Paris. La première "Black Fashion Week" controversée
Une Française d'origine sénégalaise a décidé d'organiser une semaine de la mode pour faire connaître la création noire.
SOCIETE - Un défilé avec des vêtements de haute-couture de créateurs noirs, d'Afrique ou vivant en France, en Haïti ou aux Etats-Unis, pour "faire connaître la création noire contemporaine au-delà des frontières africaines". C'est l'objectif de la première "Black Fashion Week" (Semaine de la mode noire), qui a débuté à Paris vendredi 5 octobre dans la soirée et s'achèvera samedi. Mais l'initiative est aussi controversée.
"Pourquoi pas une White [blanche] Fashion Week me demandent certains ! Mais la Fashion Week parisienne est déjà white !" s'amuse Adama Ndiaye, alias Adama Paris. Cette Française d'origine sénégalaise est à l'origine de cette manifestation. Elle organise aussi la Semaine de la mode de Dakar depuis dix ans. "Nous voulons simplement faire connaître, au-delà des frontières africaines, des créateurs très connus en Afrique ou dans leur pays, mais qui n'ont pas accès au marché international", explique-t-elle.
Un défilé perçu comme "sectaire"
Jean-Jacques Picart, consultant renommé de la mode et du luxe, est dubitatif. "Pour moi, le talent n'a ni couleur ni nationalité. S'il s'agit d'une mode folklorique, typiquement africaine, pourquoi pas. Mais si ces créateurs ont pour ambition d'habiller les femmes de la planète, alors c'est sectaire", argue-t-il.
"Noir ou pas, accéder à un premier défilé relève du parcours du combattant et coûte cher même si le talent, quand il existe, se repère et fait très vite du buzz", relève un agent artistique sous couvert de l'anonymat.
"En France le mot black pose problème"
"Pour les mannequins, en majorité noires, c'est aussi l'occasion de défiler car la plupart des podiums font appel à des blanches, plus chères", souligne pour sa part Adama Paris. "Il n'y a qu'en France que le mot black pose problème. Ailleurs, exprimer sa différence n'en pose pas", déplore-t-elle, évoquant la "Black Fashion Week" de Prague (novembre 2011) et celles à venir de Montréal (novembre 2012) et de Salvador de Bahia, au Brésil (mars 2013).
"Cette mode n'est pas faite par des Noires pour des Noires. C'est paradoxalement une mode multiculturelle, très variée et très instinctive, qui n'est pas codifiée contrairement à la mode internationale avec ses couleurs et ses tendances", estime-t-elle aussi.
Vendredi soir, les premiers défilés, auxquels a assisté le chanteur et ministre sénégalais du Tourisme Youssou N'Dour, ont effectivement dévoilé une très grande variété de coupes et de matières, selon l'AFP. Une mode contemporaine a été mêlée à des rappels de vêtements traditionnels.
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