La candidature du syndicaliste Edouard Martin aux européennes déclenche les critiques
Le leader syndical CFDT de Florange a annoncé qu'il était tête de liste PS dans le Grand Est. Depuis, futurs adversaires et anciens partenaires se déchaînent.
Son nom circulait, l'intéressé l'a confirmé. Edouard Martin, responsable CFDT d'ArcelorMittal à Florange (Moselle), a annoncé, mardi 17 décembre sur France 2, sa candidature aux élections européennes des 22 et 25 mai 2014, dans la circonscription Grand Est. Le charismatique leader syndical sera tête de liste PS. Mais sa candidature est loin de faire l'unanimité. Lui qui s'est fait connaître lors du conflit sur le site sidérurgique meurtri par la fermeture de ses hauts-fourneaux, n'avait à l'époque pas mâché ses mots contre le gouvernement, à qui il reprochait d'avoir cédé face à ArcelorMittal.
"Je ne renie rien"
"Oui, je serai tête de liste sur la liste socialiste dans le Grand Est. J'ai accepté la proposition qui m'a été faite", a ainsi déclaré Edouard Martin, 50 ans, récusant toutefois avoir changé de camp. "Ceux qui disent ça, c'est mal me connaître", a-t-il rétorqué. "Je ne renie rien et je n'enlève rien à ce que nous avons dit et fait", a encore souligné celui qui réfutait en septembre toute velléité de candidature.
"Je m'engage dans une nouvelle mission. Je n'ai pas l'impression de m'engager en politique dans le sens ou je n'ai pas programmé de faire une carrière politique. (...) J'ai simplement envie de continuer le combat que nous menons depuis plusieurs années sur le maintien de l'industrie en France et en Europe, j'ai envie de le poursuivre au niveau européen parce que c'est là que se prennent toutes les grandes décisions", a-t-il ajouté.
Edouard Martin a remis son mandat de représentant CFDT du comité d'entreprise européen d'ArcelorMittal, a indiqué mercredi la fédération CFDT de la métallurgie. Il reste cependant adhérent du syndicat.
Ses adversaires ironisent
Pour Nadine Morano, probable tête de liste UMP dans la même circonscription interrogée par BFMTV, cette désignation est "la récompense d'un syndicaliste qui ne menait pas un combat pour les salariés de Florange, qui menait un combat personnel, et surtout un combat politique". Selon elle, il va désormais devoir assumer "les heures supplémentaires qui ont été défiscalisées, supprimées aux ouvriers. Il faudra qu'il explique que rien n'a été fait pour Florange, qu'il défende l'abaissement du plafond du quotient familial...", a-t-elle énuméré.
"Nous savions très bien qu’Edouard Martin était un syndicaliste vendu au PS, déclare encore l'ancienne ministre UMP sur Europe 1. "Est-ce qu'il croit qu'il va aller comme ça prendre une petite retraite confortable au Parlement européen ? Non, il y a un travail énorme au Parlement européen", a également lancé Nadine Morano sur RTL.
Florian Philippot, tête de liste pressentie du FN dans le Grand Est, n'a pas lui non plus mâché ses mots. Sur Twitter, il a qualifié Edouard Martin d'"incarnation de la trahison".
Un parfait candidat du PS face à moi dans le grand-Est aux européennes : l'incarnation de la trahison
— Florian Philippot (@f_philippot) December 17, 2013
Ses camarades syndicalistes déchantent
A Florange, l'annonce de la candidature d'Edouard Martin a été fraîchement accueillie. Sur BFMTV, Walter Broccoli, délégué syndical de Force ouvrière (FO) à l'usine ArcelorMittal, et autre figure du combat des métallos, s'est ainsi montré très amer. "Edouard Martin s'est bien servi de nous pour son ambition personnelle (...) Je lui souhaite bonne chance, et surtout qu'il nous laisse tranquille à Florange."
"Il va se retrouver demain au milieu des loups qu'il nous a encouragés à combattre hier. Nous, on est très dubitatifs aujourd'hui sur la sincérité de sa démarche", a déclaré sur i-Télé Frédéric Weber, délégué Force ouvrière à l'usine de Florange. "Il a toujours dit : 'le but, c'est de pouvoir se regarder le matin dans le miroir'. Je pense qu'il a dû les démonter de chez lui, les miroirs, parce que je peux vous dire qu'aujourd'hui, ce n'est plus du tout l'homme qui était un frère d'armes hier", a-t-il poursuivi.
Le PS salue sa candidature
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, s'est félicité dans la soirée de la candidature d'Edouard Martin pour les européennes, y voyant une "très grande fierté pour les socialistes". Il "apportera la force de ses valeurs et de ses convictions à notre combat pour une nouvelle politique industrielle européenne, pour la croissance et l'emploi, et pour une véritable Europe sociale protectrice des droits des travailleurs", a-t-il estimé. "C'est une bonne nouvelle. Cette candidature montre que le PS sait rassembler", a commenté la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sur France 2.
Reste que la nomination du charismatique leader syndical est un coup dur pour l'eurodéputée Catherine Trautmann. L'actuelle chef de délégation socialiste au Parlement européen était initialement pressentie pour diriger la liste.
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