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Juifs, port d'armes et président musulman : la campagne du républicain Ben Carson dérape aux Etats-Unis

Le candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle américaine multiplie les sorties hasardeuses, notamment sur l'Holocauste.

Article rédigé par Benoît Zagdoun, Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle américaine, Ben Carson, le 9 octobre 2015 devant le National Press Club à Washington (Etats-Unis). (PAUL J. RICHARDS / AFP)

La campagne des primaires républicaines pour la présidentielle américaine de 2016 n'est pas avare en polémiques. Après les sorties de Donald Trump, toutes plus sulfureuses les unes que les autres, voici celles de son principal adversaire, Ben Carson. 

Le neurochirurgien à la retraite, actuellement deuxième des sondages, derrière le milliardaire et devant treize autres concurrents, a notamment fait un parallèle plus qu'audacieux, jeudi 8 octobre, entre le débat sur le port d'armes aux Etats-Unis et l'extermination de millions de juifs sous l'Allemagne nazie. Francetv info revient sur cinq de ses récentes prises de positions controversées.

Si les juifs avaient eu des armes, ils auraient évité la Shoah 

Jeudi, Ben Carson s'exprime sur CNN. Fervent défenseur du port d'armes, il y compare les tenants d'une réglementation plus ferme sur les armes à feu aux Etats-Unis aux régimes totalitaires, en particulier aux nazis. Il suggère que si les Allemands - et en premier lieu les juifs d'Allemagne - avaient été armés sous le Troisième Reich, l'Holocauste n'aurait peut-être pas eu lieu, car ils auraient pu se défendre.

Vendredi, Ben Carson est interrogé sur ces propos au National press club de Washington. Et il s'explique. "Ce que je voulais dire", déclare le conservateur de 64 ans, "c'est que lorsque des tyrannies s'instaurent, elles essaient de désarmer le peuple d'abord, et c'est exactement ce qui s'est passé en Allemagne dans les années 1930". C'est pourquoi, poursuit-il, "cela n'arrivera jamais aux Etats-Unis : parce que les [Américains] sont armés".

Il faut des tireurs entraînés sur les campus et dans les écoles

Quelques heures seulement après une nouvelle fusillade sur un campus universitaire de l'Arizona qui a fait un mort et plusieurs blessés, vendredi, Ben Carson a fait devant la presse des propositions osées pour, espère-t-il, prévenir de nouveaux drames.

Il a fait valoir que c'était "probablement une bonne idée de s'assurer que dans les endroits où il y a des personnes vulnérables, il y ait des personnes qui soient entraînées" pour pouvoir répliquer aux tireurs lors d'une fusillade. Il pourrait s'agir de "policiers, de militaires". "Certains professeurs pourraient même être en capacité de le faire", a-t-il développé. Et d'ajouter : "Je me sentirais bien mieux si je savais que mon enfant allait dans une école où il y a des personnes qui peuvent le protéger si quelqu'un comme ça entrait." 

Un argument classique des militants du port d'armes aux Etats-Unis, selon lesquels des citoyens eux-mêmes armés sont la meilleure défense contre les tireurs fous. Mais cette théorie reste plus que controversée, souligne notamment le site Slate (en anglais).

Aucun musulman ne devrait devenir président des Etats-Unis

Ben Carson, qui évoque régulièrement sa foi chrétienne dans ses discours, est par ailleurs revenu vendredi sur une autre polémique qu'il avait suscitée. Le mois dernier, il avait estimé qu'aucun musulman ne devrait devenir président des Etats-Unis. L'islam, avait-il estimé, n'est pas en adéquation avec la Constitution américaine.

"Quiconque dont les croyances ne sont pas conformes à la Constitution et qui n'a pas la volonté de s'y conformer, pourquoi cette personne deviendrait-elle le leader de ce pays ?" a-t-il maintenu. Les fondateurs de la nation, a invoqué Ben Carson, ne voulaient pas prendre "le moindre risque de placer [à la tête de l'Etat] quelqu'un qui pourrait avoir une loyauté divisée".

Les pyramides d'Egypte n'ont pas été construites pour les pharaons

Autre affirmation motivée par sa foi chrétienne : les pyramides ne sont pas des sépultures pour les pharaons. Il s'agirait en réalité de greniers à grain bâtis par Joseph, le personnage biblique, selon une déclaration de Ben Carson en 1998.

"Désormais, les archéologues pensent qu'elles furent construites pour servir de tombeau aux pharaons. Mais, si on n'y pense bien, cela voudrait dire alors que ces pharaons seraient vraiment énormes", a estimé le médecin lors d'une cérémonie de remise de diplômes à l'université Andrews, en 1998. L'établissement est lié à l'Eglise adventiste du septième jour, un mouvement protestant évangélique conservateur.

Certains vaccins ne seraient pas nécessaires

Ben Carson a été largement critiqué pour une série d'affirmations sur la vaccination, lors du deuxième débat républicain, le 16 septembre. Le neurochirurgien pédiatrique a estimé que l'on "donne probablement trop de [vaccins] sur une période trop courte", rapporte CBS (en anglais). "De nombreux pédiatres le reconnaissent et je pense que diminuer le nombre et le rythme des vaccinations est une bonne idée", a-t-il poursuivi. 

"Il n'y aucun programme d'immunisation 'alternatif', a rétorqué la directrice de l'Académie américaine de pédiatrie, citée par CBS. Repousser les vaccins revient à exposer les enfants au risque d'attraper une maladie pendant une plus longue période. Cela ne rend pas la vaccination plus sûre."

Ben Carson a, en outre, mis en doute la nécessité d'administrer certains vaccins aux enfants. "Certains vaccins sont très importants – ceux qui peuvent prévenir [les maladies] mortelles ou handicapantes, a-t-il déclaré lors du débat, selon Forbes (en anglais). Il y en a une multitude d'autres qui ne rentrent pas dans cette catégorie et on devrait pouvoir avoir le choix dans ces cas-là."

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