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Affaire Bettencourt : Banier et de Maistre condamnés, Woerth blanchi

Le photographe, "confident" de Liliane Bettencourt, et le gestionnaire de fortune de la richissime héritière de L'Oréal écopent de peines de prison ferme pour "abus de faiblesse" et "blanchiment".

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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François-Marie Banier quitte le palais de justice de Bordeaux, le 28 mai 2015. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

Après plus de quatre semaines de débats intenses, le tribunal correctionnel de Bordeaux a rendu son verdict tant attendu, jeudi 28 mai, dans l'affaire Bettencourt. Le photographe François-Marie Banier, ex-"confident" de Liliane Bettencourt, et Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de la richissime héritière de L'Oréal, ont écopé de peines de prison ferme pour "abus de faiblesse" et "blanchiment". Leurs avocats ont annoncé leur intention d'aller en appel.

Prison ferme, amende et dommages-intérêts pour Banier

François-Marie Banier, accusé d'avoir bénéficié des largesses de Liliane Bettencourt pour des montants dépassant 400 millions d'euros, est condamné à trois ans de prison dont six mois avec sursis et 350 000 euros d'amende.

Il devra en outre verser à la tutelle de Liliane Bettencourt une somme de 158 millions d'euros de dédommagements sur le plan civil. Et les deux immeubles qui avaient été saisis durant la procédure seront confisqués.

A l'audience, Banier avait invariablement invoqué "le plaisir de donner" de son amie Liliane, une femme "extrêmement généreuse" qui avait, selon lui, "toute sa tête". Mais jeudi, le tribunal a estimé que la vulnérabilité de la milliardaire était "apparente et connue de tous", ajoutant qu'une "relation d'emprise" existait entre le photographe et Liliane Bettencourt, comme l'indique le chroniqueur judiciaire de France 2.

Prison ferme et amende pour de Maistre

Patrice de Maistre était poursuivi pour avoir obtenu des libéralités à hauteur de 12 millions d'euros. Comme les autres prévenus, le gestionnaire de la fortune a nié tout au long du procès avoir abusé de la faiblesse de la milliardaire. Il est condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis et 250 000 euros d'amende. 

Patrice de Maistre quitte le palais de justice de Bordeaux, le 28 mai 2015. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Six autres condamnés

La surprise est venue de la condamnation à une amende de 250 000 euros de l'homme d'affaires Stéphane Courbit. Il lui était reproché d'avoir bénéficié de l'état de faiblesse de Liliane Bettencourt pour obtenir d'elle un investissement dans sa société d'un montant de 143 millions d'euros. A la veille du procès, il s'était engagé à rembourser la somme et le parquet avait requis la relaxe. 

L'avocat Pascal Wilhem, successeur de Patrice de Maistre auprès de l'héritière de L'Oréal, était poursuivi pour avoir accompli des actes de gestion du patrimoine de Liliane Bettencourt qui lui étaient préjudiciables, comme l'investissement dans la société de Stéphane Courbit. Il a été condamné à 30 mois de prison dont un an avec sursis et 250 000 euros d'amende.

Une peine de 18 mois de prison, dont neuf avec sursis, a été prononcée contre Carlos Véjarano, ancien gestionnaire de l'île d'Arros aux Seychelles qui appartenait à la famille Bettencourt.

Jean-Michel Normand, un autre des notaires de la milliardaire, est condamné à 12 mois de sursis pour "complicité d'abus de faiblesse", conformément au réquisitoire.

Le compagnon du photographe, Martin d'Orgeval, poursuivi pour avoir bénéficié de libéralités et de dons, est condamné à 18 mois de prison avec sursis et 150 000 euros d'amende.

L'un des notaires de Liliane Bettencourt, Patrice Bonduelle, est condamné à six mois de sursis pour "complicité d'abus de faiblesse". Sa relaxe avait été requise.

Woerth blanchi dans les deux volets de l'affaire

Dans le premier volet "abus de faiblesse", Eric Woerth était accusé d'avoir obtenu de l'argent de la milliardaire pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Il est relaxé par la justice.

Eric Woerth, le 25 mars 2015, au palais de justice de Bordeaux. (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Dans le second volet de l'affaire, portant sur le "trafic d'influence", l'ex-ministre UMP du Budget était soupçonné d'avoir fait obtenir la Légion d'honneur en 2008 au gestionnaire de fortune de la milliardaire, en échange de l'embauche de son épouse en 2007 dans sa société Clymène, chargée de gérer les dividendes des avoirs L'Oréal. Eric Woerth  est relaxé. De même que Patrice de Maistre.

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