Patrimoine : pillage en règle dans les demeures françaises
Il a enfin pu divorcer.
Le dossier de cette édition sur le marché très lucratif de l'exportation d'ornements de vieilles demeures françaises. Dans de nombreux villages, d'anciennes maisons sont abandonnées mais les trésors qu'elles renferment, boiseries et surtout cheminées, sont particulièrement convoitées. Ces ruines inhabitables sont souvent rachetées pour une bouchée de pain dans Ié seul but d'être dépouillées leurs décorations intérieures. Des pièces ensuite revendues sur le marché des antiquaires et souvent destinées à de riches amateurs étrangers.
C'était un joyau de la Renaissance, dans la Haute-Marne, avec des richesses cachées, mais aujourd'hui, 82 demeures anciennes de Joinville dépérissent. C'est en toute légalité, que, derrière cette porte, le propriétaire lui-même a récupéré tout ce qui était vendable, au grand désespoir du responsable de l'urbanisme.
Cet immeuble est l'illustration de ce qu'est un dépeçage. Disparition des tomettes, cheminées, boiseries et parquets.
Cette vieille bâtisse avait été achetée dans le seul but d'être complètement désossée, puis abandonnée. Le pillage légal n'a pas été complètement fini.
Ils ont cassé cette cheminée Louis XVI et l'ont laissée sur place. Sa valeur est de 10.000 euros, le prix d'achat de l'hôtel particulier. Un crève-coeur pour les habitants, qui ont vu leur patrimoine tomber aux mains des spéculateurs.
On a laissé des personnes acheter des maisons. Ils les ont vidées et ils sont partis.
Où vont ces ornements intérieurs ? Chez des antiquaires. Celui-ci a accepté de nous ouvrir ses portes. Beaucoup de ses clients, étrangers pour la plupart, sont à l'affût de pièces anciennes.
C'est la caverne d'Ali Baba. La différence, c'est que 40 voleurs accompagnaient Ali Baba. Ces objets ont été acquis dans des conditions légales.
Cette cheminée Renaissance achetée 60.000 euros est vendue 190.000. Comme la plupart des pièces de plus de 100 ans exposées ici, elle a un certificat d'exportation du ministère des Affaires culturelles.
Nous faisons l'objet de contrôles réguliers de la gendarmerie, de la police, des douanes.
Il y a dans ces entrepôts des pièces épinglées.
Voici la cheminée en pierre.
Elle a été récupérée il y a 4 ans, dans une dépendance du château de Hombourg en Moselle, qui est classé monument historique.
J'ai appris que la cheminée ne devait pas être vendue. Je la maintiens ici en stock jusqu'à la décision de la justice.
Au ministère de la Culture, les responsables du patrimoine avouent leur impuissance, et seuls les monuments historiques, et certains quartiers classés sont protégés par la loi.
Il a des moments où la protection du patrimoine se heurte aux prérogatives du propriétaire : on doit composer.
A Joinville, le maire a lancé un chantier de réinsertion de jeunes chômeurs pour sauver un hôtel XVIIIe. C'est sur ses épaules que repose l'avenir du centre historique.
Le rôle d'une municipalité est de sauvegarder le patrimoine. C'est notre histoire, notre identité.
Boiseries, parquets et cheminées sont ici préservées, mais c'est une opération ponctuelle.
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