Paris : polémique après l'installation de rochers sous un pont où dormaient des migrants
Vendredi, la mairie de Paris a installé de gros blocs de pierre sous le pont de la porte de la Chapelle, situé tout près du centre humanitaire ouvert en novembre.
De nombreux migrants avaient pris l'habitude d'y dormir. Ce n'est désormais plus possible. Depuis vendredi 10 février, d'imposants blocs de pierre ont été installés sous le pont de la porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, empêchant quiconque de s'abriter en attendant d'être pris en charge par le centre humanitaire ouvert, non loin, en novembre.
"C'était l'endroit le plus 'cool' car les personnes pouvaient se protéger des intempéries. Il y avait toujours du monde dessous", explique une bénévole du collectif Solidarité migrants Wilson, qui réunit une centaine d'habitants, contactée par franceinfo. Elle a découvert "par hasard" les rochers, vendredi, et, depuis, cette militante, qui souhaite rester anonyme, se dit "hyper choquée". Elle n'est pas la seule : sur les réseaux sociaux, les photos des blocs de pierre font beaucoup réagir.
Porte de La Chapelle à Paris, des rochers pour empêcher un campement sauvage. Des refugiés dorment ici. Le centre humanitaire est full. pic.twitter.com/4NbwhMJeW9
— Florent Peiffer (@FlorentPEIFFER) 15 février 2017
À Paris (Porte de la Chapelle), la mairie fait poser des pierres pour empêcher les SDF et les migrants de dormir. Ce monde me dégoûte. pic.twitter.com/3VdpKrOtUc
— Salem (@Ibn_Sayyid) 13 février 2017
"Ce ne sont pas des rochers anti-migrants"
Contactée par franceinfo, la mairie de Paris confirme être à l'origine de cette installation. Les rochers "étaient sur le boulevard Ney depuis octobre et avaient déjà été bougés une première fois", précise un porte-parole, expliquant que les pierres ont été déplacées, vendredi, dans le cadre des travaux de réaménagement de la petite ceinture. "C'était pour éviter que des gens s'installent sous un pont qui va être détruit de manière imminente. C'était davantage une question de sécurité. On assume, en attendant que des barrières soient installées dans ce secteur", explique la municipalité, qui se défend d'avoir agi selon une "stratégie anti-campements".
On comprend que cela puisse choquer, mais on n'a pas chassé les gens qui dormaient là-bas. Tous ont été mis à l'abri dans la nuit de jeudi à vendredi. Ce ne sont pas des rochers anti-migrants.
La mairie de Parisà franceinfo
Une volonté de "rendre invisibles" les sans-abri ?
La mairie assure que 143 personnes, dont la plupart "allaient avoir un rendez-vous" au centre, ont été prises en charge par les services de l'Etat et envoyées dans des centres d'hébergement en Ile-de-France ou des centres d'accueil et d'orientation (CAO). Pour désengorger les services et éviter "l'installation de nouveaux campements", la municipalité rappelle aussi avoir fait en sorte d'augmenter le nombre d'entretiens quotidiens, qui peuvent désormais avoir lieu le samedi.
Mais à Solidarité migrants Wilson, "on ne partage pas cette vision". "Nous, on a plutôt l'impression que la logique est de rendre invisible les migrants", répond la militante contactée par franceinfo, qui évoque des pressions sur les migrants ou des amendes à payer lors du déchargement de la nourriture. "Régulièrement, la queue devant le centre est dispersée par la police. Bref, ce n'est pas pour protéger les gens, mais pour que ça ne se voie pas !"
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