Mystérieux cratères en Sibérie : c'est peut-être encore plus grave que ce que l'on croyait
La formation de ces gigantesques trous, qui peuvent atteindre 80 mètres de diamètre, serait liée au réchauffement climatique. Le permafrost fond en été, libérant du méthane, un puissant gaz à effet de serre, hautement explosif.
Le phénomène est aussi spectaculaire qu'inquiétant. L'été dernier, un immense cratère a été repéré en Sibérie, dans la péninsule de Yamal, bordée par l'océan Arctique. Il s'avère que le phénomène n'est pas isolé. Le sol de Sibérie explose, libérant du méthane : une menace pour les habitants. Francetv info revient sur le phénomène, après de nouvelles explications livrées par une équipe de chercheurs.
Près de 80 mètres de diamètre
Juillet 2014. Un hélicoptère survolant la région de Yamal, dans le grand nord sibérien, filme un trou. Un très grand trou (80 mètres de diamètre) qui défigure la toundra, dans une région appelée "la fin de la Terre".
Quelques jours plus tard, un autre trou est découvert, puis un troisième. On apprend que la formation de ces trous serait liée au réchauffement climatique. Le sous-sol sibérien restait autrefois gelé toute l'année, d'où son nom de permafrost. Désormais, il fond et libère du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Comme un bouchon de champagne, la terre saute sous la pression. Et le méthane libéré pourrait intensifier à son tour le réchauffement climatique.
Sept cratères dénombrés
Mais, lundi 23 février, un scientifique russe respecté, Vasily Bogoyavlensky, tire la sonnette d'alarme dans le Siberian Times (article en anglais). Le phénomène est bien plus vaste qu'on ne le pensait. Il invite à mener l'enquête "de toute urgence".
Les chercheurs russes dénombrent sept cratères (désignés comme entonnoirs) dans cette région arctique particulièrement inhospitalière. Deux d'entre eux sont même devenus des lacs et un vaste cratère est entouré d'une vingtaine d'autres trous, plus petits.
En réalité, "nous n'avons la localisation que de quatre d'entre eux. Les trois autres ont été repérés par des éleveurs de rennes, mais je suis sûr qu'il en y a d'autres [dans la région de] Yamal, nous devons juste les chercher, a prévenu Vasily Bogoyavlensky. Je comparerais cela à des champignons : quand vous trouvez des champignons, soyez sûr qu'il y en a d'autres autour. Je pense qu'il pourrait y avoir 20 à 30 cratères de plus."
Le méthane, extrêmement inflammable
Et le chercheur pense que le phénomène pourrait encore s'amplifier avec le réchauffement climatique. Le problème, c'est que l'étude de ces cratères est dangereuse. Personne n'a encore été blessé dans ces régions peu peuplées. Mais, en novembre, une équipe qui s'est rendue sur place a pris des risques : personne ne peut prévoir le moment où est libéré le méthane. Et il est extrêmement inflammable. Des habitants de la région ont affirmé avoir vu un éclair dans la nuit, probablement dû à une émission de gaz. Quatre stations sismiques vont être installées pour enregistrer ces explosions.
Quoi qu'il en soit, "nous devons effectuer des recherches sur ce phénomène urgemment, pour prévenir de potentiels désastres", estime le scientifique. D'autant qu'ils se trouvent dans une région gazière importante pour la Russie. L'un des cratères est apparu à quelques kilomètres d'un champ gazier exploité par Gazprom, explique le Washington Post.
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