Qui est Henry Hermand, le "mentor" d'Emmanuel Macron ?
Cet homme d'affaires de 92 ans, qui a fait fortune dans l'immobilier commercial, est considéré comme le parrain en politique d'Emmanuel Macron. Ancien résistant, il s'était auparavant engagé en faveur de Pierre Mendès France, puis de Michel Rocard.
Leur rencontre remonte à 2002. Emmanuel Macron n'a pas 25 ans. Enarque, il effectue son stage à la préfecture de l'Oise. Il rencontre Henry Hermand, aujourd'hui âgé de 92 ans, lors d'une réception à l'hôtel du département où l'homme d'affaires, natif de la région, est convié. Henry Hermand, qui a fait fortune dans l'immobilier commercial, a créé la plus grande zone commerciale de Picardie, à Saint-Maximin (Oise).
Entre les deux hommes, le courant passe immédiatement. Henry Hermand loue "son intelligence extrêmement rapide, son empathie spontanée. Il donne l'impression à ses interlocuteurs qu'il est leur ami", explique-t-il à L'Obs (article abonnés). C'est davantage la philosophie que l'économie qui va les réunir, notamment leurs liens respectifs avec le philosophe Paul Ricœur. Alors que cinquante-trois ans les séparent, l'homme d'affaires voit chez Emmanuel Macron un "garçon brillant, très intelligent", confie-t-il à 20 Minutes.
"Je suis à l'origine de 100 000 emplois en France et à l'étranger"
Le "mentor" Henry Hermand, dont la fortune est estimée par Challenges à 220 millions d'euros, aide financièrement son poulain "à titre personnel" pour qu'il s'installe à Paris. En 2007, il est témoin du mariage de l'ancien ministre de l'Economie avec Brigitte Trogneux, ancienne professeure de français d'Emmanuel Macron. Une cérémonie à laquelle assiste Michel Rocard, ami depuis cinquante ans avec Henry Hermand. Car l'homme d'affaires est aussi un homme d'idées, de médias et, bien entendu, de politique. "Il trouvait que mon passé était intéressant et je trouvais sa culture exceptionnelle", témoigne Henry Hermand auprès des Echos.
C'est peu dire que le passé du nonagénaire est riche. En 1944, Henry Hermand s'engage dans la Résistance. Après la seconde guerre mondiale, il travaille au Commissariat à l'énergie atomique avant de rejoindre, en 1952, l'épicerie en gros de son père. Il crée sa première grande surface en 1964, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), puis à partir de 1972, il fait partie des pionniers qui érigent les premières zones commerciales en France. "Je suis à l'origine de 100 000 emplois en France et à l'étranger. J'ai fait une trentaine de centres commerciaux", se vante-t-il en 2009 auprès du Parisien.
Figure de la "deuxième gauche" avec Rocard
Henry Hermand revend tous ses actifs en 2007, de quoi assurer sa fortune. Mais il précise : "L'argent n'a jamais été ma tasse de thé. Sinon, je ne serais pas à gauche. Et ce n'est pas ma faute si j'ai fait les bons choix !" L'engagement politique est une constance chez l'homme d'affaires. Depuis toujours il milite en faveur de la "deuxième gauche", une gauche réformiste entre la SFIO (l'ancêtre du PS) et le PCF. Avant Emmanuel Macron, Henry Hermand s'engage en faveur de Pierre Mendès France, puis de Michel Rocard, qu'il conseille et qu'il aide financièrement.
Henry Hermand fait, à mes yeux, complètement partie de cette superbe génération éclose dans les années 1950 dont la qualification d'intellectuels - au demeurant pleinement assumée et méritée - les priverait presque de la dimension militante, sinon activiste, qui a assuré la très large expansion de [...] la deuxième gauche.
Et Henry Hermand, soucieux de ne pas être réduit à l'image du riche mécène, écrit des éditos pour La Quinzaine, Témoignage chrétien, Faire ou encore pour la revue Esprit. Plus récemment, il a contribué au lancement de la revue hebdomadaire Le 1 par Eric Fottorino, ancien directeur du Monde, ou du think tank Terra nova, devenu une référence chez les socialistes.
Macron perd "parfois son temps, c'est un peu ridicule"
S'il a voté en 2012 pour François Hollande, Henry Hermand croit désormais aux chances d'Emmanuel Macron et se réjouit qu'il ait enfin quitté Bercy. L'homme d'affaires met ses réseaux et sa fortune au service de l'ex-ministre. Il prête également ses locaux parisiens à "En Marche !", mouvement destiné à soutenir la candidature d'Emmanuel Macron en vue de la présidentielle de 2017. "Je ne le quitte jamais ! J'ai une légitimité de parcours à le conseiller sur ses grandes orientations", affirme-t-il au Figaro (article abonnés). Et il ajoute : "J'incite toutes mes relations d'affaires à immédiatement aider Emmanuel Macron. Je m'inspire de la campagne d'Obama, basée sur des petits porteurs."
Mais si Henry Hermand ne tarit pas d'éloges sur son poulain, il ne se gêne pas non plus pour le recadrer. "Les couvertures de Paris Match, c'était une erreur, et je lui ai dit. C'est people, c'est médiocre, notamment la photo avec le nudiste, lance-t-il. Même chose pour le Puy-du-Fou. Il n'avait pas besoin de s'afficher avec Philippe de Villiers. Ce désir qu'il a de serrer toutes les mains, même des personnes qui ne sont pas d'accord avec lui, est regrettable. Il perd parfois son temps, c'est un peu ridicule." Un soutien "inconditionnel" pour l'ancien ministre de l'Economie, qui a encore besoin d'être "recadré".
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