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Rama Yade conteste l'élection de Laurent Hénart à la tête du Parti radical

Avec 61% des voix, Laurent Hénart devrait succéder à Jean-Louis Borloo. Mais Rama Yade, qui était aussi candidate à la présidence du parti, dénonce "l'illégitimité" de son adversaire.

 

Article rédigé par franceinfo
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Laurent Hénart, le 23 décembre 2013, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), dont il est maire. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Le Parti radical a un nouveau chef, dimanche 22 juin. Laurent Hénart, le maire de Nancy, succède à Jean-Louis Borloo. Il a été élu par les militants face à l'ancienne secrétaire d'Etat aux Sports, Rama Yade.

Jean-Louis Borloo, qui présidait le parti depuis 2007, et l'Union des démocrates et indépendants (UDI) depuis sa création en 2012, a quitté la vie politique en avril pour raisons de santé, abandonnant tous ses mandats.

Une large victoire, contestée par Rama Yade

Laurent Hénart prend ainsi la succession de Jean-Louis Borloo à la tête d'une des composantes de l'UDI, a annoncé la commission de contrôle de ce scrutin. Selon une journaliste du Figaro, il a obtenu 2 764 voix contre 1 743 pour Rama Yade, soit 61% des suffrages exprimés depuis lundi.

Rama Yade a dénoncé "l'illégitimité" de Laurent Hénart et a demandé que des vérifications "approfondies" soient faites. "Je regrette les conditions dans lesquelles cette élection s'est déroulée", a-t-elle déclaré avant de citer les révélations "de la presse d'investigation", qui a fait état de fichiers d'adhérents gonflés à l'approche de l'élection.

"Dans un contexte de défiance généralisée vis-à-vis des partis politiques, Laurent Hénart a manqué d'exemplarité. Sa campagne est entachée de graves irrégularités qui méritent des vérifications approfondies", a poursuivi l'ancienne membre du gouvernement sous Nicolas Sarkozy.

Un héritier naturel 

Laurent Hénart fait figure d'héritier naturel dans ce parti où il a fait tout son chemin depuis ses 20 ans. C'est aussi un adepte du consensus.

Grandi dans l'ombre d'André Rossinot, ex-maire de Nancy et figure radicale longtemps à la tête du parti, Laurent Hénart lui a succédé à la mairie de la préfecture de Meurthe-et-Moselle. "Il est profondément radical", dit de lui son mentor, en évoquant ses "origines modestes" avec, notamment, "une mère institutrice". André Rossinot le décrit encore comme "habile, intelligent, social".

Avant de devenir maire, "le moment le plus important de sa vie politique", dit-il, Laurent Hénart a connu les arcanes du pouvoir à Paris. Il a fait partie de l'équipe "Cohésion sociale" de Jean-Louis Borloo de 2004 à 2005, comme secrétaire d'Etat à l'intégration professionnelle, benjamin du gouvernement Raffarin sous la présidence de Chirac. En 2007, il est devenu numéro deux du Parti radical lorsque Jean-Louis Borloo en a pris la présidence. Il a aussi été député de Meurthe-et-Moselle de 2002 à 2012.

Une campagne dure

Le résultat de cette élection arrive après une campagne impitoyable. Laurent Hénart a accusé sa rivale, Rama Yade, d'être sous l'"influence" de Nicolas Sarkozy et lui a attribué une "incapacité à jouer collectif" avec un comportement d'"enfant gâtée".

Surtout, le vote a été entaché par des soupçons de fraude. Le nombre d'adhérents a mystérieusement gonflé à l'approche du vote. Le Lab d'Europe 1 a rapporté que deux citoyennes avaient découvert qu'elles étaient adhérentes alors qu'elles n'avaient jamais fait aucune démarche.

Le nombre d'inscrits s'est finalement élevé à 6 596, très en-dessous des quelque 13 000 estimés durant la campagne par Laurent Hénart, et celui des votants à 4 556. On compte 49 bulletins blancs, a indiqué la commission de contrôle.

Une autre élection pour la tête de l'UDI

Après avoir été l'une des composantes de l'UDF, puis associé à l'UMP, le Parti radical est l'une des composantes de l'UDI depuis la création de ce rassemblement en 2012.

La prochaine étape pour la succession de Jean-Louis Borloo à l'UDI sera l'élection du président du rassemblement centriste, à l'automne. Deux députés, Yves Jégo et Jean-Christophe Fromantin, sont déjà candidats, et deux autres, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde, sont intéressés.

Jean-Louis Borloo a été remplacé à la tête du groupe UDI à l'Assemblée par le député Philippe Vigier, et le premier tour pour l'élection de son successeur au siège de député, dans la circonscription de Valenciennes (Nord), avait lieu ce dimanche.

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