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"Impatient", "honorée", "le sentiment de se jeter dans une forme d'inconnu" : quatre députés racontent leurs premiers pas à l'Assemblée

Annie Chapelier (LREM), José Evrard (FN), Mathilde Panot (La France insoumise) et Robin Reda (LR) ont fait leur rentrée à l'Assemblée nationale, mardi. franceinfo les a suivis toute la journée.

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Franceinfo a suivi quatre nouveaux députés lors de leur rentrée à l'Assemblée nationale, mardi 27 juin : Annie Chapelier (LREM), José Evrard (FN), Mathilde Panot (La France insoumise) et Robin Reda (LR). (SYLVAIN THOMAS / AFP / MAXPPP / MATTHIEU MONDOLONI / FRANCEINFO)

C'était la rentrée des députés, mardi 27 juin. La XVe législature s'est ouverte avec les 577 députés élus ou réélus il y a une semaine. L'une de leurs premières tâches a été d'élire le président de l'Assemblée nationale. franceinfo a suivi les premiers pas dans l'hémicycle des nouveaux députés Annie Chapelier, 49 ans (LREM), José Evrard, 71 ans (FN), Mathilde Panot, 28 ans (La France insoumise) et Robin Reda, 26 ans (LR).

Annie Chapelier (La République en marche) : "On va redéfinir la fiche de poste du député"

Qui est-elle ? À 49 ans, Annie Chapelier était infirmière anesthésiste avant son élection dans la 4e circonscription du Gard. 

Comment passe-t-on des couloirs de l'hôpital de Nîmes aux couloirs de l'Assemblée ? "On y passe de façon assez naturelle surtout après un mois de campagne intensive ! Cette nouvelle fonction, dans laquelle je m'investis complètement, est une continuité dans ce que j'estime être ma citoyenneté. J'espère vraiment que LREM va réveiller la démocratie."

Sa première impression ? "Une impression de beauté, d'enthousiasme. Il y a beaucoup de stress et de pression. Nous découvrons au fur et à mesure le fonctionnement. Mais, je dois dire que le dialogue et la discussion sont vraiment ouverts. Nous débattons beaucoup. Chacun s'exprime. Nous sommes réellement dans un système de démocratie participative, tel que nous voulons le porter avec les valeurs de La République en marche."

À quoi pensera-t-elle au moment d'entrer dans l'hémicycle ? "La symbolique est quand même extrêmement forte. Je pense que j'aurai une pensée pour le sens que l'on donne à tout cet engagement lorsqu'on se lance dans cette aventure." 

Son combat : changer l'image des députés. "On a l'image, c'est un cliché peut-être, de la personne installée depuis toujours qui bénéficie de privilèges, installée dans sa suffisance donc nous ne voulons plus de cela. Nous sommes des personnes au service des autres. On va redéfinir la fiche de poste du député et on va l'appliquer."

Sa réaction après l'élection d'un homme, encore, au perchoir ? "Il y avait une opportunité, nous n'avons peut-être pas su la saisir. Chacun des candidats a vraiment exposé magnifiquement son projet. À titre personnel, effectivement, j'aurais préféré que ce soit une candidate. J'ai voté pour une candidate. Mais, François de Rugy est un homme admirable qui a d’énormes qualités."

A-t-elle eu le temps de déjeuner ? "Je n'ai pas eu le temps de finir de manger. J'ai grignoté un petit bout simplement. On est à flux tendu. On a une charge de travail énorme. On a commencé à 8h et nous allons terminer au mieux vers 23h et, demain soir, la même chose. On prend conscience très rapidement que le travail est de prendre des décisions très vite."

José Evrard (Front national) :  "La moindre des choses est d'être sur le terrain"

Qui est-il ? José Evrard a 71 ans, il vient d'être élu dans la 3e circonscription du Pas-de-Calais sous les couleurs du FN. Ancien employé de La Poste, ce fils de résistant et mineur de fond a longtemps été militant du PCF avant de rejoindre le parti de Marine Le Pen.

Communiste déçu ou frontiste convaincu ? "Je ne suis pas un communiste déçu. Je crois qu'il ne faut pas renier son passé. Lorsque l'on s'est engagé, on croyait à la justice sociale, au bonheur, à cette étoile radieuse qui allait illuminer le monde. Au fil du temps, on s'aperçoit que ce n'est pas tout à fait comme cela que les choses de la vie se sont passées. Le parti communiste considère aujourd'hui que de parler de nation, patrie, souveraineté nationale, indépendance, est un gros mot. Je ne le pense pas."

Osera-t-il porter une voix dissonnante au sein de son groupe, si besoin ? "L'Assemblée nationale est un combat commun qu'on mène avec les huit représentants du Front national. Il y a donc des concertations, des discussions et ensuite des réflexions collectives qui nous permettront d'avoir une position collective optimale pour le combat optimal."

Est-ce qu'il mesure le devoir d'être élu député ? "Bien sûr, c'est un devoir de responsabilité. Être élu est une chose, les circonstances politiques font que vous pouvez gagner ou perdre, mais lorsque vous êtes élu, vous passez d'une chance à un devoir de responsabilité qui oblige à être à la hauteur des gens qui ont apporté soutien, confiance mais être au service de tout le monde. Je suis le témoin vivant d'une situation que connaît la population du bassin minier donc, la moindre des choses, est d'être sur le terrain auprès de la population parce que les souffrances ne sont ni de droite ni de gauche, elles sont humaines."

