Le maire de Roanne ne veut pas de réfugiés musulmans : "Ce n'est pas de la discrimination, ce sont des précautions"
Yves Nicolin persiste et signe. Contacté par francetv info, l'élu Les Républicains explique pourquoi il n'est prêt à accueillir que des réfugiés issus des minorités religieuses chrétiennes ou yézidis.
Face à l'afflux de migrants en Europe, en provenance notamment de Syrie, François Hollande a annoncé, lundi 7 septembre, que "la France accueillera 24 000 réfugiés" sur son territoire. Certains maires se sont déjà dit prêts à les recevoir, d'autres font des distinctions. C'est le cas du député-maire Les Républicains de Roanne (Loire), Yves Nicolin. Il a affirmé, dimanche 6 septembre, sur France Bleu Saint-Etienne Loire, qu'il était prêt à accueillir des réfugiés dans sa ville, "à la condition qu'il soit bien question de réfugiés chrétiens, qui sont persécutés parce que chrétiens en Syrie par Daesh [Etat islamique]".
Contacté par francetv info, l'élu assume ses propos et s'en explique.
Francetv info : Face à l'élan de solidarité internationale autour des réfugiés, ne craignez-vous pas que vos propos choquent et soient assimilés à de la discrimination religieuse ?
Yves Nicolin : Ce n'est pas de la discrimination, ce sont des précautions. Qui nous dit que, parmi ces réfugiés, ne se cachent pas des membres du groupe Etat islamique (EI) qui ont décidé de prendre le chemin de l'Europe avec de mauvaises intentions ? C'est irresponsable de faire courir un risque à nos concitoyens en ouvrant des portes, comme ça, sans savoir à qui on a affaire.
Parmi ces réfugiés, il y a beaucoup de familles, avec des enfants en bas âge, qui prennent le risque de mourir en Méditerranée. Des terroristes peuvent-ils se cacher parmi eux, selon vous ?
Des gens qui sont prêts à se faire exploser n'ont pas peur de mourir en mer. Moi, je serais à la place de l'EI, je trouverais d'autres pistes pour infiltrer l'Europe. En étant prudents, on protège aussi les vrais réfugiés des éventuels terroristes déguisés.
Si demain, une famille comme celle du petit Aylan Kurdi, dont la photo du corps sur une plage turque a choqué le monde entier, sollicitait votre accueil, vous refuseriez d'ouvrir votre porte ?
Je demanderais des garanties à l'Etat. Pourquoi croyez-vous que l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) met autant de temps avant d'accorder l'asile politique ? Parce qu'il mène une enquête sur l'origine et l'identité des demandeurs. Mais là, nous sommes dans l'urgence. C'est pourquoi je propose d'accueillir en priorité des réfugiés chrétiens et yézidis, car nous sommes sûrs que ces minorités religieuses sont persécutées par les jihadistes.
Comment comptez-vous vérifier la confession de ces réfugiés ?
Ce n'est pas à nous de le faire mais à l'Etat de nous apporter ces garanties. Les chrétiens de Syrie vivent leur foi avec ferveur. Il suffit de leur poser deux ou trois questions sur le christianisme pour vérifier. Il en va de même pour les Yézidis. En revanche, pour les réfugiés musulmans, tout cela est plus long à vérifier.
Et pour eux, que prônez-vous ?
Il faut mettre en place des centres de rétention pour enquêter sur eux avant de les accueillir et de leur accorder des papiers. Il faut bien les traiter, bien sûr. Mais on ne peut pas les laisser se disperser comme ça sur le territoire européen et français.
Lors de son discours à l'université d'été des Républicains, Nicolas Sarkozy a déclaré : "Ces personnes sont nos frères dans l'espèce humaine, et si on oublie ça, on n'est pas dans une formation politique qui a mis l'humanisme au cœur de ses valeurs." Qu'en pensez-vous ?
J'ai sollicité Nicolas Sarkozy par SMS sur ma position. Je n'ai pas eu de réponse. La politique, ce n'est pas être suiveur. Je sais qu'en disant cela, je choque. Mais je suis un responsable politique, pas associatif. Après, ce ne sont pas des conditions d'accueil gravées dans le marbre. Dans six mois, on verra. Pour l'instant, il faut assurer la sécurité de nos concitoyens.
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