Hollande et Ayrault imaginent "la France de 2025", le PS dubitatif
L'exécutif veut profiter des vacances pour dessiner des perspectives à long terme.
"Quelle France dans dix ans ?" Au beau milieu de l'été, François Hollande et Jean-Marc Ayrault voulaient prendre un peu de hauteur et de recul, en dessinant des perspectives à long terme. Avant de partir en vacances, le chef de l'Etat a ainsi invité l'ensemble des ministres à plancher sur cette thématique de "la France en 2025". Un brainstorming collectif est programmé le 19 août, à l'occasion d'un séminaire gouvernemental de rentrée.
Studieux, Jean-Marc Ayrault s'est concocté un agenda sur-mesure. Lundi 12 août, il a reçu à Matignon des enfants et ados "qui seront adultes dans la France de 2025". Mardi matin, il est allé à la rencontre d'ouvriers pour parler retraites et pénibilité du travail, car "penser la France de 2025, c'est aussi penser le nouveau modèle social français" . L'après-midi, il a discuté avec le philosophe Michel Serres, avant un entretien prévu mercredi avec un autre intellectuel, l'historien Marcel Gauchet, pour "un exercice de réflexion collective".
L'UMP critique…
Pas sûr, pourtant, que l'exécutif parvienne à capitaliser sur une telle thématique. "L'avenir de la France, c'est sérieux. Demander à des ministres fatigués de réfléchir à 2025… Ils sont déjà incapables de réformer en 2013", grince Nadine Morano, déléguée générale de l'UMP, sur son compte Twitter. "Plutôt que de prétendre réfléchir à la France de 2025, M. Ayrault devrait essayer de gouverner la France de 2013", acquiesce le député UMP Guillaume Larrivé sur le réseau social. "Cette semaine, l’opération communication veut faire de Jean-Marc Ayrault le grand timonier de la France de 2025… Comme s'il n'y avait pas assez à faire avec la France de 2013", juge le député Nicolas Dupont-Aignan sur son blog.
… le PS sceptique
Même au sein de la majorité, l'idée peine à séduire. "Comme disait Pierre Dac, les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir", ironise le président de la commission des lois à l'Assemblée nationale, Jean-Jacques Urvoas, interrogé par Le Figaro. "Franchement, je ne suis pas certain que la France de 2025 dépasse l'été. Le quotidien est beaucoup trop fort." Joint par francetv info, un autre député PS s'inquiète : "C'est un coup de com' qui risque de ne pas bien passer auprès des Français, qui attendent de nous qu'on les sorte rapidement de la crise, plutôt que de leur parler de 2025."
"Réfléchir à la France de 2025 n'exclut pas de travailler sur le court terme, rétorque Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée. Le mois d'août est un bon moment pour relever la tête, prendre du recul, même si on sait bien que dès septembre, des échéances plus immédiates reprendront le dessus."
Un avis partagé par l'élu parisien Christophe Caresche : "Articuler le court et le long terme est l'une des choses les plus compliquées qui soient en politique. Que le gouvernement ait une réflexion de prospective est une bonne chose, si cela permet d'éclairer les grandes orientations. Après, reste à savoir ce qui ressortira de cette séquence de travail…"
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