Attaquer, se venger, riposter... Les stratégies des candidats à la primaire à droite pour le premier débat
Les septs candidats à la primaire à droite présenteront leurs propositions sur les sujets économiques et régaliens, ce jeudi soir sur TF1.
C'est peut-être le véritable coup d'envoi de la primaire à droite. Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Frédéric Poisson, François Fillon, Bruno Le Maire, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy vont s'affronter, jeudi 13 octobre, lors d'un débat diffusé sur TF1 et RTL. Les échanges, très calibrés, doivent tourner autour des thématiques régaliennes et économiques.
Pour les sept prétendants, les enjeux seront très différents : les favoris des sondages tenteront de se placer au-dessus de la mêlée, tandis que les outsiders chercheront à imposer leurs idées, voire plus modestement à se faire connaître des Français. Franceinfo liste les différentes stratégies qu'ils tenteront sans doute d'appliquer.
Pour Nicolas Sarkozy : attaquer
Ce qu'il va faire. L'ancien chef de l'Etat devrait se positionner comme le tenant d'une ligne très à droite, en insistant notamment sur ses propositions de référendums sur la suspension du regroupement familial pour les étrangers et le placement en rétention administrative des personnes fichées S qui pourraient représenter une menace terroriste.
Une manière de "cliver sur le fond" afin de faire passer son principal rival, Alain Juppé, pour le tenant d'une ligne moins ferme en matière de sécurité et d'immigration, selon son entourage cité par Le Monde (article payant).
Pourquoi il va le faire. Nicolas Sarkozy joue gros avec ce débat. En perte de vitesse dans les sondages, il est désormais distancé de huit points par Alain Juppé au premier tour, et de près de dix au second, d'après une enquête réalisée par Odoxa-Dentsu Consulting pour France 2 publiée dimanche. Une prestation réussie lui permettrait de renverser la vapeur.
Pour Jean-François Copé : se venger
Ce qu'il va faire. Le hasard du tirage au sort a fait que Jean-François Copé sera placé sur le plateau à côté de Nicolas Sarkozy. Cela tombe bien : il y a de grandes chances que le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne), placé sous le statut de témoin assisté dans l'affaire Bygmalion, profite de la tribune offerte par le débat pour tenter de torpiller la candidature de l'ancien président, qui est lui mis en examen dans cette affaire.
Pourquoi il va le faire. L'ancien patron de l'UMP a beau répéter le contraire, il sait qu'avec 1% des intentions de vote au premier tour, selon l'enquête de France 2, il n'a qu'une chance microscopique de remporter la primaire. Il peut en revanche jouer le rôle de poil à gratter de Nicolas Sarkozy, contre qui il garde une dent depuis l'automne 2015.
A l'époque, face aux enquêteurs chargés de l'affaire Bygmalion, l'ancien président avait tenté de faire du maire de Meaux le principal responsable du dépassement des comptes de campagne de la présidentielle de 2012, explique Le Monde (article payant).
Pour Alain Juppé : rester zen
Ce qu'il va faire. Grand favori du scrutin, le maire de Bordeaux va surtout tenter de ne pas commettre d'impair qui écornerait son image. "Sauf accident de parcours, ce débat ne changera rien", a-t-il ainsi glissé au Point, se permettant même de dire qu'il passera son jeudi après-midi à "faire une sieste". Il devrait tout de même riposter aux accusations de laxisme qui devraient venir de son principal concurrent, Nicolas Sarkozy.
Pourquoi il va le faire. Parce qu'en tant que favori, il n'aurait rien à gagner à plonger dans la mêlée. "On va être dans une logique 'soft', s'occuper de nous et de notre ligne. On n'attaque pas par principe, mais si on nous cherche, on va nous trouver", a confirmé sur Europe 1 son porte-parole, Benoist Apparu.
Pour Bruno Le Maire : accélérer
Ce qu'il va faire. "Lundi, mardi, mercredi, c’est free. Je vais courir, lire et me promener avec mes enfants." Interrogé dimanche par le JDD, Bruno Le Maire a joué la carte de la décontraction avant le débat. Rien n'oblige à le croire : avec François Fillon, qui lui dispute le rôle de troisième homme, il est celui pour qui l'émission revêt le plus d'importance. Il a d'ailleurs organisé plusieurs répétitions générales dans son QG de campagne, avec des proches dans le rôle de ses opposants.
