Pas touche à mon absinthe, dit la Suisse

EUROPE - La Suisse a décidé de protéger la Fée verte, la Bleue et l'Absinthe. Ces trois eaux-de-vie y ont reçu, jeudi 16 août, l'appellation IGP (Indication géographique protégée) par l'Office fédéral de l'Agriculture de Berne, la capitale du pays. Cette protection juridique ne sera autorisée que pour une eau-de-vie fabriquée sur place dans un périmètre précis, le Val-de-Travers, tout comme la France le fait pour son champagne.

Concrètement, du fait de cette IGP, tout produit dénommé "absinthe", "Fée verte" ou "la Bleue" et distillé ailleurs que dans le Val-de-Travers, dans le canton francophone de Neuchâtel (non loin de la frontière française) est interdit de vente et d'importation en Suisse, voire en Europe. Cette décision peut être attaquée en justice devant le Tribunal administratif fédéral suisse dans un délai de 30 jours. Mais "il y a peu d’espoir qu'il aboutisse", affirme Libération.

La France opposée à cette appellation

Du fait de cette décision suisse, les fabricants étrangers d'absinthe devraient trouver une nouvelle appellation à leur produit, ce qui pourraient entraîner des pertes de part de marché. Durant l'instruction du dossier, qui a pris presque deux ans, la Suisse a "eu des oppositions de la part de la France, de l'Autriche, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne", a indiqué une porte-parole de l'Office. Au total, quelque 42 oppositions ont été déposées, dont 20 venant de l'étranger. 

Pour les Français, la capitale historique de l'absinthe est Pontarlier (Doubs)... non loin de la frontière suisse et du Val-de-Travers. On estime que la France compte une quinzaine de producteurs d'absinthe, fabriquant 700 000 litres par an de ce breuvage dont de nombreux artistes et écrivains, comme Baudelaire et Van Gogh, ont fait la réputation. De son côté, la Suisse a produit 65 000 litres d'absinthe en 2011. Interdite pendant presque cent ans en France en raison de son degré d'alcool très élevé, l'absinthe a été à nouveau autorisée en 2010.