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Crise en Corée du Nord : "Le plus irrationnel des deux dirigeants, c’est Donald Trump"

L'historienne Juliette Morillot était l'invitée de franceinfo samedi. Elle a évoqué la parade militaire géante en Corée, censée montrer sa force au monde entier, et particulièrement aux États-Unis de Donald Trump.

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Le président des États-Unis Donald Trump au téléphone avec Vladimir Poutine, le 28 janvier 2017. (PETE MAROVICH / PETE MAROVICH - POOL VIA CNP)

La Corée du Nord célèbre le 105e anniversaire du premier dirigeant nord-coréen Kim Il-sung, depuis la séparation des 2 Corées en 1953. Le pays a organisé une parade militaire géante destinée à montrer sa force. Le président américain Donald Trump a envoyé vers la péninsule coréenne un groupe aéronaval articulé autour du porte-avions Carl Vinson après avoir promis jeudi de "traiter" le "problème" nord-coréen.

"Nous sommes prêts à répliquer à toute attaque nucléaire par une attaque nucléaire à notre façon", a déclaré le numéro 2 du régime nord-coréen, Choe Ryong-Hae lors d'une cérémonie précédant le défilé militaire. Selon Juliette Morillot, historienne et experte de la péninsule coréenne, la parade militaire nord-coréenne est "une réponse directe de Pyongyang à Donald Trump". La Corée du Nord "se sent menacée".

franceinfo : Cette parade militaire résonne-t-elle différemment vu le contexte de tensions avec Washington ?

Juliette Morillot : Oui évidemment, c’est une réponse directe de Pyongyang à Donald Trump. C’est pour répondre aux menaces. La Corée du Nord n’attaquera jamais en premier. Pyongyang a présenté un missile-sol balistique lors de la parade militaire. C’est pour dire : nous avons des missiles balistiques intercontinentaux, du dernier cri, avec un système d’allumage à fuel solide, très pointu. C’est pour montrer que la Corée du Nord ne se laissera pas menacer impunément.

Il y a eu également des manœuvres militaires conjointes des Américains et des Sud-Coréens ces derniers jours, comment cela a-t-il été perçu par Pyongyang ?

Comme une menace directe. Quand on est à Pyongyang, on constate que le pays se sent menacé par les États-Unis et est en état de guerre. Ce n’est pas la première fois qu’il y a ces manœuvres militaires et tous les ans, à la même époque, la Corée du Nord procède soit à des essais nucléaires, soit à des démonstrations de force. Ce qui change aujourd’hui et rend la situation volatile, c’est la réaction des États-Unis qui change de la patience stratégique de Barack Obama.

Les Etats-Unis considèrent d’ailleurs l’actuel dirigeant nord-coréen comme un personnage irrationnel, un "forcené" selon Nikki Haley, l’ambassadrice américaine des droits de l’Homme à l’ONU. Ces mots attisent-ils les tensions ?

Moi, je dirais paradoxalement aujourd’hui que la Corée du Nord n’est pas irrationnelle du tout. Si elle était si irrationnelle, elle ne serait plus sur cette planète depuis longtemps, le pays aurait déjà été attaqué. La Corée du Nord possède déjà l’arme nucléaire. Ce que souhaite le pays, c’est sa propre survie. Pour l’instant, le plus irrationnel des deux dirigeants nord-coréen et américain, c’est Donald Trump. Attaquer la Corée du Nord, c’est mettre en danger la péninsule. La capitale sud-coréenne, soit 24 millions d’habitants est à moins de 40 kilomètres de la frontière. La seule solution est le dialogue. Selon moi, le véritable danger serait un dérapage de dernier moment. Mais je pense que Donald Trump, même s’il montre ses muscles, est tout de même conseillé par des généraux. La Corée du Sud et le Japon sont contre une intervention américaine. Donc un dérapage déclencherait un cataclysme trop grave, et je suis sûre que les États-Unis sont prêts à cela.

Juliette Morillot : La Corée du Nord "se sent menacée".

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