"J'ai fait une énorme bêtise" : à la barre, l'homme qui a agressé une députée LREM tente de justifier son geste
Jacky B. a reconnu avoir giflé Laurianne Rossi sur le marché de Bagneux (Hauts-de-Seine), dimanche 30 juillet. Lundi soir, ce retraité de 63 ans a écopé de six mois de prison dont cinq avec sursis.
Le jugement est tombé à peine 36 heures après les faits. Lundi 31 juillet, vers 21h, le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine) a reconnu Jacky B., 63 ans, coupable de l'agression de Laurianne Rossi, dimanche sur le marché de Bagneux. Conformément aux réquisitions du parquet, ce retraité a écopé de six mois de prison dont cinq avec sursis, assortis de deux ans de mise à l'épreuve, avec obligation de soins et interdiction de tout contact avec l'élue de 33 ans. L'agresseur devra aussi lui verser un euro symbolique de dommages et intérêts.
Laurianne Rossi, députée de la 11e circonscription des Hauts-de-Seine, a reçu dimanche "un coup de poing dans la tempe" de la part de cet homme, alors qu'elle discutait de politique avec lui. L'élue distribuait le "cahier d'été" de son parti sur le marché, entourée d'une vingtaine d'adhérents et de militants. Après l'attaque, l'auteur de l'agression a tenté de s'enfuir, mais a rapidement été rattrapé par des témoins. Interpellé puis placé en garde à vue, Jacky B. a été jugé en comparution immédiate. Pendant plus d'une heure, lundi soir, il a reconnu les faits et a tenté de se justifier.
Du différend au coup
L'homme, à l'épaisse chevelure brune, est un ancien régleur sur machine. Longtemps syndicaliste, il a également été membre du Parti communiste. Il réside à Bagneux. Sa fille est présente à l'audience, mais Laurianne Rossi, elle, est absente. Le coup qu'elle a reçu a entraîné trois jours d'incapacité totale de travail (ITT).
La présidente du tribunal a rapidement relaté les faits. Il est environ 11 heures, dimanche matin, quand la députée et Jacky B. commencent à échanger sur le marché. La discussion vire rapidement au "différend verbal". Le retraité parle d'Emmanuel Macron comme d'un "produit marketing", un président "poussé par les médias pour être élu". Furieux, il finit par gifler l'élue de La République en marche.
Selon un témoin, Jacky B. aurait dit à L. Rossi "Le parti LREM est une machine. Vous avez les médias avec vous"
— ValentinePasquesoone (@valpasquesoone) July 31, 2017
Une adhérente du parti, citée comme témoin dans le dossier, décrit un homme qui "s'est jeté d'un coup" sur Laurianne Rossi, puis "un son sourd". Une femme aurait alors crié "Arrêtez-le, arrêtez-le ! Il a frappé la députée !". Jacky B. est rattrapé quelques mètres plus loin par des militants qui le maintiendront, jusqu'à l'arrivée de la police.
"Elle s'est moquée de moi"
Le retraité assume avoir dit à l'élue que les députés sont "des godillots" et qu'Emmanuel Macron "a tous ses médias à sa botte". Mais au cours de l'audience, le prévenu tente d'expliquer son geste. Il assure que Laurianne Rossi "s'est moquée" de ses propos et qu'elle l'a pris "pour un demeuré". "Cette personne a commencé à rire et ça m'a agacé", indique Jacky B. à la barre. "Je lui ai donné une gifle. Je n'ai pas aimé son comportement", poursuit-il. L'agresseur jure qu'à ce moment-là, il ne savait pas que Laurianne Rossi était députée.
Jacky B assure que la députée "s'est mise à rigoler vertement, en me prenant pour un idiot"
— ValentinePasquesoone (@valpasquesoone) July 31, 2017
Quand la présidente lui demande comment il est arrivé à un tel acte, le sexagénaire lui répond que son geste "a été plus vite que (sa) pensée". Il dit s'être excusé auprès de la députée, et reconnaît "une énorme bêtise". "Non, Monsieur, vous avez commis un délit", lui rappelle la magistrate.
Une violence "qui se répète"
La procureure s'interroge aussi. Elle se demande si "ce type de pulsion peut se reproduire". L'homme a déjà été condamné pour des faits de violence. C'était en 2005. Il avait alors écopé de trois mois de prison avec sursis. Le prévenu se justifie, invoquant l'alcool à l'époque. La présidente cite l'expertise psychologique. Celle-ci évoque "des troubles du comportement", "un état limite marqué par l'impulsivité et l'intolérance à la frustration". Elle insiste sur la "dangerosité sociale" du prévenu.
La parole est donnée à la partie civile. L'avocate de Laurianne Rossi, Yolène Bahu, insiste sur le caractère politique des faits. "Il s'agit d'une agression d'une élue du peuple pour ses idées", martèle-t-elle, tout en rappelant l'agression similaire de Nathalie Kosciusko-Morizet, le 15 juin, alors qu'elle tractait sur un marché. "Il y a une violence qui se répète", affirme l'avocate, estimant que le geste de Jacky B. est une "atteinte à la démocratie".
L'avocate de la défense, Amandine Ponties, tente, elle, de questionner certains témoignages. Elle insiste sur le fait que son client "a tout de suite compris son geste", un acte qu'elle estime "irréfléchi, impulsif". Jacky B. s'excuse de nouveau : "Quand j'ai tort, je reconnais mes torts, insiste-t-il. Je ne suis pas un hypocrite". Pas de quoi infléchir la position du tribunal, qui le condamne finalement à une peine de prison ferme et délivre un mandat de dépôt. L'homme a été incarcéré dans la soirée.
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