: Vidéo Macronleaks : le responsable de la campagne numérique d'En marche ! accuse les "supports" du Front national
Interrogé par franceinfo, dimanche soir, Mounir Mahjoubi, le responsable de la campagne numérique d'Emmanuel Macron, accuse des "supports" du Front national d'avoir organisé la diffusion de documents piratés issus de la campagne Macron.
Mounir Mahjoubi, qui a dirigé la campagne numérique d'Emmanuel Macron, a accusé, dimanche 7 mai sur franceinfo, des "supports" du Front national d'être à l'origine de la diffusion de documents issus de la campagne d'Emmanuel Macron, qui a conduit à la publication, vendredi 5 mai dans la soirée, de plusieurs milliers de documents internes de l'organisation En marche !.
"On assiste avec la sortie (...) des "fake news" sur les comptes au Bahamas, vendredi, une heure avant le silence national, à un truc hyper amateur. Cela pue la panique ! Je ne dirais pas que ça vient du Front National. Je dirais plutôt que c'est leurs supports, a désigné Mounir Mahjoubi. Les gens qui les soutiennent. Les gens qui avaient envie qu'ils puissent gagner, qui ne supportaient pas que les progressistes puissent aller aussi fort, aussi loin."
Une fachosphère hyper organisée et soutenue par des forces et des organisations étrangères
Mounir Mahjoubi
responsable de la campagne numérique d'En marche !à franceinfo
"Pendant cette campagne (...) il y a eu une fachosphère hyper organisée et soutenue par des forces et des organisations étrangères. On a eu des médias nouveaux, Sputnik News, Russia Today France, qui ont fait 90% de leurs articles sur Marine Le Pen de façon laudative et 90% de leurs articles sur nous de façon complètement destructive. On a eu un pilonnage permanent d'organisations structurées qui venaient, et qui étaient financées par la Russie", a détaillé Mounir Mahjoubi.
"Il existe une internationale des conservateurs, une union des conservateurs, des grands conservateurs, des extrêmes droites, qui ont tout intérêt à agir de concert. Et ça, c'est pas la Russie, c'est pas les États-Unis, c'est des groupes, et je pense que ça va mettre du temps, on va mettre du temps, à faire les analyses, les déconstructions, pour savoir qui sont vraiment ces groupes", a précisé le responsable de la campagne numérique d'Emmanuel Macron.
Cinq boîtes mail entières ont été volées
"Cinq boîtes mail entières" ont été "volées", a détaillé Mounir Mahjoubi, précisant que plusieurs des comptes piratés sont "des comptes gmail, donc des comptes personnels". "Je préfère éviter de donner le noms des personnes, en tout cas ce sont des personnes importantes dans l'organigramme. Il y avait le responsable financier de l'organisation, des personnes qui travaillent dans l'équipe politique, il y avait des personnes moins connues du mouvement", a-t-il énuméré.
Mounir Mahjoubi a expliqué toutefois que le contenu des documents publiés ne révélera "pas de secret". Au mieux, "vous trouverez des blagues potaches, vous trouverez plusieurs dizaines de milliers de factures de fournisseurs (...). Et vous trouverez des centaines d'échanges dans la constitution du programme, dans l'organisation des événements. En fait, tout ce qui fait une campagne, a-t-il résumé. Vous ne trouvez pas de secrets !".
Plusieurs tentatives de piratage subies
Mounir Mahjoubi a raconté que la campagne d'Emmanuel Macron a été ciblée à de très nombreuses reprises au cours de la campagne par des attaques de "phishing" très sophistiquées : "Ce n'est pas les phishing que vous voyez et où vous vous dites, au premier coup d'œil, on trouve que c'est un peu crade. Ils prennent des adresses, ils réservent des URL qui ressemblent aux vôtres. Ils font une intégration javascript d'une perfection absolue ... Si on est dans une navigation normale, c'est impossible de se dire qu'on s'est fait avoir !"
Il a notamment déroulé un cas concret : "Une fois, ils avaient vraiment pris l'identité de quelqu'un du service presse de chez nous, qui envoyait des recommandations. C'était écrit comme ça : 'Quelques recommandations quand vous parlez à la presse, téléchargez le fichier en pièce jointe pour trouver des EDL'. Dans une espèce de langage qui serait un langage habituel de campagne. Alors nous on n'utilise pas ce langage-là, donc cela a tout de suite fait tilt. Et puis elle ne nous écrit jamais comme ça, cette responsable presse."
Des dossiers ont été ajoutés
Si la campagne d'Emmanuel Macron a reconnu, vendredi 5 mai dans la soirée, l'authenticité d'une partie des documents publiés, elle a également assuré qu'une autre partie est fausse. "Il y a des dossiers qui ont été ajoutés à ces archives. Des dossiers dont on ne sait pas à quoi ils correspondent. Qui ne sont pas des dossiers d'emails, par exemple. Ensuite, il y a des faux emails qui ont été ajoutés, qui ont été complétés. Il y a aussi des informations que nous-même on avait envoyées en contre-représailles des tentatives de phishing !", a expliqué Mounir Mahjoubi.
Interrogé sur la suppression, par le site Internet "archive.org", des liens qui permettaient la diffusion des données volées, interdiction qui peut être très difficile à obtenir, le responsable numérique de la campagne d'Emmanuel Macron a détaillé : "Je ne saurais pas vous dire qui est intervenu auprès de archive.org ! Ce n'est pas moi. Ce n'est pas notre campagne. Nous, on n'a pas pu intervenir pendant ces 48 heures. On a pu que signaler à plusieurs reprises ce qu'il s'est passé."
On s'est mis en mode 'gestion de situation'
Mounir Mahjoubi
responsable de la campagne numérique d'En marche !à franceinfo
Mounir Mahjoubi a rapporté également les circonstances dans lesquelles l'équipe d'Emmanuel Macron a travaillé, vendredi soir, après la publication des données issues du piratage : "Moi j'étais avec mon équipe, on était tous réunis, on s'était dit que c'était un beau moment ensemble, qu'on allait fermer le site. On se dit : 'c'est le dernier live-tweet, on est heureux ensemble' C'est le moment où l'on voit les choses sortir. Donc là, je quitte la pièce (...) et on s'est mis en mode gestion de situation. On a fait l'analyse, l'évaluation, on a téléchargé les documents, on a regardé ce qu'il s'est passé. On a essayé de regarder la gravité des éléments, on a réuni les experts autour de nous, et on a préparé notre capacité de réaction à ça".
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