Six personnes ont été placées en garde à vue après les débordements lors de La Manif pour tous
Quatre-vingt dix-huit personnes ont été interpellées dimanche à Paris, en marge du rassemblement des opposants à l'ouverture du mariage aux couples homosexuels.
Bilan d'une journée agitée de Manif pour tous. Au total, 98 personnes ont été interpellées et 6 ont été placées en garde à vue pour des violences sur des agents de police, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, lundi 25 mars sur RTL. Une trentaine de policiers et de gendarmes ont été légèrement blessés, dont certains par des jets de boulons.
Un mois après l'adoption du texte à l'Assemblée nationale, ils étaient tout de même 300 000 à battre le pavé selon la préfecture de police, 1,4 million selon les organisateurs. Cette manifestation des opposants au mariage des homosexuels a été bien plus mouvementée que les précédentes, notamment au niveau de la place de l'Etoile, à Paris, où des policiers barraient l'accès aux Champs-Elysées, interdits à la manifestation. Les forces de police ont utilisé des gaz lacrymogènes de nombreux militants.
Responsables de droite et gouvernement échangent depuis des accusations. Retour sur une journée mouvementée.
Affrontements place de l'Etoile
A environ 16 heures, entre 100 et 200 manifestants ont tenté d'accéder aux Champs-Elysées, où il leur était interdit de défiler, malgré les barrières. Selon la préfecture de police, l'agressivité de certains protestataires a obligé les gendarmes mobiles à utiliser des gaz lacrymogène. Dans une ambiance tendue, des militants ont scandé "Hollande dictateur !" ou "Libérez les Champs !" Les policiers ont utilisé des gaz aérosol pour tenter de disperser la foule et "quelques personnes ont été arrêtées" selon la préfecture. Il n'y a pas eu de blessés.
"Certains manifestants ont voulu absolument accéder à la place de l'Etoile et aux Champs-Elysées malgré l'interdiction décidée par le préfet de police, malgré également les appels lancés par les organisateurs de la manifestation", explique Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Tout au long de l'après-midi, les organisateurs ont en effet lancé des appels au calme, via haut-parleur. Avec ce message sur les écrans qui jalonnaient le parcours : "N'essayez pas de déborder, c'est inutile, périlleux et illégal."
Pour contourner les barrages, certains protestataires ont ensuite emprunté les rues adjacentes aux Champs-Elysées. Quelques centaines de manifestants se sont tout de même installés sur les Champs, pris en tenaille par des gendarmes mobiles d'un côté et des CRS de l'autre.
Christine Boutin victime de gaz lacrymogènes
Christine Boutin, la présidente du Parti chrétien-démocrate, a été incommodée par le gaz lacrymogène envoyé par des forces de l'ordre. Un photographe de l'AFP présent à ses côtés a assisté à la scène. Les policiers repoussaient alors des manifestants qui tentaient de forcer un cordon de sécurité barrant l'accès aux Champs-Elysées.
Quelques heures plus tard, l'ancienne ministre est revenu sur les événements, au micro de BFMTV : "La façon dont la police a traité les manifestants est inacceptable. Ces gens étaient calmes. On envoie des gaz lacrymogènes sur des élus, Hervé Mariton a été secoué. Moi, j'ai reçu des gaz lacrymogènes, et des enfants aussi en ont reçu."
Manuel Valls salue "la maîtrise des forces de l'ordre"
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a relativisé l'ampleur des incidents, sur le plateau de BFMTV. "Vous savez, à chaque manifestation, c'est comme ça ! Il y a toujours trois ou quatre gars qui font des bêtises." Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a également visé les organisateurs. "Incontestablement, la manif leur a parfois échappé, ils ont été débordés par des groupes extrémistes."
Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, invité de "C Politique" sur France 5 dimanche, a dénoncé la présence d'un "certain nombre de groupes qui, pendant la journée, ont appelé à provoquer et à chercher des affrontements". Il dénonce la présence de "groupes extrémistes (...) déjà là dans la manifestation précédente, et heureusement cela n'avait pas dérapé". "Moi, je demande (...) aux leaders de la droite et aux organisateurs de cette manifestation de ne pas chercher la provocation avec la police", a-t-il ajouté.
L'opposition "demande des comptes "
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, présent à la manifestation, a demandé "des comptes à François Hollande" après avoir "croisé" des familles qui disent avoir été victimes de gaz lacrymogènes tirés par les forces de l'ordre. "Je demande à François Hollande de rendre des comptes aux Français sur les agissements qui ont été commis et ont conduit à l'utilisation de gaz lacrymogènes contre des familles avec des enfants."
L'ancienne ministre Christine Boutin a demandé, dimanche soir sur i-Télé, la démission de Manuel Valls et du préfet de police, après les incidents en marge de la manifestation contre l'ouverture du mariage aux homosexuels. Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, a déclaré sur Europe 1, lundi, que "la question du maintien du préfet de police de Paris se pose." Il y a eu selon lui "une très mauvaise gestion de cette manifestation par le gouvernement."
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