Primaire à droite : quatre enseignements à retenir du premier tour
La forte participation, la surprise Fillon, la désillusion Juppé, la mort politique de Sarkozy... Franceinfo vous résume ce qu'il faut retenir de ce premier tour de scrutin.
Après des mois de campagne, le verdict des électeurs est tombé. Au terme d'une journée de forte mobilisation, François Fillon et Alain Juppé se sont qualifiés pour le second tour de la primaire à droite, dimanche 20 novembre.
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Un duel surprise, puisque l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, est évincé, contre toute attente. Franceinfo vous résume les quatre enseignements à retenir de ce premier tour de scrutin.
1La forte participation
La mobilisation des électeurs a été importante pour ce scrutin : près de 3,9 millions d'électeurs se sont déplacés, d'après les résultats partiels portant sur 91,3% des bureaux de vote. A la mi-journée, quelque 1,13 million de personnes avaient voté dans un peu plus de deux tiers des bureaux, hors Français de l'étranger, selon Thierry Solère, président du comité d'organisation de la primaire.
A titre de comparaison, en 2011, 2,66 millions de personnes s'étaient déplacés à l'occasion de la primaire socialiste.
2La surprise Fillon
Il est devenu le centre de gravité de l'élection : François Fillon s'est largement imposé lors du premier tour, en récoltant plus de 44% des suffrages exprimés. L'ancien Premier ministre devance nettement son rival Alain Juppé (28,4%), lui aussi finaliste pour le second tour, et domine complètement Nicolas Sarkozy (20,7%), relégué au rang de troisième homme.
"Nous avions mesuré la dynamique Fillon, assure à franceinfo le directeur général délégué d'Ipsos Brice Teinturier, auteur, vendredi 18 novembre, d'un ultime sondage montrant François Fillon en première position. Ce qui est surprenant, en revanche, c'est l'ampleur de cette dynamique."
Fort de cette dynamique, le député de Paris a bénéficié du ralliement de l'ancien chef de l'Etat. "Quels que soient mes désaccords passés avec lui, François Fillon me paraît avoir le mieux compris les défis qui se présentent à la France, a réagi, dimanche soir, Nicolas Sarkozy depuis son QG. Je voterai donc pour lui au second tour de la primaire." Ce dernier a toutefois laissé ses électeurs "libres de leur décision". Bruno Le Maire, relégué à la cinquième place avec 2,4% des suffrages, lui a aussi apporté son soutien.
3La désillusion Juppé
Il a longtemps été le grand favori des sondages, mais s'est fait complètement distancer par François Fillon dans la dernière ligne droite. Dans le camp d'Alain Juppé, la désillusion est forte, même si ses plus fidèles lieutenants, à l'image de Benoist Apparu, appellent les électeurs du maire de Bordeaux à ne rien lâcher. Face au raz-de-marée Fillon, la perspective du second tour s'annonce compliquée pour Alain Juppé : le rapport de force est, pour l'instant, plus que favorable à son rival.
Sur le plan des ralliements, ce dernier ne peut, pour le moment, compter que sur le maigre soutien de Nathalie Kosciusko-Morizet, arrivée en quatrième position avec 2,6% des suffrages exprimés. Jean-François Copé (0,3% des voix) a remis sa décision à lundi 21 novembre. "Demain, je réunirai mes amis et, à l'issue de cette réunion, je prendrai la décision pour le second tour", a-t-il indiqué, dimanche soir, depuis son QG de campagne. Pas sûr que ça suffise à faire pencher la balance en faveur d'Alain Juppé.
4La mort politique de Sarkozy ?
La défaite est cinglante pour l'ex-président de la République. Nicolas Sarkozy a reconnu sa défaite, qui sonne comme la fin de quarante ans de carrière politique. Son ampleur n'en est que plus vertigineuse : l'ancien chef de l'Etat n'a rassemblé qu'environ un cinquième des voix au premier tour de cette primaire, dont il ne voulait pas au départ. Suprême humiliation, il recueille deux fois moins de voix que François Fillon (44%), son ancien Premier ministre, qu'il traitait naguère de simple "collaborateur", et est largement distancé par Alain Juppé, dont il ne pensait faire qu'une bouchée au second tour. Dans son propre fief des Hauts-de-Seine, il recueille moins de 15% des suffrages.
"Si je perds, c'est que je n'ai vraiment plus de pif", confiait-il pourtant il y a quinze jours. Plutôt beau joueur dans son discours d'après-défaite, Nicolas Sarkozy a fait ce qui ressemble à des adieux à la politique, allant beaucoup plus loin que lors de sa déclaration de La Mutualité de 2012 : "Il est temps pour moi d'aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique", a-t-il lancé, sans "aucune amertume" ni "tristesse".
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