Qui sont les Français qui ont rencontré Bachar Al-Assad ?
Quatre parlementaires se sont rendus en Syrie mercredi. Avec, dans leur sillage, trois personnages aux étonnants parcours.
"J'adore discuter avec le diable, parce qu'il est intelligent". Le député UMP Jacques Myard, sourire en coin, se félicitait, mercredi 25 février, de sa rencontre avec Bachar Al-Assad. Pourtant, au lendemain de cette visite syrienne, l'initiative suscite de plus en plus d'interrogations. Le Monde a notamment remarqué que les quatre parlementaires n'étaient pas seuls à se rendre à Damas. Dans leur sillage se trouvaient d'autres personnes moins connues du grand public. Mais qui était dans cette délégation ?
Quatre parlementaires
Jacques Myard, député UMP et maire de Maisons-Laffitte (Yvelines), est peut-être le personnage le plus connu de cette visite. Il est connu pour son orientation souverainiste et intervient très souvent sur les questions internationales. Il est d'ailleurs membre de la commission des Affaires étrangères.
En plus, il est actuellement membre de la commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus jihadistes et de la délégation parlementaire au renseignement. Il est aussi vice-président des groupes d'amitié Irak, Jordanie, Syrie et Turquie.
Interrogé par Sud Radio, il a estimé que "la France est en train de saborder ses intérêts au Proche-Orient. A un moment, trop c'est trop. Il nous faut réexaminer notre politique au Proche-Orient."
Jean-Pierre Vial. Sénateur de Savoie, avocat, il est aussi vice-président du Conseil général de Savoie. Membre du RPR puis de l'UMP, il a fait l'essentiel de sa carrière politique en Savoie. Il est membre de la commission des Lois et fait aussi partie du groupe France-Syrie au Sénat. Il préside enfin le groupe France-Italie.
François Zocchetto est le sénateur-maire UDI de Laval (Mayenne). Lui aussi est avocat. Il avait été le candidat centriste pour la présidence du Sénat en 2014. Au Sénat, où il est élu depuis 2001, il est membre de la Commission des Lois et du groupe France-Syrie. Il préside le groupe Union des démocrates et indépendants.
"Nous sommes ici pour collecter des informations et si, en temps de guerre, il y a évidemment beaucoup de choses regrettables qui se passent, il ne nous appartient pas d'en parler ici", s'est expliqué François Zocchetto. Il a ajouté qu'"il est impossible de vouloir aborder la question du terrorisme en France sans étudier, sans s'informer sur cette même situation du terrorisme au Proche-Orient et en particulier en Syrie. Donc si nous sommes ici, c'est aussi dans l'intérêt de la France".
Gérard Bapt était le seul socialiste du groupe. Député de Haute-Garonne, il est surtout spécialiste des questions de santé et de Sécurité sociale. Ce médecin de formation est connu pour avoir joué un rôle dans la dénonciation du scandale du Mediator, soutenant la pneumologue Irène Frachon. Même s'il est président du groupe d'amitié France-Syrie, il intervient plus rarement sur les questions internationales. Il est également membre du groupe d'études des chrétiens d'Orient.
Même s'il s'est rendu à Damas, il n'a pas rencontré le président syrien. "Je n'ai pas rencontré Bachar Al-Assad", a-t-il affirmé. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a promis qu'il serait sanctionné."L'urgence est à diminuer les souffrances civiles", a plaidé Gérard Bapt sur France Inter :
Trois mystérieux accompagnateurs
Stéphane Ravion. Le Monde a remarqué, sur les clichés diffusés par la présidence syrienne, que les parlementaires n'étaient pas seuls. La présidence, qui a largement communiqué sur cette visite, affirme que, dans les rangs de la délégation, se trouvait Stéphane Ravion.
Il est présenté comme conseiller à la sécurité de l'ambassade de France à Beyrouth. "Un titre usurpé selon la représentation française au Liban, qui affirme que M. Ravion ne fait pas partie de son personnel", écrit Le Monde. Le Point présentait en 2008 cet ancien journaliste comme ayant pu travailler "pour Alain Juillet, patron du renseignement à la DGSE". Il aurait aussi eu des liens avec le patron des RG, Yves Bertrand. Un compte LinkedIn présente un homme nommé Stéphane Ravion comme "conseiller en affaires stratégiques" et ayant travaillé au Liban, en Irak, au Gabon ou encore en Côte d'Ivoire.
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Patrick Barraquand est un autre accompagnateur des parlementaires cité par la présidence syrienne. "M. Patrick Barraquand est présenté par Damas comme un 'inspecteur général du ministère de la Défense français' et le 'secrétaire général de la commission gouvernemental pour l’Union pour la Méditerranée' (UPM). Deux imputations erronées là encore", écrit encore Le Monde.
Fonctionnaire à Bercy, Patrick Barraquand est un proche d'Henri Guaino. Normalien, il a occupé des postes à responsabilité à Eurocopter et Safran, à Moscou.
Enfin, la présidence syrienne parle de Jérôme Toussaint. Selon Le Monde, il est "âgé d'une quarantaine d'années et étiqueté à droite, il a travaillé dans les années 2000 à l'association des maires de France et au cabinet du maire de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine. Aux législatives de 2012, il a été le suppléant d'une candidate UMP, à Saint-Nazaire, qui a été battue au premier tour."
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