Le témoignage choc d'une ado française, arrêtée alors qu'elle partait en Syrie
A 15 ans, Léa était sur le point de partir faire le jihad. Interceptée par les autorités françaises, elle raconte son expérience dans le "Nouvel Observateur".
"Un jour on m'a dit : c'est mort, avec ce que tu as sur le dos, tu ne pourras jamais venir, alors maintenant il faut passer à l'acte en France." Elle n'a que 15 ans, mais son témoignage est bouleversant et effrayant. Bonne élève, Léa* a grandi dans une famille aisée et non croyante. Mais en seulement deux mois, elle s'est laissée emporter dans une spirale infernale. Direction : la Syrie.
"Un jour où je ne me sentais pas très bien, j'ai laissé sur ma page Facebook un message disant que j'aimerais pouvoir me faire pardonner toutes mes bêtises, raconte Léa dans Le Nouvel Observateur, mercredi 1er octobre. Des gens m'ont ajoutée dans leurs amis et puis ils sont venus me parler. Comme j'avais écrit que je souhaitais devenir infirmière, ils m'ont dit que je pouvais venir aider en Syrie, pour faire de l'humanitaire."
"Ils m'ont expliqué qu'il fallait que j'aille en Turquie..."
Au fil des jours, les choses vont de plus en plus loin. De plus en plus de gens – des militants intégristes – s'adressent à elle sur Facebook. A force de messages et de vidéos, Léa finit par être convaincue que son devoir est de rejoindre la Syrie pour aider les populations opprimées. "C'est très facile de trouver des passeurs. On les appelle, ou on leur donne un numéro de téléphone sur internet. Ils m'ont expliqué qu'il fallait d'abord que j'aille en Turquie, que je me marie là-bas, puis que je tombe enceinte pour qu'on puisse m'emmener en Syrie avec l'enfant", raconte la jeune fille dans les colonnes du Nouvel Obs.
Un jour, un "mari" est effectivement désigné. Un rendez-vous avec des passeurs est fixé. Mais au dernier moment, les parents de Léa découvrent avec effarement le contenu de son ordinateur. L'ado est placée sous mesure éducative par un juge pour enfants. Il lui est désormais interdit de quitter le territoire français. Auprès de ses proches, de ses amis, de sa famille, Léa fait croire qu'elle a renoncé à ses idées. En réalité, elle continue à recevoir des messages et des coups de téléphone de ses recruteurs jihadistes. La jeune fille est sur écoute.
"Ils nous pressent pour faire des attentats à la Merah"
"Un jour on m'a dit : 'C'est mort, avec ce que tu as sur le dos, tu ne pourras jamais venir, alors maintenant il faut passer à l'acte en France.' Ils ont commencé à me montrer des vidéos des enfants morts en Palestine, à me parler de la nécessité d'agir contre les juifs... Quand on est fiché à la frontière, ils nous mettent la pression pour qu'on fasse des attentats kamikazes ou 'à la Merah'. C'est une femme qui m'en a parlé la première. J'avais trouvé le lieu, le moyen de me procurer des armes." En septembre, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) décide d'intervenir.
Il y a quelques jours, raconte L'Obs, Léa a tout raconté lors d'une intervention du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'Islam (CPDSI). Et a pris conscience de son endoctrinement. "J'ai du mal à assumer que je me suis fait avoir, confie-t-elle au Nouvel Obs. Je m'en veux beaucoup pour ça, d'avoir pu moi aussi entraîner d'autres filles sans le faire exprès, même des plus petites que moi... Maintenant, certaines vont mourir là-bas, en Syrie ou en Irak, et peut-être à cause de moi..."
*Pour des raisons de sécurité, le prénom de la jeune fille a été modifié par Le Nouvel Observateur.
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