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François Hollande se met en scène à un dîner avec des journalistes

Le président de la République a dîné, jeudi, avec une centaine de journalistes qui suivent l'actualité de l'Elysée. Un exercice de communication politique millimétré. 

Article rédigé par Salomé Legrand - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le président de la République, François Hollande, le 9 juillet 2013 à l'Elysée. (WITT / SIPA)

Pas de micro, ni de caméra, mais des confidences savamment orchestrées. François Hollande était invité à dîner, jeudi 18 juillet, avec une centaine de journalistes qui suivent l'actualité de l'Elysée. Résumé et sous-titres. 

Un président qui profite de l'occasion

L'événement est inédit sous la Ve République. Officiellement, les propos tenus lors de ce rendez-vous devaient rester secrets. Dès le lendemain, des extraits choisis étaient relayés. "François Hollande a fait son show"résument Les Echos, qui rappellent que le président lui-même a autorisé les journalistes à écrire ce qu'il disait. "Hollande qui avait affirmé : 'Je ne veux pas être le commentateur de ma propre action', semblait vraiment avoir envie de parler"pointe le JDD. Et le président n'a pas hésité à s'attarder avec les journalistes, en rang serrés autour de lui. 

Entre chaque mets, servis à la Maison des polytechniciens, un hôtel particulier du 7e arrondissement de Paris, le président a répondu aux questions, décontracté, parfois blagueur, souvent sérieux, relatent les journalistes présents. Certains n'ont pas résisté à partager quelques photos, dont celle du menu, payé par l'association de journalistes qui recevait. 

Un président qui fixe un cap

"Ce n'est pas l'histoire de la France qu'il faut rappeler, c'est le récit de la France de demain", "la France dans dix ans". Un peu comme lors de son intervention le 14 juillet, François Hollande fixe ostensiblement l'horizon. Objectif de l'été ? "Faire une rentrée avec des nouvelles idées, des nouvelles propositions", a expliqué le président.

Interrogé sur une partie de la majorité qui le presse d'effectuer un virage à gauche, il balaie : "Ça serait quoi, être plus à gauche en ce moment ? C'est penser que parce qu'on ferait un point de plus de déficit, ça irait mieux ?" Et d'insister  : "Il y a des alternatives politiques [mais] la ligne que j'ai choisie est une ligne qui permet les réformes, donc c'est une ligne réformiste, [pour] être en mesure de donner un avenir à la France."

Sous-titre : Je-ne-bougerai-pas-d'un-pouce, son créneau depuis le début du quinquennat. Soit le redressement en deux ans, puis la croissance. 

Un président optimiste

Les éditos étaient dubitatifs après sa déclaration sur le retour de "la reprise" économique, le 14 juillet. "Croyez-vous vraiment à ce que vous racontez ?", l'interpelle un journaliste allemand au dîner. Réponse, rapportée par La Voix du Nord : "Les responsables politiques croient à ce qu'ils disent, c'est une erreur de penser qu'ils mentent, ils peuvent se mentir à eux-mêmes, se tromper, mais je crois à la sincérité des hommes politiques." 

"Nous sommes sortis de la crise de la zone euro" et nous savons "qu'il ne se passera rien de grave cet été", ajoute François Hollande pour qui "nous sommes sortis de la récession."

"Il a concédé, de manière très inhabituelle: 'Je prends mon risque'", notent toutefois Les Echos, qui relèvent cette précision du chef d'Etat : "Si je ne croyais pas que ça va s’arranger, je serais anéanti. On ne peut pas conduire le peuple en disant 'demain, ce sera terrible'! [...] Le rôle du politique, c’est de conjurer le pire." Et s'il a raison, "c'est formidable pour [lui]", décrytptent les notes partagées sur Twitter par un journaliste de France culture.

Sous-titre : Regardez-ça-commence-à-marcher. Il y a dans les propos du président un brin de méthode Coué, à choisir les indices économiques qui vont dans le sens de ses prédictions, plutôt que les plus alarmistes.  

Un président qui n'est plus "normal"

Le président a également fait savoir qu'il avait balayé le principe de "présidence normale" dont il avait usé les premières semaines de son mandat, "un concept vieux et ancien". Pour le François Hollande nouveau, "'ce que les Français attendent d’un président', ce n'est pas qu’il soit leur 'ami', mais qu’il soit 'respectueux' et 'prenne des décisions' qui améliore leur quotidien", relèvent Les Echos, qui relatent ses propos

Il explique encore : "Quand on arrive au pouvoir, on n’a pas de temps à perdre. Cinq ans, c’est très court. Chaque jour compte." Du coup, il entretient le mystère autour du programme de ses vacances. Ses congés à Brégançon, très décriés l'an dernier, ne sont toujours pas passés. "C'est un sujet qui me fâche", reconnaît-il. "Je vais essayer de trouver les conditions de ma liberté", a-t-il seulement indiqué.

Sous-titre : C'est-bon-j'ai-compris. Après des mois de tatônnement en terme de communication, François Hollande martèle qu'il gère son tempo. Jusqu'à la prochaine crise ? 

Un président qui calme les ardeurs 

"Je ne me préoccupe pas de ce qui se passe dans l'autre camp, et dans mon camp, personne ne prépare la présidentielle." S'il fixe bien un cap lointain, François Hollande a coupé court à toute spéculation concernant l'élection présidentielle de 2017. Il avertit même les ministres socialistes impatients : "La meilleure façon de se préparer, c'est d'être loyal et d'être le meilleur à son poste." 

"On est tous ensemble", a-t-il rappelé, alors qu'il était interrogé sur les tiraillements de sa majorité. Comme pour montrer qu’il est pleinement dans la fonction, il a longuement insisté sur ses pouvoirs. "C’est lui a déclaré la guerre au Mali, nommé le gouvernement, lui qui a fixé les priorités, lui qui a imaginé le 'choc de simplification'", soulignent Les Echos

Sous-titre : C'est-moi-le-chef. Souvent accusé de ne pas tenir sa remuante majorité, raillé par l'opposition pour sa supposée mollesse, François Hollande veut montrer que c'est bien lui qui décide, même quand ça ne se voit pas.

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