"Dire la vérité", le slogan de tous les candidats en 2012
Contexte de crise oblige, tous les partis le répètent à l'envi : même ensemble, tout ne sera pas possible. Mais le pari de vérité est-il porteur ?
De l'UMP au PS, d'Europe Ecologie-Les Verts au MoDem, du Front national au Nouveau Centre… contexte de crise oblige, tous les partis et tous les candidats à la présidentielle le répètent à l'envi : en 2012, ils tiendront le "discours de vérité" que les Français attendent d'eux.
Dans son grand oral télévisé jeudi 27 octobre, Nicolas Sarkozy martèle lui aussi qu'"il faut dire la vérité : nous entrons dans un monde nouveau".
François Bayrou, Hervé Morin ou encore Eva Joly s'engouffrent également dans la brèche. Même Marine Le Pen, toujours prompte à se démarquer de l'ensemble du "système" politique, reprend le slogan. Sur France Inter, vendredi 20 octobre, la candidate frontiste se dit "frappée par la situation du mensonge à l’égard du peuple français. (…) Je crois que les Français ont droit à la vérité", affirme-t-elle.
"Le temps où l'on promettait la Lune est révolu", prévient le député PS Gérard Collomb, proche de François Hollande. "En 2007, on pensait sincèrement que tout était possible", jure le député UMP Pierre Méhaignerie, quand on l'interroge sur l'un des principaux slogans de Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne présidentielle, "Ensemble tout devient possible".
Mais "en 2007, personne ne s'attendait à cette crise terrible qui a fracassé notre slogan quelques mois plus tard", relève son collègue Bernard Debré.
Un slogan démagogique ? "Il est clair que cette expérience peut nous servir de leçon : il ne faut pas promettre ce que l'on n'est pas certain de pouvoir réaliser, sans quoi les électeurs, déçus, nous le feront payer cash", concède Pierre Méhaignerie.
Mais pour le conseiller spécial de l'Elysée, Henri Guaino, hors de question de reconnaître une quelconque démagogie dans ce slogan : "Il n'y a pas eu de la part de Nicolas Sarkozy la moindre once de renoncement depuis 2007. Ce slogan du 'tout devient possible' est un idéal, une quête du changement au long terme, qui est plus que jamais valable aujourd'hui", balaye-t-il.
La vérité, un slogan efficace auprès des électeurs ?
Tout en promettant de tenir un discours de vérité, François Hollande souhaite "rééchanter le rêve français". La majorité raille le candidat PS : "Dans le contexte que nous connaissons, le rôle des responsables politiques n'est pas de vendre du rêve", tance le patron de l'UMP, Jean-François Copé.
Un propos que le publicitaire Jacques Séguéla ne partage pas : "Toute élection se joue sur le rêve", considère celui qui a été conseiller en communication de François Mitterrand en 1981 et de Nicolas Sarkozy en 2007.
Alors, vendre "un programme de vérité" aux Français peut-il suffire à remporter l'élection ?
Directeur des études politiques de l'institut Opinionway, Bruno Jeanbart en doute fortement : "Globalement, les Français ne font pas confiance aux hommes politiques pour dire la vérité. Et jusqu'à présent, aucun candidat n'a été élu sur un programme minimaliste. Il y a toujours eu une vraie prime aux promesses : ceux qui ont promis du sang et des larmes ont toujours été battus."
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