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Présidentielle américaine : les affaires du businessman Donald Trump battent de l'aile

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, accompagné de sa famille, inaugure un hôtel à Washington D.C. (Etats-Unis), le 26 octobre 2016. (MANUEL BALCE CENETA / AP / SIPA)

Depuis le début de la campagne, le nom du milliardaire est devenu trop lourd à porter pour ses entreprises, ses partenaires et ses clients.

En pleine campagne présidentielle, Donald Trump a trouvé le temps de jouer les VRP. Le candidat républicain à la Maison Blanche a inauguré, mercredi 26 octobre, son nouveau palace de Washington D.C., symbole selon lui de son succès immobilier. Pourtant, ces derniers mois, la carrière politique du milliardaire et les polémiques qu'il a suscitées ont souvent pesé sur la santé de ses affaires, à en croire les récits des médias américains. Franceinfo vous donne quatre exemples qui montrent que les activités traditionnelles de la marque Trump battent de l'aile.

Des chambres à prix cassé

Sur le papier, le dernier hôtel de Donald Trump a tout plaire. Installé dans un ancien bâtiment des postes, à deux pas de la Maison Blanche, l'établissement cinq étoiles propose de belles chambres et des suites de 159 m², marbre italien dans les salles de bain inclus. Pourtant, les affaires ne semblent pas décoller. Avant même l'ouverture, en septembre, les grands chefs José Andrés et Geoffrey Zakarian ont abandonné l'idée d'installer l'un de leurs restaurants au sein de l'hôtel.

L'entrée de l'hôtel de Donald Trump à Washington D.C. (Etats-Unis), le 25 octobre 2016. (BETH J. HARPAZ / AP / SIPA)

Le public n'est visiblement pas pressé de découvrir l'établissement. Début octobre, alors que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international tenaient congrès, des chambres étaient encore disponibles et bradées à moitié prix, raconte le New York Magazine (en anglais). Comptez 400 dollars (environ 366 euros) seulement pour loger dans une chambre deluxe. Pendant ce temps, tous les hôtels de même catégorie étaient complets à Washington D.C., précise le magazine.

"Les nouveaux protestataires qui défient Donald Trump", ce sont "ses clients", commente le New York Times (en anglais). Une agence de voyage en ligne, Hipmunk, a constaté que les réservations dans les hôtels Trump ont baissé de 58 % sur son site durant le premier semestre. Un autre voyagiste spécialisé dans le luxe, cité par Bloomberg (en anglais), évoque une baisse de 29 %. Des chiffres contestés par le groupe Trump, qui assure que ces sites "ne donnent pas une représentation exacte de notre performance".

Des locataires gênés

Sur les rives de l'Hudson, à New York, le nom s'affiche en lettre d'or sur les façades des immeubles : TRUMP PLACE. Plus pour très longtemps. Face à la colère des locataires, ces propriétés immobilières seront bientôt débaptisées, raconte le New York Times (en anglais). Les portiers et les concierges se sont même fait prendre leurs mesures, pour que soient confectionnés de nouveaux uniformes, sans le nom du milliardaire.

Un immeuble au nom de Donald Trump à New York (Etats-Unis), le 25 janvier 2016. (SIPANY /SIPA)

Une pétition a été lancée parmi les résidents. La fronde est menée par Linda Gottlieb, une productrice qui vit dans un appartement à 8 900 euros par mois. "Ecouter Trump parler de tripoter des femmes et voir son nom au-dessus de ma résidence, c'en était trop, explique cette démocrate. Il était temps de dire que l'on ne voulait plus vivre dans un immeuble portant son nom, ou dans un pays subissant sa présidence." Trois cents personnes ont signé son appel.

Une nouvelle marque passe-partout

Le nom Trump fait-il désormais peur ? Au cours de ces dernières années, Donald Trump a apposé son patronyme sur tout un tas de produits : ses hôtels et ses propriétés immobilières, un magazine, une compagnie aérienne, un jeu de société, du vin et même des steaks. En pleine campagne, après sa victoire lors des primaires républicaines, le candidat a même fait la promotion de certains de ces produits lors d'une conférence de presse. "Les téléspectateurs auraient pu se croire sur la chaîne du télé-achat", plaisante même la radio NPR (en anglais).

Pourtant, fin septembre, le groupe a dévoilé une nouvelle marque pour ses futurs hôtels, beaucoup plus passe-partout : Scion. Dans un communiqué (PDF en anglais), sa fille, Ivanka Trump, affirme que ce choix est "un clin d'œil à la famille Trump et à son incroyable succès", puisque Scion signifie "descendant d'une remarquable famille". Pourquoi avoir changé de marque, dans ce cas ? Raison officielle invoquée : pour "faire une distinction claire entre nos marques luxe et lifestyle". "Nos affaires se portent mieux que jamais", assure même la vice-présidente de l'entreprise. Donald Trump n'en en tout cas pas le premier à choisir Scion. Ce nom est également utilisé par Toyota, mais le constructeur automobile a commencé à abandonner la marque, en raison de ventes en déclin, explique Bloomberg (en anglais). Pas un très bon augure.

Des contrats annulés

Si le cœur du métier de Donald Trump est affecté par sa campagne, ses activités annexes le sont aussi. Après avoir violemment attaqué le Mexique et ses ressortissants dès son entrée en lice, en juin 2015, le milliardaire a rapidement perdu plusieurs juteux contrats, rappelle Fortune (en anglais). Le réseau de télévision américain en espagnol, Univision, a dans la foulée annoncé annuler la diffusion du concours Miss USA, propriété de Donald Trump. Décision suivie par NBC.

Le groupe audiovisuel était pourtant associé à l'homme d'affaires depuis de longues années, et a même contribué à son rayonnement, en assurant la diffusion de sa télé-réalité à succès, "The Apprentice". L'émission continue désormais, sans son ancienne gloire. Les chaînes de magasins Macy's et Lifestyle – la seconde est notamment implantée au Moyen-Orient – ont également retiré des produits Trump de leurs rayons. Les produits du milliardaire ne seront plus en tête de gondole.

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