Le député de l'Eure va tenter de convaincre qu'il est le mieux placé pour incarner le "renouveau" en insistant sur les idées fortes de son programme, comme le référendum limitant le cumul des mandats et une réforme qui obligerait les fonctionnaires qui s’engagent en politique à démissionner.
Pourquoi il va le faire. Avec 19 points de retard sur Nicolas Sarkozy dans les intentions de vote au premier tour, selon l'enquête Odoxa-Dentsu Consulting pour France 2, Bruno Le Maire sait que ses chances de qualification pour le second tour sont minces. Il pourrait donc chercher à se servir des débats pour se placer en position d'arbitre du scrutin, à la manière d'un Arnaud Montebourg lors de la primaire socialiste en 2011.
Pour Jean-Frédéric Poisson : exister
Ce qu'il va faire. Jean-Frédéric Poisson va profiter de son exposition pour se faire connaître des Français. "Si vous voulez encore m'appeler l'inconnu de la primaire, dépêchez-vous, il ne vous reste que 24 heures !", a-t-il souri mercredi sur Europe 1.
Pendant ces heures cruciales, durant lesquelles il aura droit au même temps de paroles que ses concurrents, le député des Yvelines compte dérouler son programme à droite toute sur les questions de société, avec comme étendard sa volonté d'abrogation de la loi sur le mariage pour tous.
Pourquoi il va le faire. Parce que, candidat qualifié d'office pour la primaire en tant que président du Parti chrétien démocrate (dirigé autrefois par Christine Boutin), il aurait tort de ne pas profiter de cette tribune pour faire connaître ses idées. Avec 1,5% des intentions de vote au premier tour selon l'enquête de France 2, il ne peut, de toute manière, pas espérer beaucoup plus.
Pour Nathalie Kosciusko-Morizet : proposer
Ce qu'elle va faire. Qualifiée in extremis pour la primaire à droite, NKM répète inlassablement que sa candidature est d'abord destinée à installer dans le débat ses propositions pour l'avènement d'une "nouvelle France".
L'ancienne candidate à la mairie de Paris, qui défendra le jour même du débat, à l'Assemblée, sa proposition de loi visant à interdire le salafisme, devrait donc tenter de faire entendre sa voix en matière de promotion du travail indépendant, des questions écologiques et numériques.
Pourquoi elle va le faire. Parce qu'à l'image des autres "petits" candidats, elle sait que ses chances sont minces. Elle est créditée de 4,5% des intentions de votes dans l'enquête réalisée par Odoxa-Dentsu Consulting pour France 2, publiée dimanche.
Pour François Fillon : bousculer
Ce qu'il va faire. François Fillon va devoir prendre des risques dans ce débat. "C'est pour nous le coup d'envoi de l'intérêt des Français pour la primaire. On joue les Français contre les sondages. Le débat peut faire évoluer la vision qu'on a d'un candidat", a expliqué à Europe 1 son bras droit, Jérôme Chartier.
L'ancien Premier ministre tâchera de mettre en avant son programme, "le plus puissant et le plus précis" parmi ceux des candidats en lice, selon ses proches. Il devra bousculer ses concurrents pour donner un coup de fouet à sa campagne, tout en prenant garde à ne pas paraître trop agressif. Dans les colonnes du Monde (article payant), un de ses proches se réjouit ainsi que Jean-François Copé s'apprête à "faire le sale boulot en pilonnant Sarko (...), cela évitera à Fillon d'avoir la tentation de le faire".
Pourquoi il va le faire. Parce qu'avec 11% des intentions de voix selon l'enquête réalisée Odoxa-Dentsu Consulting pour France 2, François Fillon sait que sa campagne a du mal à décoller. Une bonne prestation lui permettrait de se relancer, et de ravir la place de numéro 3 de la primaire à Bruno Le Maire.
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