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Cinq approximations de Marine Le Pen à "L'Emission politique"

A deux mois et demi de l'élection présidentielle, la présidente du Front national était l'invitée de "L'Emission politique", jeudi soir sur France 2.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La présidente du Front national, Marine Le Pen, sur le plateau de France 2, le 9 février 2017. (AFP)

Arguments, chiffres, déclarations... Franceinfo a passé au crible la prestation de Marine Le Pen, jeudi 9 février, lors de "L'Emission politique", sur France 2. Deux heures de direct durant lesquelles la présidente du Front national a parfois pris ses aises avec la réalité. Voici cinq approximations ou contre-vérités énoncées par la candidate à l'élection présidentielle.

Non, sa taxe sur les travailleurs étrangers n'a rien à voir avec celle qui existe déjà

Dans son programme, Marine Le Pen prévoit d'instaurer une taxe de 10% pour toute embauche de travailleur étranger. Pour en minimiser sa portée, la présidente du FN a affirmé sur le plateau de France 2 qu'une taxe "existe déjà", en brandissant un formulaire Cerfa. Qu'en est-il réellement ?

Comme l'a relevé Libération avant l'émission, la taxe proposée par Marine Le Pen sur l'embauche de travailleurs étrangers est très différente de la taxe déjà existante. Première différence : la taxe actuelle ne touche pas les ressortissants de l'Union européenne, ce qui n'est pas le cas de la taxe prônée par la présidente du FN.

Mais surtout, la taxe qui existe déjà n'est applicable que "lors de la première entrée en France de cet étranger ou lors de sa première admission au séjour en qualité de salarié" (elle a concerné 36 000 étrangers en 2015). Celle de Marine Le Pen touchera quant à elle tout nouveau contrat d'employé étranger. Soit potentiellement les 1,7 million d'étrangers actifs présents en France s'ils décidaient de changer d'emploi, explique Libération.

Non, l'Allemagne n'interdit pas la binationalité

Pour défendre sa proposition d'interdire la double nationalité (hors pays de l'Union européenne), Marine Le Pen s'est risquée à prendre un modèle. "C'est le cas en Allemagne, je crois", a-t-elle déclaré. Raté : l'Allemagne reconnaît et autorise la double-nationalité depuis une loi de juin 2014.

Non, il n'y a pas 7 millions de chômeurs en France

"Nous avons 7 millions de chômeurs", a répété Marine Le Pen à plusieurs reprises. Dans son calcul, un brin exagéré, la candidate englobe la totalité des cinq catégories de chômeurs, y compris ceux qui sont titulaires d'un temps partiel (catégories B et C), ceux qui ne sont pas tenus de rechercher un emploi car en formation ou en arrêt maladie (catégorie D), ainsi que les personnes qui sont inscrites à Pôle emploi tout en étant déjà titulaire d'un emploi (catégorie E).

En additionnant toutes ces catégories, on arrivait fin décembre à 6,57 millions de demandeurs d'emploi en France. Marine Le Pen grossit donc le trait.

Non, mariage n'entraîne pas automatiquement naturalisation

"La naturalisation par le mariage ne sera plus automatique", a déclaré Marine Le Pen. La présidente du FN feint ainsi d'ignorer qu'actuellement, le mariage n'entraîne pas automatiquement une naturalisation. Pas moins de cinq conditions doivent en effet être réunies, détaille le site Service-public.fr : une durée de mariage de cinq ans minimum, un séjour régulier en France, une communauté de vie, la maîtrise de la langue, et l'absence de condamnation pénale.

Non, Obama n'a pas interdit l'entrée des Irakiens aux Etats-Unis

Interrogée sur la décision de Donald Trump d'interdire l'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, Marine Le Pen a affirmé que Barack Obama avait lui aussi, en 2011, refusé d'accorder des visas aux ressortissants irakiens. Elle reprend ainsi un argument développé par une conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway.

Mais en réalité, cette décision de Barack Obama consistait simplement à réexaminer la situation des 58 000 Irakiens présents sur le sol américain et à accroître les contrôles. Il n'a donc jamais été question sous Barack Obama que l'ensemble des ressortissants irakiens soient interdits de territoire.

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