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Gauche et droite se rejettent la responsabilité de l'échec de la réforme constitutionnelle

François Hollande a annoncé qu'il abandonnait le projet contesté, face à "l'hostilité" d'une partie de l'opposition.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger - Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président de la République, François Hollande, s'exprime à l'Elysée, le 30 mars 2016. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Faute de consensus, François Hollande renonce. Le président de la République a annoncé, mercredi 30 mars, qu'il abandonnait son projet de réforme de la Constitution. Ce projet avait été mis en chantier après les attentats de Paris du 13 novembre.

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L'exécutif prévoyait notamment une extension de la déchéance de nationalité, mais l'Assemblée nationale et le Sénat n'ont pas réussi à s'accorder sur un texte. Cette décision du chef de l'Etat n'a pas manqué de susciter des réactions variées des deux côtés de l'échiquier politique.

Manuel Valls "regrette profondément" cet abandon

Manuel Valls a déploré, lors des questions au gouvernement, "l'incapacité" de la droite et de la gauche à se rassembler sur la réforme constitutionnelle. Il a affirmé qu'il "regrettait profondément" que la droite sénatoriale se soit opposée au projet de révision.

"La droite sénatoriale s'oppose à une mesure parfaitement comprise par les Français : l'extension de la déchéance de la nationalité (...). Une mesure voulue par l'opposition, une mesure que le président de la République et l'exécutif, dépassant les frontières partisanes, ont voulu mettre en œuvre dans un souci d'unité (...). Cette main tendue a été refusée au Sénat et je le regrette amèrement", a accusé le Premier ministre.

Les proches de l'exécutif blâment la droite

Comme le président de la République, les socialistes dans la ligne de l'exécutif blâment la droite pour cet échec. "Une partie de l'opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, a expliqué François Hollande. Je déplore profondément cette attitude."

"Malgré cette période marquée par le terrorisme, le président a fait le constat que l'unité nationale n'était pas possible, justifie Bruno Le Roux, à francetv info. La droite a décidé qu'elle n'accorderait pas son soutien à une réforme constitutionnelle, même dans la lutte contre le terrorisme." Le patron du groupe PS à l'Assemblée dénonce le "jeu de rôle" de la droite entre le Palais Bourbon et le Sénat, "pour rendre impossible une réforme dont le pays avait besoin" : "C'est regrettable pour le pays, pour l'image du pays qu'on donne aux Français."

Les frondeurs du PS saluent l'abandon du texte

Le projet de réforme divisait profondément la gauche. L'abandonner est "la seule et sage décision possible", assure le député Christian Paul. "Il fallait tourner la page, enterrer ce projet de révision constitutionnelle, qui a beaucoup divisé les Français, estime le chef de file des frondeurs socialistes. On ne peut pas réussir l'unité nationale, absolument nécessaire, contre les principes républicains. (...) Contre le terrorisme, la réforme constitutionnelle est un rempart de papier."

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris et frondeuse en chef a quant à elle salué sur Twitter le recul de François Hollande, mais s'étonne du temps qu'il a fallu au président de la République pour prendre cette décision. 

L'ancien ministre Benoît Hamon, lui aussi sur Twitter, s'est dit plus sobrement "heureux".

La droite dénonce un échec du président

Pour Nicolas Sarkozy, "François Hollande (...) a créé les conditions de l'échec", et cela à force "de promettre tout et le contraire de tout, la réalité."

"C'est une fusée qui était lancée de façon oblique et ne pouvait que s'écraser, estime le député des Républicains Eric Ciotti, contacté par francetv info. On va se renvoyer la balle sur la responsabilité entre la gauche et la droite, mais c'est bien François Hollande qui voulait faire un coup politique. Il n'a pas mesuré le séisme dans sa majorité et les choses lui ont échappé."

Même constat pour Eric Woerth. "C'est assez pitoyable, c'est une retraite en rase campagne, dénonce le secrétaire général des Républicains. C'est la faute du président. C'est la proposition du président, l'initiative du président, le timing du président. Dire 'c'est pas moi, c'est lui', c'est une telle vision dérisoire des choses que c'est une insulte aux victimes du terrorisme."

Pour Christian Jacob, chef de file des députés Les Républicains, "ce n'est pas une reculade", c'est "un échec cinglant pour le président de République et pour le Premier ministre qui est incapable de lui assurer une majorité".

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