Comment vit-il sa première journée à l'Assemblée nationale ? "Je suis comme tout le monde, je découvre les arcanes de l'Assemblée nationale. Il me faudra un certain temps pour y parvenir le plus correctement possible mais, bon, on y arrivera." Au programme de sa journée de mardi, "au-delà de l'élection du président de l'Assemblée, c'est sans doute de régler quelques petits tracas administratifs et de visionner les journées de mercredi et de jeudi." 

Et pour dormir ? "J'ai demandé au service de l'Assemblée nationale de me retenir une chambre pour deux nuitées mais, très généreusement, Gilbert Collard m'a proposé sa piaule." 

Mathilde Panot (La France insoumise) : "Enthousiame et combativité"

Qui est-elle ? Originaire de la banlieue d'Orléans, responsable de projet dans un quartier populaire de l'Essonne, à 28 ans, Mathilde Panot a été élue dans la 10e circonscription du Val-de-Marne. Elle fait partie des 16 députés de La France insoumise.

Comment vit-elle cette première journée ? "On l'appréhende avec beaucoup d'enthousiasme et de combativité. On va probablement être le seul groupe qui va voter contre la confiance au gouvernement ces prochains jours. Évidemment, le cadre est impressionnant. L'Assemblée nationale n'est pas un endroit technocratique mais c'est un endroit de débat politique. Donc, on est honoré de porter cette parole-là à l'Assemblée. Je suis assez impatiente et contente d'être là."

Comment s'est passée la première réunion hebdomadaire de groupe ? "On a décidé qu'on allait présenter une candidature pour le perchoir, on a choisi le nom du groupe et on a élu, à bulletin secret, le président du groupe. L'idée, c'est qu'on a une cohérence donc il faut qu'on échange, qu'on prenne des décisions collectives parce qu'on porte la voix des 7 millions de personnes qui ont voté pour le programme "l'avenir en commun". Donc, c'est important d'avoir cette voix groupée."

Juste avant la première séance plénière, le groupe La France insoumise a manifesté contre le Code du travail, près de l'Assemblée nationale. "Cette casse du Code du travail qui va être faite nous semble être un recul social très fort et d'une manière anti démocratique avec les ordonnances. C'est important parce qu'on porte une parole importante mais on veut aussi avoir un lien avec les citoyens, les citoyennes, et particulièrement ceux qui se battent aujourd'hui pour que la vie s'améliore."

Robin Reda (Les Républicains) : "La jeunesse n'est pas un gage d'efficacité"

Qui est-il ? Étoile montante du parti LR, Robin Reda a été élu plus jeune maire de France, il y a trois ans, à Juvisy-sur-Orge. Il sortait des bancs de Sciences-Po. Aujourd'hui, à 26 ans, le député de l'Essonne fait partie des 28 députés de moins de 30 ans. Il est aussi conseiller régional d'Île-de-France. Pour lui, "la jeunesse n'est pas un gage d'efficacité, il faut du travail en plus de ce renouvellement".

Quel député veut-il être ? "Un député simple. C'est un magnifique palais dans lequel nous avons la chance de siéger et je crois qu'il ne faut pas se laisser impressionner par ces ors de la République. Si on a été élu, et si en particulier de nombreux jeunes élus ont reçu la confiance du peuple, c'est aussi pour essayer d'incarner une nouvelle forme de représentation, plus proche des préoccupations quotidiennes des habitants, plus en phase avec la vie réelle. Moi, j'essaierai de rester à la fois un élu local engagé."

Ses thèmes de prédilection ?  "À mon échelle, j'essaierai de participer à la reconstruction de la droite républicaine et puis, en même temps, d'apporter ma pierre à l'édifice pour le renouvellement de notre vie politique. Je voudrais porter la voix des  collectivités locales. Il faut aider les maires et les élus locaux sur les questions de sécurité, de fiscalité, de santé."

Comment vit-il cette première journée ? "C'est à la fois enthousiasmant et un moment, quand même, empreint de beaucoup de gravité, de solennité. Je me sens au début d'une grande aventure avec, quand même, le sentiment de se jeter dans une forme d'inconnu. On va être nombreux à être le nouveau visage de cette Assemblée donc à devoir reconstruire, en quelques sortes, une vie parlementaire."

Comment s'est passée la première réunion de groupe ? "L'ambiance est studieuse. On est en train de définir notre stratégie d'opposition ou plutôt de contradiction parce que, maintenant, je pense qu'on travaille tous dans l'intérêt de la France et pas dans l'opposition stérile. Donc on est plutôt en train de chercher nos lignes de différence, de démarcation. Au-delà de la ligne sur laquelle j'appelle à un vrai débat, on est dans les formalités de désignation des vice-présidents, des membres du bureau de notre groupe et de ceux qui seront appelés demain à faire vivre Les Républicains à l'Assemblée."

Ses premiers pas dans la célèbre salle des pas-perdus ? "Ça devient familier depuis ce matin [mardi27 juin] parce qu'on est interpellé par un certain nombre de journalistes. Je crois que c'est une journée plutôt bienveillante à l'égard des nouveaux députés mais cela va vite devenir aussi un lieu où il faudra savoir répondre efficacement."

Ses premiers pas dans l'hémicyle. Robin Reda fait partie du "Bureau d'âge" constitué des six députés les plus jeunes de l'Assemblée. "On entourera le président de la séance, qui sera le doyen d'âge, pour surveiller le bon déroulement de la séance et des opérations électorales pour l'élection du président." Quant à son siège dans l'hémicycle, il aimerait "avoir une place le long du couloir parce qu'avec mes longues jambes et la place réduite, pour avoir un peu de confort, ce serait bien."

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