Israël-Palestine : trois questions sur la conférence internationale qui se tient à Paris
La conférence de Paris, qui réunit plus de 70 pays et organisations internationales, doit réaffirmer solennellement l'engagement de la communauté internationale pour la solution à deux États. Mais les deux principaux intéressés, dont le dialogue sur la paix est interrompu depuis plus de deux ans, n'y participent pas.
Une conférence internationale sur le conflit israélo-palestinien s'est ouverte dimanche 15 janvier à Paris pour réaffirmer l'engagement en faveur de deux États. Une réunion organisée dans un contexte rendu explosif par le projet annoncé par la future administration américaine de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem. Franceinfo répond à trois questions pour comprendre les enjeux de ce sommet.
Qui participe ?
"Nous sommes ici pour redire avec force que la solution des deux États est la seule possible", a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, en ouvrant la conférence, qui réunit plus de 70 pays et organisations internationales, dont le quartet États-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, des partenaires arabes, européens, les pays du G20 et d'autres acteurs intéressés par la paix. Mais, et c'est tout le paradoxe, pas les parties concernées ! Elle se tient en effet en l'absence du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
La réunion de Paris vaut surtout pour le symbole, à un moment où la perspective de deux États s'évapore compte tenu de la situation sur le terrain, marquée par la poursuite de la colonisation israélienne, les attaques et attentats palestiniens, la radicalisation des discours et la montée des frustrations. Et c'est aussi une façon de prendre date, à cinq jours de l'arrivée à la Maison Blanche du futur président américain Donald Trump, dont l'imprévisibilité angoisse nombre d'acteurs du dossier.
Comment réagissent Israël et l'Autorité palestinienne ?
Si les Palestiniens sont favorables à cette conférence, Israël, violemment opposé à toute approche multilatérale du dossier, n'a de cesse de la dénoncer.
Dimanche, Benyamin Nétanyahou a ainsi qualifié la conférence de "futile". "Elle a été coordonnée par les Français et les Palestiniens avec le but d'imposer à Israël des conditions incompatibles avec nos besoins nationaux", a-t-il estimé. Le gouvernement israélien s'est toujours fermement opposé à cette conférence, assurant que seuls des pourparlers directs avec les Palestiniens pouvaient mettre fin au conflit, l'un des plus vieux au monde. Un ministre israélien a même qualifié la conférence de paix de "procès Dreyfus".
De leur côté, les Palestiniens soutiennent l'initiative de la France, affirmant que des années de négociations avec l'Etat hébreu n'ont pas permis de mettre fin à l'occupation de la Cisjordanie. Le président palestinien, qui avait accepté le format proposé par la France, ne sera reçu que dans un cadre bilatéral à Paris "dans les prochaines semaines" par François Hollande, selon l'Elysée.
Cette conférence peut-elle aboutir sur du concret ?
Pour Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Iremmo), spécialiste de la question palestinienne, est très pessimiste. Interrogé par franceinfo, il distingue trois objectifs possibles : "Ça peut être un rappel de l'urgence de la solution à deux Etats, ça peut être une relance du processus de paix. Ça peut être aussi la mise en place d'un mécanisme de suivi avec un calendrier qui impliquerait des négociations directes avec un environnement international."
Et sur ces trois points, "seul le premier, le plus modeste, pourra être mis en place. A mon avis, il n'y aura pas de relance du processus, pas de suivi. Sauf surprise, il faudra se contenter d'un rappel de l'urgence de la solution à deux Etats", estime ce spécialiste.
François Hollande se dit "lucide" : cette conférence ne relancera pas le processus de paix, mais elle a le mérite de replacer, au moins pour quelques heures, le conflit israélo-palestinien tout en haut de l'agenda international.
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