenne est l'un des principaux griefs des pro-Brexit.

La mise en place de visas pourrait par exemple toucher le championnat de football anglais, où évoluent des Français, qui perdrait en qualité et en attractivité, selon le Guardian (en anglais). Le plus probable est toutefois que le Royaume-Uni adapterait ses règles par le biais d'exemptions pour certaines professions ou nationalités.

Quant aux près de 200 000 Britanniques vivant en France, même incertitude dans leur camp, notamment pour la protection sociale et médicale. Une perte de valeur de la livre aggraverait la situation de nombre d'entre eux, renchérissant le coût de la vie en France. Inversement, les prix pour les Français se rendant outre-Manche deviendraient plus intéressants.

L'Union européenne en danger

Si la France pourrait gagner en influence en Europe, notamment en devenant le seul membre de l'UE possédant un siège permanent au Conseil de sécurité de l'UE, elle se retrouvera aussi dans une Union européenne affaiblie. Le départ du Royaume-Uni entraînera en effet une baisse de la puissance économique, diplomatique et militaire de l'UE.

A plus long terme, sur le plan politique, le Brexit pourrait conduire à une "implosion de l'UE", selon les termes du président du Parlement européen, Martin Schulz. En voyant le succès des eurosceptiques, d'autres pays pourraient être tentés, à leur tour, d'organiser des référendums. La fin de l'UE aurait d'innombrables conséquences sur la France, à tous les plans.

Pour éviter un tel scénario, des responsables politiques européens appellent à répondre au Brexit en renforçant les liens entre les pays restant. "Des doutes émergeront sur la solidité de la zone euro, qui devra répondre à cette situation avec un renforcement de son intégration économique", avance aussi la Banque de France. D'autres dirigeants réclament un traitement sévère contre le Royaume-Uni lors des négociations post-Brexit, pour dissuader les autres candidats au départ.

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