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Nucléaire franco-chinois : le mystérieux accord entre Areva, EDF et la Chine

Un accord signé fin septembre entre EDF, Areva et la compagnie chinoise CGNPC suscite des inquiétudes sur un éventuel transfert de technologie nucléaire à la Chine. Un responsable d'EDF a annoncé des accords complémentaires sur la propriété intellectuelle. 

Article rédigé par franceinfo
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Le site nucléaire du Tricastin (Drôme). (MATTHIEU COLIN / HEMIS / AFP  )

La France et la Chine, partenaires nucléaires. Le gouvernement a donné son feu vert à EDF pour signer un accord avec la Chine sur le nucléaire, selon le directeur de la production de l’entreprise, Hervé Machenaud, qui l'affirme dans un entretien au Parisien jeudi 27 décembre. Avec en filigrane, la question sensible d'un éventuel transfert de technologie française à son partenaire. 

Un accord confidentiel entre EDF, Areva et CGNPC

Signé en marge du C8 - le groupement d'industriels nucléaires -, cet accord aux contours mystérieux a été passé entre EDF, Areva et China Guangdong Nuclear Power Company (CGNPC) en octobre 2012. Il est supposé permettre le développement d'un nouveau réacteur de 1 000 mégawatts commun aux trois signataires, selon EDF. Mais son contenu reste flou. Validé par le gouvernement français, il sucite des craintes sur d'éventuels transferts de technologie nucléaire à la Chine, dans un domaine éminemment sensible. 

La question sensible des transferts de technologie

Hervé Machenaud affirme que les craintes liées à un éventuel transfert de technologie sont "infondées". Il estime même que "le nucléaire français a tout intérêt à ce que les ingénieurs du monde entier viennent dans nos centrales". Enfin, il juge que "montrer du doigt nos partenaires chinois ne crée pas un environnement psychologique favorable". Pour calmer la polémique, un autre responsable d'EDF, cité par l'AFP, a tout de même annoncé que des accords "complémentaires" sur la propriété intellectuelle seraient signés entre Areva et CGNPC. 

En parallèle, le gouvernement français dresse un bilan des relations passées entre la France, EDF, Areva et la Chine, selon l’AFP. Il s’agit de vérifier si l’Etat a toujours la mainmise sur la stratégie nucléaire de ses entreprises.

EDF soupçonné d'avoir joué en solitaire

Comme le révélait Le Canard enchaîné mercredi 26 décembre, le président d’EDF, Henri Proglio, avait pris l'initiative d’un accord nucléaire fin 2011 avec son homologue chinois CGPNC, sans en avertir le constructeur français de centrales Areva. L'accord avait été bloqué par l’ancien ministre de l'Economie François Baroin. Areva avait finalement été invité à la table des discussions avec EDF et CGNPC, lors du Comité de politique nucléaire sous l'autorité de François Hollande, fin septembre 2012.

L'Inspection générale des finances a décidé d'engager "il y a quelques jours" une enquête pour éclaircir les conditions de l'accord signé en 2011, selon les informations du Canard enchaîné. Henri Proglio doit justement présider la semaine prochaine un comité de la stratégie d'EDF. A-t-il agi dans le dos de l'Etat ? S'est-il affranchi du partenaire Areva ? Cette sorte d'antichambre du conseil d'administration, qui réunit quelques membres dont des représentants de l'Etat et des salariés, lui a en effet demandé des explications. 

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