Cet article date de plus de dix ans.

"Madame le président" : la mise au point de l'Académie française

Un député UMP avait été sanctionné, le 6 octobre, pour avoir qualifié de "Madame le président" la femme qui dirigeait les débats à l'Assemblée. L'Académie estime, pour sa part, qu'il faut rejetter la féminisation systématique.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'Académie française, à Paris, le 5 février 2014. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les Immortels s'immiscent dans la polémique. Après les débats provoqués par le "Madame le président", lancé par le député UMP Julien Aubert le 6 octobre à la femme qui dirigeait les débats à l'Assemblée, l'Académie française fait une mise au point, lundi 13 octobre.

L'institution, qui se targue d'être "fidèle à la mission que lui assignent ses statuts depuis 1635", développe cinq points. Dans un premier temps, l'Académie n'approuve pas la féminisation des titres avec un "e" à la fin, comme "professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure". Elle rappelle ensuite la valeur générique du masculin et rappelle qu'"en français, la marque du féminin ne sert qu'accessoirement à rendre la distinction entre mâle et femelle".

La "féminisation systématique", un "contresens"

L'Académie, qui compte actuellement six femmes et quarante hommes, condamne également "le contresens linguistique sur lequel repose l'entreprise de féminisation systématique". Elle rappelle également qu'il est nécessaire de "distinguer des noms de métiers les termes désignant des fonctions officielles et les titres correspondants". Ainsi, les Immortels écrivent que "les particularités de la personne ne doivent pas empiéter sur le caractère abstrait de la fonction dont elle est investie, mais au contraire s'effacer derrière lui".

Toutefois, l'Académie laisse une certaine marge de liberté à chacun dans la vie de tous les jours. Elle cite la Commission générale de terminologie et de néologie, qui estime que "s'agissant des appellations utilisées dans la vie courante (entretiens, correspondances, relations personnelles) concernant les fonctions et les grades, rien ne s'oppose, à la demande expresse des individus, à ce qu'elles soient mises en accord avec le sexe de ceux qui les portent et soient féminisées ou maintenues au masculin générique selon le cas".

Mais finalement, l'institution botte en touche et indique que c'est l'usage le plus populaire qui aura raison. L'Académie écrit ainsi qu'elle laisse "rivaliser des formes différentes sans chercher à en proscrire autoritairement aucune, jusqu'à ce que la meilleure l'emporte".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.