Rentrée scolaire des migrants : "Une façon d'être un enfant comme les autres, de côtoyer un univers stable"
Plusieurs dizaines de milliers d'enfants migrants s'apprêtent à faire leur rentrée scolaire, lundi, en France. Pour Jérôme Gobillot, professeur de CE2 et membre de RESF, "tous les enfants primo-arrivants sont extrêmement attirés par l'école".
Près de 12,4 millions d'élèves s'apprêtent à reprendre le chemin des salles de cours, lundi 4 septembre, dont plusieurs dizaines de milliers d'enfants migrants qui vont vivre leur première rentrée en France. Ils étaient 52 500 à faire leur rentrée en 2016, dont une grande majorité venaient d'arriver dans le pays.
Jérôme Gobillot, professeur de CE2 à Coulommiers, en Seine-et-Marne, et membre du Réseau éducation sans frontière (RESF), souligne, samedi sur franceinfo, à quel point le retour à l'école est important pour ces jeunes, pour qui "c'est une façon d'être un enfant comme les autres, d'avoir un rythme de vie, et, surtout, côtoyer un univers parfaitement stable."
Franceinfo : Vous avez déjà eu des enfants migrants dans votre classe. Ces enfants ont-ils envie d'aller à l'école ?
Jérôme Gobillot : Absolument. Tous les enfants primo-arrivants qui arrivent en France sont extrêmement attirés par l'école parce que c'est une façon d'être un enfant comme les autres, d'avoir un rythme de vie et surtout de côtoyer un univers parfaitement stable. Tout le monde a besoin de s'identifier à des situations qui sont très ordinaires et l'école, c'est ça. Ils ont souvent vécu des choses qui sont vraiment chaotiques dans leur parcours. Pour certains, c'est très frais et là, tout à coup, ils ont un peu la possibilité de retrouver une stabilité, de retrouver quelque chose de très classique et de très ordinaire.
En tant qu'enseignant, quel peut être votre premier geste ? Présenter ces enfants à la classe ou mettre leur histoire de côté pour privilégier l'école ?
Je crois que ce serait une grosse erreur de mettre de côté leur histoire parce que c'est finalement ce qui les construit, c'est leur identité. Maintenant, évidemment, on s'adresse à un public d'enfants donc il n'est pas question du tout d'étaler des choses très complexes. Dans les classes, il y a toujours un très grand planisphère et donc on explique d'où vient l'enfant, parfois le parcours quand on a une petite idée de ce qu'ils ont fait, et puis l'enfant se trouve tout de suite un petit peu mis en avant et se rend compte qu'il est extrêmement intéressant pour tous les autres. Ce n'est pas de la curiosité malsaine au contraire, c'est de la très bonne curiosité et on voit toutes ces histoires qui sont très différentes du quotidien ordinaire de ces enfants qui n'ont connu que l'école française.
Quelle pédagogie appliquez-vous avec ces enfants ? Les objectifs sont-ils différents ?
Dans un premier temps, oui. Ces enfants n'ont pas les clés de l'école française. Ils ont parfois été à l'école dans leur propre pays, mais ce n'est pas toujours le cas. Donc, il faut qu'ils apprennent le fonctionnement de l'école française. On leur dit : "L'école, c'est de telle heure à telle heure". Ça, se passe comme on peut, avec la gestuelle lorsque les enfants ne parlent pas du tout la langue. On leur explique quand on lieu les récréations, à quelle heure les enfants s'arrêtent pour aller à la cantine... Tout ce qui est de l'ordre logistique. Dans les classes "ordinaires", dans lesquelles les enfants reviennent après avoir fait les séances dans les classes d'enseignement adapté, les autres enfants viennent dans un premier temps épauler les enfants primo-arrivants et tout se passe très bien. Je pense aux enfants tchétchènes qu'on a pu avoir, les enfants sri-lankais, avec des cultures très différentes, il n'y a pas du tout de mise au ban. Tout de suite, les enfants sont comme tous les autres enfants, ils ont envie de jouer avec ces enfants-là.
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