: Cartes Les jihadistes de l'Etat islamique gagnent-ils du terrain ?
Le groupe continue son expansion en Syrie et en Irak malgré les frappes de la coalition internationale. Mais se trouve-t-il réellement en chemin pour Damas et Bagdad?
Après la prise de Ramadi (Irak) le 18 mai, celle de Palmyre (Syrie) le 21. Après celle de Palmyre, celle du dernier poste frontière entre l'Irak et la Syrie le lendemain. Les conquêtes du groupe Etat islamique (EI) se succèdent sur tous les fronts : en Syrie face aux forces de Bachar Al-Assad et en Irak face à l'armée et aux milices chiites. Et ce malgré, les frappes aériennes conduites par la coalition internationale mise en place par les Etats-Unis depuis l'été dernier et à laquelle participe la France.
Qu'en est-il réellement sur le terrain ? Les récentes prises de l'Etat islamique ne sont-elles que des coups d'éclat qui masquent une situation moins favorable aux jihadistes ? Francetv info a compilé les données de l'Institut pour l'étude de la guerre américain (ISW), qui publie de façon régulière un état des lieux de la situation. A travers quatre animations, du début des frappes de la coalition, en août, aux derniers évènements de mai, suivez l'évolution du territoire contrôlé par l'EI.
Septembre-novembre : l'étau se resserre autour de Kobani
Les frappes de la coalition internationale, qui ont débuté le 8 août 2014 en Irak et le 23 septembre en Syrie, ne semblent produire que peu d'effets durant l'automne. Si les militants de l'Etat islamique reculent légèrement aux alentours de Badgad, ils conservent la majorité des territoires sur lesquels ils exercent leur emprise en Irak. Quant à la situation en Syrie, les jihadistes progressent dans le Nord et assiègent la ville de Kobani, située à la frontière avec la Turquie.
Novembre-janvier : premiers signes de recul de l'EI en Irak
Cette période est un tournant dans l'expansion du territoire contrôlé par les jihadistes. Elle s'incarne dans la féroce offensive des combattants kurdes, les peshmergas, pour briser le siège du mont Sinjar fin décembre, dans le nord de l'Irak. La zone contrôlée par les combattants de l'Etat islamique s'amenuise également sur les rives du Tigre, entre les villes de Mossoul et de Tikrit. Les forces de l'armée irakienne, appuyées par les raids de la coalition, combattent aussi dans le sud-ouest du pays, notamment dans la zone de la ville de Rutba, prise par l'Etat islamique en juin 2014 et qui leur ouvrait la route de la frontière jordanienne.
Si la situation dans le nord de la Syrie ne semble pas évoluer, les jihadistes s'ouvrent toutefois une voie vers le Liban, à l'ouest, et renforcent leur zone d'influence aux alentours de Damas et de Palmyre.
Janvier-mars : l'EI perd la zone de Kobani mais stabilise ses autres positions
C'est sur le front syrien que la situation évolue le plus début 2015. La ville de Kobani est finalement libérée par les combattants kurdes venus de Turquie, après plus de quatre mois de combats. L'Etat islamique s'adapte à cette nouvelle ligne de front et renforce ses défenses au nord de Raqqa, "capitale politique du califat".
Les jihadistes augmentent leurs activités au Liban voisin : ils prennent d'assaut un poste avancé de l'armée près du village chrétien de Ras Baalbek le 23 janvier, et établissent même un tribunal chargé de l'application de la charia dans la région d’Arsal, au nord-est.
Coté irakien, la situation est davantage figée. Les militants de l'EI reprennent toutefois la ville de Rutba, et lancent des attaques à la frontière jordanienne et à la frontière saoudienne, au sud. Les principaux efforts des forces régulières du pays se concentrent autour de la ville de Tikrit, tenue par l'Etat islamique, et dont la prise permettrait à l'armée de se frayer un chemin vers le nord du pays.
Mars-mai : des victoires stratégiques qui masquent des défaites
En Syrie, les jihadistes s'emparent de la ville de Palmyre le 21 mai. Cette victoire est lourde de symbole, et elle présente également un intérêt stratégique non-négligeable pour le groupe, qui pourrait en effet en profiter pour s'ouvrir la route de Damas. L'EI prend également le contrôle du dernier poste frontière qui le séparait de l'Irak, et contient les forces kurdes au nord.
La situation est plus complexe en Irak. La prise de Ramadi, qui ouvre aux jihadistes la route vers Bagdad et leur permet de relier les territoires irakien et syrien, témoigne clairement de la faiblesse des forces irakiennes et de l'inefficacité de la coalition internationale, qui n'intervient toujours que sous la forme de raids aériens. Cette combinaison a toutefois porté ses fruits début avril, avec la reprise de la ville stratégique de Tikrit des mains des jihadistes.
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