"Que les racistes le sachent, je vis et je vivrai", assure Christiane Taubira
A l'occasion de la sortie de son livre "L'esclavage expliqué à ma fille", la ministre de la Justice a donné une interview, jeudi, à "Paris Match". Morceaux choisis.
Elle tiendra. A l'approche de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition, qu'elle commémorera le 10 mai en Guadeloupe avec François Hollande, Christiane Taubira a accordé une interview à Paris Match, publiée mercredi 6 mai.
La ministre de la Justice y parle de son nouveau livre, L'esclavage expliqué à ma fille (éd. Philippe Rey) et revient sur les violentes attaques qu'elle doit encaisser régulièrement. Morceaux choisis.
"Ils n'auront pas mon suicide"
Interrogée sur le "déferlement de haine" dont elle est la cible, Christiane Taubira répond qu'elle le subit "depuis le 17 mai 2012", jour où elle est devenue ministre de la Justice de François Hollande. "C’est de plus en plus violent, assure-t-elle. Pour moi personnellement. Pour mes quatre enfants, qui prennent ça en pleine figure, pour mes petits-enfants. Cette violence est incommensurable. Un journaliste a écrit que depuis Salengro, on n’avait jamais vu un personnage public attaqué avec une telle violence… Mais ils n’auront pas mon suicide."
"Que les racistes le sachent, je vis et je vivrai, poursuit-elle. Et je tiendrai. Il me suffit qu’ils le sachent. Qu’ils multiplient leur violence par un million, je tiendrai encore. Par dix millions, je tiendrai encore. Le monde n’est pas à eux."
"C'est en 2005 que je suis devenue noire"
Christiane Taubira date de façon précise l'année où "elle est devenue noire". "C’est en 2005, après les émeutes en banlieues que je suis devenue noire. Sans arrêt, on m’invitait sur les plateaux de télévision pour parler des Noirs. Je ne savais pas quelles compétences particulières j’avais, je n’ai pas fait des études spéciales sur les Noirs... A cette époque, je travaillais sur les mines antipersonnel, sur les essais nucléaires, sur la dette des pays du Sud, mais on ne me sollicitait pas pour cela. Le système médiatique m’a enfermée dans ma couleur."
Le racisme "a été construit pour justifier le système esclavagiste"
Le racisme, explique cette spécialiste du Code noir (les textes juridiques régissant la vie des esclaves noirs dans les colonies françaises), "a été construit pour justifier le système esclavagiste. Avant la grande vague de la traite et de l’esclavage, le niveau de développement de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie était équivalent. Les relations entre les autorités européennes et africaines étaient d’égal à d’égal. (...). Cette doctrine a été produite exclusivement pour justifier le système esclavagiste."
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