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Quand Helmut Kohl voulait "réduire de moitié" la population turque d'Allemagne

L'ancien chancelier s'était confié à son homologue britannique, Margaret Thatcher, en 1982.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Helmut Kohl, au soir de son élection à la Chancellerie, le 1er octobre 1982, à Bonn (Allemagne de l'Ouest).  (MARTIN ATHENSTIDT / DPA)

Ce plan secret n'a jamais été mis à exécution. L'ancien chancelier allemand Helmut Kohl a envisagé un jour de "réduire le nombre de Turcs de 50%", en Allemagne. Il l'avait confié à la Première ministre britannique Margaret Thatcher, lors d'une rencontre à Bonn, alors capitale de l'Allemagne de l'Ouest, le 28 octobre 1982, raconte le Spiegel (en anglais), vendredi 2 août.

L'hebdomadaire allemand cite un compte-rendu d'entretien, estampillé "SECRET" et issu des archives nationales britanniques, déclassifiées au terme du délai légal de trente ans. Le document est rédigé par A.J. Coles, secrétaire de Margaret Thatcher. Les propos d'Helmut Kohl y sont rapportés ainsi : "Le Chancelier a dit qu'au cours des quatre prochaines années, il serait nécessaire de réduire le nombre de Turcs en Allemagne de 50% - mais qu'il ne pouvait pas le dire en public."

"Pas de problème avec les Portugais et les Italiens"

Ce procès-verbal secret, "qui sent le moisi", précise Der Spiegel, ne rapporte pas comment Helmut Kohl, élu depuis tout juste quatre semaines, voulait procéder pour "rapatrier" des milliers d'immigrés turcs vers leur pays d'origine. Mais il visait spécifiquement cette population, "venue d'une culture très distincte et qui ne s'intégrait pas bien". D'après ces documents, le chancelier a assuré que l'Allemagne "n'avait pas de problème avec les Portugais, les Italiens, ni même avec les ressortissants d'Asie du Sud-Est".

En 1982, environ 1,5 million d'immigrés turcs, vivent et travaillent en Allemagne de l'Ouest. Ils sont arrivés à partir de 1961, pour faire face à la pénurie de main d'œuvre. L'année suivante, en 1983, le gouvernement Kohl met en place une aide au retour de quelques milliers de marks. Seuls 100 000 Turcs s'en saisissent, pendant que des dizaines de milliers d'autres entrent par ailleurs en Allemagne. Ils sont aujourd'hui trois millions.

Les immigrés "contribuent au bien-être des Allemands"

Helmut Kohl, lui, a sensiblement changé d'avis sur l'immigration avec le temps. En 1993, le leader de l'Union chrétienne démocrate (la CDU, de l'actuelle chancelière Angela Merkel) a pris son parti à revers en défendant l'attribution automatique de la nationalité allemande aux petits-enfants d'immigrés. Le conservateur a même assuré que l'immigration contribuait "énormément au bien-être des Allemands", notamment en sécurisant les pensions de retraites. En 2000, Helmut Kohl s'est rendu à Istanbul, en Turquie, pour le mariage de son fils, qui a épousé une Turque.

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